Savez-vous ce que sont les bocards et les patouillets ? Cela nous renvoie à l’histoire des mines.
C’est l’occasion d’expliquer ces deux termes amusants puisqu’en ce moment je rédige un nouveau type d’instrument de recherche : j’indexe toutes les tables des matières des registres du Conseil général des Mines en F/14/17945 et suivants (années 1831 et suivants) pour reconstituer virtuellement le contenu du registre en utilisant des mots-clés appropriés genre type d’établissement, action, rapporteur, date de la séance, etc. Pour se faire une idée de cet instrument de recherche, voyez celui élaboré par Lionel Latty, IDHE-Nanterre en 2005 pour le Conseil général des Mines du 9 janvier 1811 au 6 septembre 1830 en F/14/17920 à 17944 sur le site des Archives nationales, rubrique Instruments de recherche puis F/14.
Rappelons qu’il existe deux espèces de minerais : celles en masses compactes et celles en grains pour l'autre. Il est donc essentiel de trouver une machine qui puisse s'appliquer à leur différent caractère.
Le bocard est une machine composée d'un patouillet, d'un lavoir et d'un égrappoir, à travers lesquels passe le minerai, je reprends la description extraite d'un mémoire d’un maître de forge à Bayard-sur-Marne et glanée sur internet (je n’ai plus la référence mais il est facile de la retrouver), c’est fort agréable à lire et ne ratez surtout pas la séquence de la naissance «du tumulte intestin»…c’est un peu plus loin dans la description…
«le bocard est composé de deux jumelles perpendiculaires, assemblées et arc-boutées sur une semelle; elles sont distantes l'une de l'autre de 26 pouces pour recevoir cinq pilons 1, 2, 3, 4, 5, de cinq pouces quarrés chacun, auxquels sont assemblés à angles droits des mantonnets de fonte ou de bois, qui répondent à trois rangs de cames de fer, espacées à tiers - point sur la circonférence de l'arbre horizon - en sorte qu'il y ait toujours un pilon levé entre un qui s'élève et un qui retombe; ces pilons sont garnis à la partie inférieure d'une fret et d'une plaque de fer percée de cinq trous, pour recevoir cinq fiches forgées sur l'étampure des trous; au lieu de cette plaque, souvent on met un pilon de fonte, du calibre de la pièce de bois, sur quatre pouces de hauteur : ce pilon de fonte est pénétré d'une queue de fer forgé qui en occupe le centre; cette queue s'enfonce perpendiculairement dans la pièce de bois.
(…)
Lorsque l'arbre hérissé de douze cueilleres et de quatre barreaux est mis en mouvement, il naît un tumulte intestin dans la huche qui agite tout le minerai à fur et à mesure qu'il y est précipité, les cueilleres soulèvent la masse de minerai toujours prêt à se précipiter, les barreaux en passant exactement dans tout le contour de la huche, empêchent par leur mouvement que le minerai ne se cantonne dans les angles; le frottement qui naît de ce mouvement général détache les corps étrangers, délaye les terres glaiseuses ou argileuses qui sont chassées, unies à l'eau par la goulette de décharge 6 ou 7, qui évacue autant d'eau qu'il en entre; les sables fins sont aussi soulevés et entraînés avec l'eau bourbeuse.
Le patouillet à cueilleres sans barreaux ne suffit pas, parce que les cueilleres ne peuvent aller dans les angles de la huche, et qu'elles ne forment qu'une tranchée dans la masse de minéral qui se précipite; les barreaux ne présentent pas assez de surface, mais ils passent dans toute l'étendue de la huche; l'utilité distincte des barreaux et des cueilleres a déterminé l'auteur à les joindre.
Lorsque l'on s'aperçoit que l'eau de la huche s'éclaircit, on débouche l'ouverture du fond de la huche, en tirant une espèce de bonde ou de pelle faite d'un bout de bois carré, échancré circulairement pour affleurer la surface intérieure de la huche, et emmanché d'un bâton 8 ou 9, qui sert à la replacer ou la retirer».
Et si avec ça, vous ne savez toujours pas ce que sont les bocards et patouillets, je ne sais pas ce qu’il vous faut…
Allez, plus sérieusement, un bocard (composé d’une roue à aube), sert à briser le minerai en gros grains, celui-ci est ensuite lavé par les ouvriers dans les lavoirs à bras (le minerai est agité dans l’eau courante à l’aide d’une pelle). Et si ce lavoir est mécanisé, on parle alors de patouillet (c'est un mécanisme d’arbre auquel sont fixées des barreaux de fer qui agitent le minerai), ceci pour obtenir un meilleur rendement. Voilà pour les explications.
On en trouvera davantage dans le n° 52 de "Images du patrimoine" sur les métallurgies du département des Vosges ainsi que sur l’Encyclopédie de Diderot et d'Alembert à la rubrique «Forges ou l'Age du fer»…
Maintenant, pour une recherche plus avancée sur les sources de l’histoire des mines en France au XIXe siècle, l’École des Mines de Paris est une source d’information non négligeable, puisque cette école a formé non seulement les ingénieurs du corps des Mines mais aussi un grand nombre des ingénieurs qui ont travaillé directement dans la mine.
Mais bien qu’hétérogène, l’ensemble des fonds manuscrits ou archivistiques (on y trouvera des archives privées comme ceux de Gillet de Laumont (d. 1834) ou d’Héricart de Thury, des archives de publication et aussi des archives publiques) conservé à la bibliothèque de cette l’École n’est pas dénué d’intérêt pour l’histoire des mines et celle du Corps des mines, indissociables l’une de l’autre dans cette France industrielle du XIXe siècle.
C’est l’occasion d’expliquer ces deux termes amusants puisqu’en ce moment je rédige un nouveau type d’instrument de recherche : j’indexe toutes les tables des matières des registres du Conseil général des Mines en F/14/17945 et suivants (années 1831 et suivants) pour reconstituer virtuellement le contenu du registre en utilisant des mots-clés appropriés genre type d’établissement, action, rapporteur, date de la séance, etc. Pour se faire une idée de cet instrument de recherche, voyez celui élaboré par Lionel Latty, IDHE-Nanterre en 2005 pour le Conseil général des Mines du 9 janvier 1811 au 6 septembre 1830 en F/14/17920 à 17944 sur le site des Archives nationales, rubrique Instruments de recherche puis F/14.
Rappelons qu’il existe deux espèces de minerais : celles en masses compactes et celles en grains pour l'autre. Il est donc essentiel de trouver une machine qui puisse s'appliquer à leur différent caractère.
Le bocard est une machine composée d'un patouillet, d'un lavoir et d'un égrappoir, à travers lesquels passe le minerai, je reprends la description extraite d'un mémoire d’un maître de forge à Bayard-sur-Marne et glanée sur internet (je n’ai plus la référence mais il est facile de la retrouver), c’est fort agréable à lire et ne ratez surtout pas la séquence de la naissance «du tumulte intestin»…c’est un peu plus loin dans la description…
«le bocard est composé de deux jumelles perpendiculaires, assemblées et arc-boutées sur une semelle; elles sont distantes l'une de l'autre de 26 pouces pour recevoir cinq pilons 1, 2, 3, 4, 5, de cinq pouces quarrés chacun, auxquels sont assemblés à angles droits des mantonnets de fonte ou de bois, qui répondent à trois rangs de cames de fer, espacées à tiers - point sur la circonférence de l'arbre horizon - en sorte qu'il y ait toujours un pilon levé entre un qui s'élève et un qui retombe; ces pilons sont garnis à la partie inférieure d'une fret et d'une plaque de fer percée de cinq trous, pour recevoir cinq fiches forgées sur l'étampure des trous; au lieu de cette plaque, souvent on met un pilon de fonte, du calibre de la pièce de bois, sur quatre pouces de hauteur : ce pilon de fonte est pénétré d'une queue de fer forgé qui en occupe le centre; cette queue s'enfonce perpendiculairement dans la pièce de bois.
(…)
Lorsque l'arbre hérissé de douze cueilleres et de quatre barreaux est mis en mouvement, il naît un tumulte intestin dans la huche qui agite tout le minerai à fur et à mesure qu'il y est précipité, les cueilleres soulèvent la masse de minerai toujours prêt à se précipiter, les barreaux en passant exactement dans tout le contour de la huche, empêchent par leur mouvement que le minerai ne se cantonne dans les angles; le frottement qui naît de ce mouvement général détache les corps étrangers, délaye les terres glaiseuses ou argileuses qui sont chassées, unies à l'eau par la goulette de décharge 6 ou 7, qui évacue autant d'eau qu'il en entre; les sables fins sont aussi soulevés et entraînés avec l'eau bourbeuse.
Le patouillet à cueilleres sans barreaux ne suffit pas, parce que les cueilleres ne peuvent aller dans les angles de la huche, et qu'elles ne forment qu'une tranchée dans la masse de minéral qui se précipite; les barreaux ne présentent pas assez de surface, mais ils passent dans toute l'étendue de la huche; l'utilité distincte des barreaux et des cueilleres a déterminé l'auteur à les joindre.
Lorsque l'on s'aperçoit que l'eau de la huche s'éclaircit, on débouche l'ouverture du fond de la huche, en tirant une espèce de bonde ou de pelle faite d'un bout de bois carré, échancré circulairement pour affleurer la surface intérieure de la huche, et emmanché d'un bâton 8 ou 9, qui sert à la replacer ou la retirer».
Et si avec ça, vous ne savez toujours pas ce que sont les bocards et patouillets, je ne sais pas ce qu’il vous faut…
Allez, plus sérieusement, un bocard (composé d’une roue à aube), sert à briser le minerai en gros grains, celui-ci est ensuite lavé par les ouvriers dans les lavoirs à bras (le minerai est agité dans l’eau courante à l’aide d’une pelle). Et si ce lavoir est mécanisé, on parle alors de patouillet (c'est un mécanisme d’arbre auquel sont fixées des barreaux de fer qui agitent le minerai), ceci pour obtenir un meilleur rendement. Voilà pour les explications.
On en trouvera davantage dans le n° 52 de "Images du patrimoine" sur les métallurgies du département des Vosges ainsi que sur l’Encyclopédie de Diderot et d'Alembert à la rubrique «Forges ou l'Age du fer»…
Maintenant, pour une recherche plus avancée sur les sources de l’histoire des mines en France au XIXe siècle, l’École des Mines de Paris est une source d’information non négligeable, puisque cette école a formé non seulement les ingénieurs du corps des Mines mais aussi un grand nombre des ingénieurs qui ont travaillé directement dans la mine.
Mais bien qu’hétérogène, l’ensemble des fonds manuscrits ou archivistiques (on y trouvera des archives privées comme ceux de Gillet de Laumont (d. 1834) ou d’Héricart de Thury, des archives de publication et aussi des archives publiques) conservé à la bibliothèque de cette l’École n’est pas dénué d’intérêt pour l’histoire des mines et celle du Corps des mines, indissociables l’une de l’autre dans cette France industrielle du XIXe siècle.
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