mardi 24 septembre 2013

L’intérêt historique des dossiers de clients du Minutier central.

Faire-part de décès, 10 mai 1888, XXXI, DC2

Dans le billet précédent , nous avons défini les dossiers de clients au Minutier central ainsi que leur contenu, voyons à présent leur intérêt pour l’histoire.

Contrairement à la sélection «bibliothéconomique» de Coyecque (qui, rappelons-le, avait commencé sa carrière à la Bibliothèque nationale avant un bref passage aux Archives de la Seine, voir sa notice sur Wikipédia), les dossiers de clients répertoriés dans les carnets laissées par son successeur, Marie-Antoinette Fleury, sont le résultat d'une sélection archivistique. D’après une note du 18 novembre 2004 laissée par mon collègue Joël Poivre, les critères retenus à l'époque étaient les suivants : élimination des «petits dossiers» (informations peu intelligibles et peu instructifs) conservation des dossiers de personnalités connues ou de personnes ayant exercé des fonctions relativement élevées (exemple : ambassadeur, officier, parlementaire, membre des juridictions, ministres du culte, chef d'entreprise, archiviste et bien sûr aussi notaire), conservation des dossiers d'entreprises, conservation des dossiers contenant des pièces d'origine étrangère (en particulier les actes d'état civil).

Que trouve-t-on aujourd’hui dans ces dossiers ? Sont-ils utiles à l’histoire ? 
La très grande majorité sont des dossiers de succession avec correspondance active et passive de l'étude avec les héritiers, les créanciers, les débiteurs, les administrations fiscales, etc, des titres de propriété, des testaments, des contrats de mariage, des actes liquidatifs de succession, inventaires après décès et papiers trouvés au domicile du défunt (lettres privées mais aussi tickets de théâtre, de métro, carnets de blanchisserie, carnets de chèques ? etc.

Contrat de mariage, 6 juin 1862, XXXVI, DC3
" (...) la future épouse aura pour son entretien et sa dépense personnelle une pension annuelle de 4000 F, etc."

On y trouve donc, surtout pour les familles propriétaires de biens et de domaines immobiliers depuis très longtemps (ou même plusieurs siècles pour les «grandes familles»), des titres de propriété et d'autres documents privés remontant jusqu’au Moyen Âge…une manne pour le généalogiste.

Pour les dossiers de clients créés à l'occasion de la préparation d'un seul acte (vente, contrat de mariage, etc.), ce sont des ensembles généralement peu volumineux, parfois même réduits à deux ou trois pièces. La valeur informative, et, partant, l'intérêt historique, de ce genre de dossier est quasi nulle d’après Joël Poivre. Pour autant leur intérêt ne sera pas négligeable parce que dans les actes de vente on trouvera des correspondances avec d’autres acteurs (banques ayant prêté ou non à l'acquéreur, administrations, etc.), on y trouver des plans, ses anciens titres de propriété qui ont été utilisés pour la rédaction de l'acte et qui contiennent souvent des renseignements qui n'ont pas été repris dans celui-ci, des conventions de mitoyenneté, de cour commune, de passage, etc. auxquels l'acte d'acquisition se borne parfois à faire seulement référence, etc.

Les dossiers de faillite, quant à eux, constituent une catégorie à part mais qui ressemble beaucoup à la précédente quant à la pauvreté de leur contenu. Ils ne contiennent en effet guère plus que l'avis d'adjudication et les journaux dans lesquels il a été publié, et de plus il faudrait vérifier ce qu'apportent ces dossiers par rapport à ceux conservés aux Archives de Paris beaucoup plus riches.

En règle générale donc, chacune des affaires confiées au notaire comporte une volumineuse correspondance et les pièces utilisées pour la rédaction des actes, qu'il n'a pas toujours été intelligent d'annexer à ceux-ci pour des raisons pratiques de volumétrie. On citera comme exemple plus particulier d'utilité des dossiers pour le généalogiste le cas des délibérations de conseils de familles lorsque l'une des parties ou l'un des héritiers est mineur, ces documents contiennent de nombreuses précisions sur les familles paternelle et maternelle, très précieuses pour le généalogiste. De plus, les dossiers de correspondance et d'enquête fourmillent de renseignements utiles.

Quel type de tri appliquer aux dossiers de succession (la typologie la plus représentée des dossiers de clients) et qui présentent une valeur informative réelle ? Si je me réfère à la synthèse du groupe de travail des archivistes et des statisticiens réunis de septembre 2011 à octobre 2012 pour la dernière touche de leur «Circulaire définissant les règles et la méthodologie pour l'évaluation, la sélection et l'échantillonnage des archives publiques», il faudrait abandonner les anciennes méthodes (jugées «peu scientifiques») et privilégier l'échantillonnage systématique pour réaliser des échantillons plus exploitables par les chercheurs. Mon collègue Poivre avait, dans son temps, proposé la constitution d'un échantillon «selon des critères objectifs et d'application aisée» et suggéré les critères suivants. Seraient conservés : les dossiers de personnalités (ou de familles) ayant une notoriété reconnue (vérifiable, par exemple, par le recours à des dictionnaires biographiques ou selon les fonctions exercées) ; les dossiers des personnes dont le nom commence par les lettres A,B, E, R, T, N (autrement dit, un critère aléatoire, d'application «automatique», permettant d'obtenir une certaine représentativité de l'échantillon). Quant aux dossiers d'entreprises, autres que les dossiers de faillite, un examen plus poussé devrait être entrepris.

Comment les communiquer ?

Le statut «archives privées» des notaires soulève au moins deux questions : qui en est le propriétaire et quelles règles de communicabilité leur appliquer ? Toujours d’après cette note de 2004 laissée par mon collègue Joël Poivre, la question de la propriété n'est pas aussi simple qu'on pourrait le penser par ce que, si les brouillons d'actes, la correspondance active et passive, les comptes de l'étude appartiennent, à l'évidence, à l’étude, on ne saurait en dire autant des papiers divers confiés par les familles au notaire, ou pris par celui-ci au domicile d'un défunt et qui deviennent, après un laps de temps plus ou moins long propriété de l'étude (en théorie)...Donc, s'agissant d'archives privées, les règles de communicabilité doivent être fixées contractuellement avec le propriétaire (mais quel «propriétaire» ?).

Bref, une méthode de sélection et d'échantillonnage doit être mise au point alors que le Minutier s’apprêtera à recevoir de nombreux mètres linéaires de dossiers de clients en provenance de Fontainebleau, de Roubaix et bientôt des études elles-mêmes qui ont commencé, rappelons-le, leurs premiers versements aux Archives nationales. En effet, depuis le début de cette année 2013, près de 2 km.l. ont été versés par une trentaine d’études…2 km.l. de minutes exclusivement, il n’y a pour le moment, aucun répertoire ni aucun dossier de client, mais ça viendra…

mercredi 11 septembre 2013

Que sont les "dossiers de clients" du Minutier central des notaires de Paris?

"Prière de ranger ce répertoire", étude de Me Dufour
un répertoire sur les "dossiers clients" (assez rare!)

Des documents produits par les notaires, on connaît les minutes (qui ne sont plus à présenter) ainsi que les répertoires (registres établis par eux et où ont été relevés, dans l’ordre chronologique, tous les actes passés dans leur étude et qui indiquent date, nature de l’acte et noms des principales parties concernées...en somme, c’était dans le temps, des instruments de travail qui nous servent aujourd’hui d’instruments de recherche).

Minutes et répertoires donc. Mais que sont les dossiers de clients au Minutier central ?

Ces documents sont en fait constitués par les notaires pour préparer leurs actes. Ils contiennent donc des pièces relatives aux affaires traitées et, parfois, des documents annexes tels des arbres généalogiques, des titres, etc., confiés par les clients et restés, de fait, à l'étude car jamais réclamés par leurs déposants (en toute rigueur, ces papiers auraient dû être restitués aux familles, mais celles-ci ne les ayant pas réclamés, parce qu'elles estimaient que l'étude du notaire était encore le lieu le plus approprié à la conservation de leurs archives familiales, les ont laissé au notaire…pourrait-on, en conséquence, des années plus tard, considérer que «possession vaut titre», que ces papiers deviennent, après un laps de temps plus ou moins long propriété de l'étude !).

Les déposants en question sont des personnes physiques, des familles ou des entreprises.
Et contrairement aux minutes et répertoires (archives publiques), on a affaire ici à des archives privées (pas de versements systématiques ou réglementaires donc).
Ces dossiers ont reçu une cote MC/DC [pour Minutier Central/Dossier Client] (les répertoires sont cotés MC/RE et les minutes et MC/ET).

Ainsi, eu égard leur intérêt historique (on le verra par la suite), les responsables du Minutier central, à commencer par Ernest Coyecque, depuis la création du Minutier central, puis par Marie-Antoinette Fleury (tous deux étaient des «archivistes-conseils» de la Chambre des notaires, le premier jusqu’en 1954 et Marie-Antoinette Fleury de 1954 à 1976), se sont efforcés d'obtenir la remise aux Archives nationales de ces nombreux dossiers de clients, que les notaires, en principe, détruisaient au bout de 30 ans…

Exemple d'une cote d'une pièce d'un dossier de client
ici DC 1 de l'étude XLVIII


Or, comme on l’a dit, ces dossiers contiennent des pièces relatives à des affaires précises, mais aussi des documents qu'on pourrait qualifier d'archives privées des notaires (comptabilité, dossiers du personnel, etc.). À côté de ces archives «administratives» de l'étude, on trouve des documents sur les dossiers de succession (de loin les plus nombreux aujourd’hui), des dossiers de préparation d'un acte isolé (contrat de mariage le plus souvent), des dossiers de faillite de sociétés, etc.

Des documents de ce type sont donc parvenus au Minutier central en même temps que les premiers dépôts de minutes. Ils forment aujourd’hui une série intitulée «Mélanges» (près d’un millier d'articles provenant de 82 études mais avec des groupes documentaires d'inégale importance) dont certains documents remontent au Moyen Âge : documents de 1100 pour l’étude XLIX, de 1171 pour les études CXXII et LXXXII, de 1209 à 1317 pour les études C et XCI, documents de 1423 pour l’étude XCIV, etc., mais la majorité date surtout des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. Ce groupe documentaire intitulé «Mélanges» est doté d'un inventaire dactylographié dit «Inventaire des mélanges» suivi d'un index consultable dans sa forme matérielle dans la salle des inventaires et se présente de la manière suivante:

ET/II/960. Dossier Berbier (1477-1699).
(…)
Seigneurie de Brunetel, le Mesnil près Brunetel ; Courcelles près Bar-sur-Aube, Rouvay : ventes, contrats de mariage, reconnaissance de censives, échanges, accord, élection de tuteur et curateur, quittance.
Déclaration d’une rente de 6 livres 5 sols grevant un jardin sis à Mantes, rue Gateville, en raison d’un legs de Jacques Havard, curé de Guernes, aux églises de Saint-Martin de la Garenne et de Guernes (1726).
Bail d’une maison à Limay, rue du Bout-du-Pont (1773).
Contre-lettre d’un pseudo prêt de 10.000 livres (1725).
Pièces concernant Gabriel-Joseph Dubois, maître tailleur d’habits (1773).

etc.

Mais revenons aux dossiers de clients. Comment avaient-ils été constitués ? Comment sont-ils traités aujourd’hui ? Que trouve-t-on aujourd’hui dans ces dossiers ? Comment les communiquer ?

Pour les premiers dossiers de clients, Ernest Coyecque eu une démarche de «bibliothécaire» (il avait en effet commencé sa carrière à la Bibliothèque nationale avant un bref passage aux Archives de la Seine, voir sa notice sur Wikipédia http://fr.wikipedia.org/wiki/Ernest_Coyecque ).
Cette approche volontairement documentaire est à l’origine de cet «Inventaire des mélanges» car tout en travaillant au versement des minutes et répertoires, il a extrait de ces dossiers des documents isolés qu'il considérait comme présentant un intérêt particulier. D'où le nom de «mélanges» donné à l'ensemble ainsi constitué de dossiers anciens (antérieurs aujourd'hui à 1920) et qui renferment des pièces dont l'intérêt documentaire (et non historique, comme on l’entendrait aujourd’hui) a exigé leur conservation au Minutier central des Archives nationales.

Ça c’était le passé. Les dossiers de clients entrés par la suite ont, quant à eux, été partiellement traités (tri sommaire, répertoire et fichier, mise en cartons) de 1976 à 1989 par Hélène Legrand. Et au départ de cet agent, l'opération ayant été arrêtée, les cartons ont été montés dans un grenier puis déposés à Fontainebleau parce qu’au début des années 2000, le grenier du Minutier était dans une situation désastreuse : à l’exception de ceux rangés dans des boîtes Cauchard ou des Dimab, les dossiers de clients étaient entassés dans des cartons de déménagement, souvent éventrés ou dans de grandes caisses en bois à claire voie, il y avait des papiers en vrac partout, des documents dispersés avec de la poussière grasse accumulée sur tout sans compter les indéniables actions de vandalisme (il semblerait, mais aucun des agents actuels du Minutier n'en garde de souvenir, des personnes non identifiées se seraient introduites dans le grenier et avaient coupé les sangles ou les ficelles entourant les liasses, mélangé les dossiers, dispersé les documents pour rechercher…autographes de personnalités, plans et dessins originaux, manuscrits ou timbres !). Dommage que personne n’a songé à prendre des photographies de ce grenier...

La question qu’on est en droit de poser aujourd’hui est quel genre de tri appliquer dorénavant ? et d’abord ces dossiers ont-ils réellement un intérêt historique ?
On le verra dans un prochain billet…

mardi 16 juillet 2013

Le château de Berny est-il à Antony ou à Fresnes ?

Le château de Berny vers 1640, vue d’un artiste contemporain (aquarelle de Christian Bénilan)
http://christianbenilan.wifeo.com/hauts-de-seine-sud.php
C’est par hasard que je trouve sur le site de Christian Bénilan ainsi que sur celui des Hauts-de-Seine, à la rubrique châteaux disparus des Hauts-de-Seine, qu’il existerait à Antony…un «château d’Antony».

Bigre ! cela demande explication…en fait, renseignement pris, il ne s’agit que du château de Berny (de ce qui reste du château pour être précis) et situé à Fresnes, limitrophe d’Antony.

Sur le site de Fresnes on nous informe que ce château «[a été] très largement démoli à la Révolution [et] il ne resterait aujourd’hui que le mur pignon de l’aile nord»...mais à quel endroit ? le site ne l’indique pas, et c’est finalement sur le site du Petit Patrimoine (http://www.petit-patrimoine.com/) qu’une «façade intégrée dans une résidence» est localisée au 6 promenade du Barrage (coordonnées GPS : N 48.75925° E 002.31320°) comme seul vestige de l’ancien château, avec, soit dit en passant, d’excellentes photographies de la dite façade.


Façade du reste du château de Berny
intégrée dans une résidence

Source : Structurae
http://fr.structurae.de/photos/index.cfm?id=18994

D’autres photographies sont également disponibles sur Structurae, la base de données internationale du patrimoine du génie civil http://fr.structurae.de/, lequel site donne aussi une chronologie succincte de l’édifice ainsi qu’une bibliographie sommaire.

Sur l’histoire du château de Berny, voyez en long et à travers les nombreux copier-coller qu’on trouve sur tous les sites et qui reprennent la même litanie : c’est à François Mansart, alors âgé de 26 ans, que les Brûlart de Sillery, seigneurs de Berny, confient la construction du nouveau château vers 1630-1635. Puis, Pomponne de Bellièvre, président du parlement de Paris, son nouveau propriétaire en 1646, poursuit son embellissement…. C’est le marquis de Fresnes, Hugues de Lionne, qui l’achètera en 1653 pour être ensuite revendu à l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés en 1682, puis à Louis de Bourbon-Condé en 1718 jusqu’à ce qu’il soit vendu comme bien national à la Révolution et démoli à partir de 1808...

Ne subside alors que le parc (entièrement sur Antony) et une façade (à Fresnes)…en définitif, personne n’a donc tort, le château de Berny et son parc se trouvaient à la fois à Antony et à Fresnes.

Sur Antony, le parc devient un champ de courses de chevaux puis est vendu en parcelle comme l’atteste les très nombreuses affiches de vente du premier XXe siècle qu’on peut encore voir à l’Atelier-Musée du pays d'Antony (AMPA) au sous-sol de la Maison des Arts, parc Bourdeau, rue Velpeau (face à la gare), voir aussi leur site http://appa.antony.free.fr/index.html.






Tout le long du XXe siècle, ce champ de course sera ainsi progressivement loti au gré des ventes des terrains de l’ancien domaine de Berny, à une période où la demande de terrains à bâtir dans cet endroit bien desservi par des lignes de chemin de fer (argument mis en avant par cette affiche) et qui entraîna comme aujourd’hui, une spéculation immobilière sur toute la commune d’Antony. On donnera ensuite les dénominations qu’on connaît (avenue Victor-Hugo, rue de l’Ancien-Château, etc.).

L'avenue Victor-Hugo, ancien parc du château de Berny
et ancien champ de course loti au début du XXe siècle.

 Le château quant à lui, sera démoli donc à la Révolution et il ne resterait aujourd’hui que la seule façade d’une aile coincée entre la rue de l'Ancien Château (à Antony), la rue Jules Guesde (à Fresnes) et la Promenade du Barrage (à la fois à Antony et à Fresnes)…

Bref, laissons aux spécialistes de décider si le château de Berny est à Antony ou à Fresnes et intéressons-nous plutôt aux actes du Minutier central des notaires de Paris concernant ce château disparu.

Dans la base Minutes (encore consultable au Caran mais bientôt intégrée dans la SIA/SIV des Archives nationales, voir nos précédents billets sur cette migration), on trouve une trentaine de références sur «Berny» et «château» (un peu plus de 250 références en cherchant sur «Berny» seul).
Voici ces actes par ordre chronologique, suivis des cotes entre parenthèses :


  • Sur Brulart (Pierre) chevalier, vicomte de Puisieux, conseiller du Roi, premier secrétaire de ses commandements : devis et marché de maçonnerie par François Boullet, maçon juré à Paris, pour le château de Berny, appartenant à Pierre Brulart, et acceptant par Charlotte d'Étampes, son épouse et procuratrice dudit seigneur, moyennant 26 livres la toise (avec plusieurs quittances et mainlevée de Pierre Brulart), 27 novembre 1623 (MC/ET/XXIV/311).
  • Sur un certain Guillaume Blondeau carrier à Gentilly, qui promet à François Boullet, maçon, de fournir toutes les pierres destinés à la construction du château du Berny, 30 décembre 1623 (MC/ET/XXXIX/655).
  • Une constitution de rente par Pierre Brulart, chevalier, vicomte de Puisieux, premier secrétaire de ses commandements, et Charlotte d'Étampes de Valencay, son épouse, à présent en leur château de Berny près de Paris, à Auguste Galland, conseiller du Roi en ses conseils d'État et privé, et son procureur général en sa maison de Navarre, demeurant rue du cimetière Saint-André-des-Arts, de 200 l. de rente appartenant à Pierre Brulart comme héritier de défunts Nicolas Brulart, chancelier de France et de Navarre et Claude Preudhomme, son épouse, ses père et mère, moyennant 3 326 l., sur le même acte, un mariage de Marthe Laloy, au service de Pierre Brulart, en leur présence, 18 octobre 1625 (MC/ET/XXIV/315).
  • Une constitution de rente du 4 juin 1625 par Charlette d'Étampes, épouse et procuratrice de Pierre Brulart, à Charles Sanguin, écuyer, de 500 l. Autre rente, moyennant 8000 l. avec en marge du 20 août 1627 d’un rachat par Pierre Brulart (MC/ET/XXIV/314).
  • Un marché conclu par Boullet (François), juré en maçonnerie, pour deux voituriers par terre à Paris pour enlever les recoupes de pierre de tailles qui se trouvent dans la principale cour du château de Berny où est le bassin de fontaine, 6 janvier 1626 (MC/ET/XXXIX/58).
  • Une constitution de rente par Nicolas Mennessier, faisant les affaires de Pierre Brulart, à Jacques Amelot (et à la suite : un rachat par Pierre Brulart), une procuration de Pierre Brulart audit Mennessier du 15 janvier 1626 (MC/ET/XXIV/316).
  • Un marché conclu entre Mathurin Delacroix voiturier par terre au faubourg Saint-Victor paroisse Saint-Nicolas du Chardonnet et Boullet (François) juré en maçonnerie pour enlever les recoupes de pierre de taille et autres gravois qui se trouveront dans la première cour du château de Berny et les transporter dans l'allée qui se fait dans le pré allant vers Fresnes moyennant 60 l., 28 janvier 1626 (MC/ET/XXXIX/58).
  • Un marché de ciment par Vatel (François) marchand cimentier demeurant en l'Ile Notre-Dame à François Guichard, maître paveur, pour le château de Berny, 3 février 1626 (MC/ET/XI/110).
  • Une obligation de François Guichard, maître paveur à Paris, envers François Vatel, marchand cimentier à Paris, de 250 livres en prêt et marché, pour ladite somme, de 10 muids de ciment de tuiles et que ledit Vatel s'engage à livrer au Château de Berny, à raison de 20 livres par muid, 3 février 1626 (MC/ET/XI/110).
  • Une constitution de rente par Charlotte d'Étampes, épouse et procuratrice de Pierre Brulart, à Vincent Nevelet, conseiller du Roi, auditeur en sa chambre des Comptes, de 500 l., 5 mai 1626 (MC/ET/XXIV/317).
  • Un bail par Nicolas Mennessier, agent des affaires de Pierre Brulart, chevalier, seigneur de Berny et autres lieux, pour 6 ans, à Nicolas Dollumier, charpentier-meunier à Palaiseau, d'un moulin à eau en la basse cour du château de Berny, moyennant 850 l. par an avec entretien du moulin et des eaux, 22 décembre 1626 (MC/ET/XXIV/318).
  • Un bail par Nicolas Mennessier, agent des affaires de Pierre Brulart, chevalier, vicomte de Puisieux, à Jean Gallier, Robert Geoffroy, Hiérosme Blondeau et Germain Gallier, tous laboureurs à Antony, des prés dépendant du château de Berny, 21 janvier 1627 (MC/ET/XXIV/319).
  • Un devis et marché par lequel Arnould Baroy maître serrurier à Fresne proche Berny promet à Anthoine Ruze, surintendant des finances de faire les travaux pour le château de Chilly, 11 avril 1627 (MC/ET/XIX/395).
  • Une procuration de Pierre Brulart, étant en son château de Berny, à son épouse pour recevoir de Jacques d'Étampes, chevalier, seigneur, Châtelet de Valencay, frère de ladite dame, ce qui lui revient des héritages de leurs défunts père et mère, suivant le contrat de mariage de Pierre Brulart du 11 janvier 1615, 15 avril 1627 (MC/ET/XXIV/319).
  • Plusieurs actes dont des comptes entre Pierre Brulart et Pierre Boullet, maçon, de travaux faits au château de Berny. (plusieurs quittances à la suite), mai 1627 (MC/ET/XXIV/320).
  • Des comptes entre Pierre Brulart, chevalier, vicomte de Puisieux, Charlotte d'etampes, son épouse, et des quittances entre Boullet (François), maçon, demeurant rue des Gravilliers sur tous les ouvrages de maçonnerie faits pour le château de Berny, non compris ceux faits aux fermes dépendant du château ; moyennant quoi il est dû 18 200, 15 juin 1627 (MC/ET/XXIV/320).
  • Un bail par Pierre Brulart, chevalier, vicomte de Puisieux conseiller du Roi, demeurant rue d'Orléans, paroisse Saint-Eustache, pour 3 ans, à Pierre Laurens, meunier du moulin de Berny et Geneviève Tranchart, sa femme, de 69 arpents 62 perches de prés dépendant du château de Berny à prendre depuis le versoir du pavillon descendant jusqu'au moulin, moyennant 20 l. par arpent et 2 douzaines de gros chapons par an, 22 décembre 1631 (MC/ET/XXIV/333).
  • Autre bail par Pierre Brulart, chevalier, marquis de Sillery, pour 3 ans, à Pierre Laurent, meunier du moulin de Berny et Geneviève Tranchart, sa femme, à Jean Crette chirurgien demeurant au Bourg la Reine et Claire Vare, sa femme, de 69 arpents, 62 perches de pré avec la tonture des saules, alentour des prés, dépendant du château de Berny moyennant 20 livres et 2 douzaines de gros chapons par an, 1er mars 1634 (MC/ET/XXIV/340).
  • Encore un autre bail par Pierre Brulart, chevalier, marquis de Sillery, pour 5 ans, à Pierre Laurent, meunier au moulin de Berny et à Jean Crette, chirurgien à Bourg-la-Reine, de prés aux alentours et dépendant du château de Berny, moyennant 22 l. par arpent, 7 janvier 1637 (MC/ET/XXIV/346).
  • Un transport par Pierre Brulart, chevalier des ordres du Roi, à Antoine Gallier et Claude Dorleans, sa femme, ses receveurs et fermiers de la terre de Fresnes, du revenu total des fermes, terres et dépendances des château, terre et seigneurie de Berny moyennant 11000 l. par an. et un bail par le même aux mêmes de la terre et seigneurie de Fresnes, moyennant 12 500 l. par an, 17 août 1639 (MC/ET/XXIV/415).
  • L’inventaire après décès de Pierre Brulart, chevalier marquis de Sillery, continué au château de Berny, plusieurs pièces de tapisserie, tableaux prisés par Nicolas Du Chastel et Augustin Quesnel, maîtres peintres à Paris, ornements de la chapelle prisés par Jacques Remy, maître brodeur à Paris rue Saint-Honoré, etc. 26 avril 1640 (MC/ET/XXIV/355).
  • Le contrat de mariage entre Pierre Blocteur, dit Bouton, concierge au château du cardinal de Bissy, Germigny, et Marie-Madeleine Cretté, veuve de Séverin Belligon, concierge au château du cardinal de Bissy à Berny, 25 août 1723 (MC/ET/I/312).
  • Autre contrat de mariage entre Louis Claudin, marchand, Germigny-l'Evêque, près de Meaux, et Marie-Anne-Henriette Beligon, fille de feu Séverin Beligon, concierge du château de Berny, Germigny-l'Evêque, près de Meaux, 13 avril 1736 (MC/ET/I/376).
  • Délégation par Jean-François Marteau, entrepreneur de bâtiments, envers Yves de Vanembras-de-Fourneaux, écuyer, architecte toiseur, de la somme de 986 livres 18 sols à prendre sur le prix des ouvrages faits par Marteau "pour les économats au château de Berny", pour s'acquitter envers Vanembras de la même somme "pour honoraires de toisé d'ouvrages", 22 janvier 1779 (MC/ET/XXVII/400).
  • Inventaire après décès de Joseph Cousin, ancien traiteur à Berny, veuf de Marie-Claude Aubert, demeurant en une maison dépendant du château de Berny, donnant sur le chemin de Choisy, 16 juillet 1782 (MC/ET/XXVII/425).
Avis aux amateurs d’histoire locale pour des histoires à venir donc…

Pour ma part, je me suis intéressé à l’acte du 6 février 1619 dans lequel Nicolas Brûlart procède à une donation-partage entre ses trois enfants : outre leur dot, les dames Dauvet et de Bellièvre qui recevraient après son décès, une somme de 30000 livres ainsi que l'une la baronnie de Boursault près d’Épernay estimées chacune à un revenu de 8.000 livres, le reste des biens, seigneuries comme valeurs mobilières, dont le chancelier conservait l'usufruit, devait revenir à son fils, Pierre Brûlart, vicomte de Puisieux (ET/MC/XXIV/306).

Plus tard, le 26 juillet 1620, le Chancelier faisait encore passer par son intendant un marché pour la construction d'une «grande basse-cour et d'une ménagerie» avec Claude David. Après le décès du Chancelier en octobre 1624, ce fut sa belle-fille, Charlotte d’Étampes de Valençay, qui passe le 27 novembre 1623 un énième marché de maçonnerie avec François Boullet, pour la construction d'un pavillon destiné à abriter un escalier selon «l'ichnographie, orthographie et scénographie faictz par François Mansart».
Et c’est trois ans plus tard que le chantier s'achevait après que le serrurier Barroy s'engage à fournir un balcon de fer forgé dans un énième marché dressé le 15 juin 1627 (MC/ET/XXIV/320) avec le maçon Boulet «moyennant quoi il est dû 18 200 £.» (c’est en effet le solde restant après imputation des acomptes parce que le montant total de la dépense n'y est malheureusement pas porté).

Avis aux amateurs d’histoire locale pour d’autres histoires à venir sur le château de Berny…

mardi 25 juin 2013

SOSIE : élaborez votre IR en OpenOffice, on se charge de le transformer en XML/EAD…

Source de l’image : "Manuel de l’utilisateur Sosie", édition 2010

Comme je l’avais fait (voir les précédents billets) pour les applications ETAREP ou ETANOT telles qu’on pouvait encore les consulter jusqu’à la fin 2013 avant la «salle des inventaires virtuelle» (SIV) des Archives nationales (modification drastique de la précédente configuration, laquelle, pour la consultation d’ETAREP par exemple, nécessitait obligatoirement le navigateur Internet Explorer (version 5 et surtout pas les nouvelles !) et en ayant, au préalable, chargé le logiciel gratuit Adobe® SVG Viewer…), bref, une grosse lourdeur qui sera supprimée dans la SIV)…
Comme je l’avais fait pour les applications ETAREP ou ETANOT donc, j’essaie ici à l’instar de Cassandre, de prévoir l’avenir de SOSIE dans la nouvelle configuration SIV du SIA (le système d’information archivistique).

D’abord qu’est-ce que c’est ? SOSIE (pour Saisie en Open office pour la structuration d'Instruments de recherche en EAD) est un modèle OpenOffice de production d'instruments de recherche (IR) utilisé depuis près de trois ans aux Archives nationales mais aussi dans certaines Missions des Administrations centrales de l’État et depuis peu par toute collectivité territoriale (qui en fait la demande) souhaitant élaborer des instruments de recherche en XML/EAD….

Maintenant un peu d’histoire : en 2007, un groupe de travail auquel je faisais partie, avait été missionné par la direction des Archives nationales pour réfléchir à un modèle qui utiliserait les fonctionnalités du logiciel OpenOffice (open source comme chacun le sait) pour produire des instruments de recherche directement convertibles en XML/EAD grâce notamment aux feuilles styles. Il s’agissait en fait d’attribuer à chaque style de ce modèle, un élément de la DTD EAD et éventuellement de son attribut lorsqu’il existait et lorsqu’il était pertinent de le qualifier. La simplicité était telle que chaque élément (donc chaque style) qui correspondait à un niveau de description (comme préconisé par la norme ISAD(G)) était en français dans le texte.

Exemples :
unitid qui correspond à Référence dans ISAD(G) avait pour style Cote_consultation ou Identifiant.
unittitle ou Intitulé/Analyse de l’ISAD(G) avait pour style Intitule
…et ainsi de suite vous l’aurez compris…
origination devenait Nom du producteur dans SOSIE de même que physdesc devenait Desc_physique
…et le tout sous la forme d'une arborescence savante qui reprend l’ordre logique de rédaction d’un instrument de recherche. Je pouvais ainsi structurer mon IR en choisissant l’élément de la DTD EAD dans la liste (en français) proposée.

SOSIE convenait donc particulièrement pour la production d'un nouvel instrument de recherche, mais aussi pour une «rétroconversion» c’est-à-dire une reprise d'un fichier saisi sous un autre traitement de texte.
Source de l’image : "Manuel de l’utilisateur Sosie", édition 2010

Sur cette page d'écran de SOSIE, le «0_En_tete_EAD» correspond aux métadonnées de l’instrument de recherche, c’est en fait la «page de titre» dans laquelle on mettra les informations sur les conditions d'accès et d'utilisation des unités documentaires décrites, leur mode d'entrée, le producteur, l'historique de la conservation, les sources complémentaires, etc. Suivent ensuite le «Corps de l'instrument de recherche» proprement dit et l’«Index»…ce sont respectivement les parties «1_Description_archivistique» qui reprend les vingt-six éléments de l’ISAD(G) de la zone d'identification à la zone de notes et «2_Indexation» pour les noms de collectivités, les mots matières, les noms de personnes, les noms de lieux géographiques …partie «Index», que j’avais, en réalité, très peu utilisé jusqu’à présent.
Autre vue d'OpenOffice avec le modèle SOSIE et à gauche tous les styles (les éléments EAD)
Source de l’image : "Manuel de l’utilisateur Sosie", édition 2010
Voilà pour l’historique et les caractéristiques généraux et les diverses fonctionnalités de ce bel outil qui permettait de faire de l’EAD sans le savoir et en s’affranchissant de l’achat d’un éditeur (genre XMETAL, OXYGEN ou autre).
Ensuite, une fois l’instrument de recherche rédigé, c’est une opération batch qui permet alors de le convertir en un format XML/EAD en le déposant dans un répertoire «In» (rappelons que jusqu’à présent il s’agit encore d’un fichier avec l’extension .odt) et c’est après le passage du programme, de le récupérer en un .xml dans un répertoire «Out» (le batch classique quoi). On pouvait également utiliser une extension OpenOffice (un greffon) qui lançait le programme de conversion directement depuis OpenOffice pour obtenir au final un format «xml» à partir du fichier «odt».

Que va devenir SOSIE dans la nouvelle configuration SIV du SIA (le système d’information archivistique) et plus précisément dans le module «production des instruments de recherche» ? et d’abord pourquoi la conversion de .odt en .xml sur SOSIE ne fonctionne plus correctement?
J’oublie de dire que lors des dernières formations dispensées au Centre Phoenix pour les Études Libanaises à Beyrouth  vers la mi-mai de cette année, puis à l’Association des Archivistes français (AAF) le 22 mai dernier [stage EAD, parcours «EAD et EAC : des standards d’encodage pour les instruments de recherche»], en voulant montrer un exemple de conversion d’un fichier OpenOffice en un format XML/EAD, j’ai eu un grand moment de solitude : la conversion ne fonctionnait plus ! C’est seulement en ce début de mois que j’ai résolu le problème : SOSIE ne fonctionne que sur la version 3.0 d’OpenOffice (jusqu’à la version 3.2. mais plus sur LibreOffice, sa suite logique), ensuite attention aux mises à jour de JAVA : si vous avez autorisé votre ordinateur à mettre à jour automatiquement le JRE de JAVA vous devez en être à la version 7…or la conversion de SOSIE ne fonctionne que sur la version 6 de JAVA! Fallait le savoir.
Ainsi pour montrer à mes stagiaires un exemple de saisie sur SOSIE et sa conversion, j’ai été obligé de désinstaller le JRE7 et d’installer à nouveau la version le JRE6 (fort heureusement j’ai toujours l’ancienne version d’OpenOffice).

Exemple de saisie sous ICA-ATOM, ici la Zone d'identification de l'ISAD(G)
(on devrait avoir à peu près la même configuration sur le SIA,
module production d'instruments de recherche en remplacement de SOSIE)

Maintenant, quelle sera la place de SOSIE dans le nouveau système d’information archivistique (SIA)?…ce qui est sûr, c’est que tous les IR élaborés jusqu’à présent sous SOSIE seront intégralement et naturellement migrés dans le SIA, lequel prévoit de fournir un outil de production intégré à une plateforme de diffusion et d'interrogation. Ainsi nos futurs instruments de recherche (des Archives nationales uniquement, pas des Missions) seront à l’avenir, directement élaborés sur le SIA. Et l’ergonomie dans tout cela ? la saisie d’un nouvel IR se fera comme sous ICA-ATOM ou AVENIO ou ARKHÉÏA pour ne citer que ces outils, mais on nous promet que les puristes du «code xml» ne seront pas oubliés (un export de cette saisie "avec formulaire" sera possible et le fichier xml ainsi obtenu pourra être lu et modifié sous OXYGEN)…à suivre donc.

mercredi 5 juin 2013

Les placards de décès du Minutier central des notaires de Paris

Exemple d'un placard de décès

Le département du Minutier central des notaires de Paris procède en ce moment à la numérisation des placards de décès afin de les rendre accessibles en ligne. L’occasion pour moi de reprendre un ancien article de mon collègue Thierry Boudignon, avec son aimable autorisation va sans dire… un grand merci à lui.

Dans le temps, à Paris, on affichait (ou placardait) sur les murs des églises et dans les rues, des avis d'inhumation  pour inviter Messieurs et Dames à s'y trouver s'il leur plaist.
 
Ces placards sont, en général, rédigés de la façon suivante (voir l’image au-dessus):

Vous êtes priés d'assister au Convoy et Enterrement de feu Me THOMAS-SIMON PERRET, Conseiller du Roy, Notaire au Châtelet de Paris, Syndic de sa Compagnie, décédé en sa Maison, rue Coquillière; Qui se fera cejourd'hui Vendredi 12 Janvier 1753 à six heures du soir, en l'Eglise de Saint Eustache, sa Paroisse, où il sera inhumé.Un De profundis.

Ou encore cette curieuse cohabitation entre la "paroisse" et la "République Française":

Vous êtes priés d'assister aux Convoi et Enterrement de la Citoyenne Marie Anne LENGLET, Veuve du Citoyen Etienne-Pierre BOURSIER, ancien Marchand, décédée en sa Maison, Rue du Roule; Que l'on fera cejourd'hui Mardi 19 Mars 1793, l'an deuxième de la République Française, à quatre heures du soir, en l'Eglise de Saint Germain-l'Auxerrois, sa Paroisse.
DE PROFUNDIS. De la part des Citoyens ses Fils, des Citoyennes ses Brues, des Citoyens et Citoyennes ses Petits-Fils et Petites-Filles…

Plus tard, ces placards ont été utilisés à envelopper les liasses des minutes en raison de l'excellente qualité du papier. C'est cette collection factice de placards de décès qui a été constituée au cours des classements par prélèvement dans les fonds des études notariales aux Archives nationales.
On notera qu’on trouvera également des faire-part mortuaires en AD/XXJc/96 à 120 aux Archives nationales et en V.7 E aux Archives de Paris (et plus généralement en série J aux Archives départementales).

Ces placards indiquent le nom de la personne décédée, ses titres, profession et autres qualités (par exemple: marguillier de sa paroisse), le lieu de son décès, le jour, l'heure et le lieu de l'enterrement, c'est à dire le plus souvent sa paroisse.
De plus, et c'est ce qui en fait tout l'intérêt de ces placards, ils sont ornés d'une vignette ou lettrine. Ces gravures sur bois, sans prétention artistique particulière, représentent la mort de façon imagée.
Si ces placards concernent par nature une personne précise, les lettrines sont d'un usage plus général. On trouve la même lettrine sur des placards différents. Celles-ci ne sont pourtant pas uniformes et présentent une certaine variété. Existe-t-il une relation entre la qualité des personnes et l'image choisie? Thierry Boudignon ne semble pas convaincu.

À partir de cette collection de 7000 documents environ, on peut dégager quelques grands types de figuration de la mort et de montrer d'éventuels rapports entre elles.
Les premiers placards remontent au règne de Louis XIII. D’abord de petite taille, à peu près analogues à de simples faire-part, et sans ornementation, ils prennent leurs dimensions moyennes actuelles (50 cm x 40 cm) au début du règne de Louis XIV. On voit alors apparaître les premières lettrines et vers la fin du XVIIe siècle, les vignettes se diversifient.
La Révolution les fera disparaître dans le courant 1793 et s'ils réapparaissent sous l'Empire, c'est avec une iconographie bien différente. Il s'agit principalement de bourgeois: bourgeois de Paris, Marchand, officiers au Parlement ou au Châtelet de Paris, etc.
Mais bientôt, la figuration évolue et se complique. Les vignettes nous montrent alors de véritables petites scènes telles que la résurrection des morts, une danse macabre ou, comme dans celle-ci, une confrontation dramatique avec la Mort qui vient troubler une méditation à la lueur d'une bougie (1764).
 

 
On avait aussi l'habitude de représenter ces mausolées, comme d'autres images, d'une certaine manière et avec un certain sens de l'esthétique sans qu'on y mette une signification précise et voulue. Ici, ces triangles sont l'image stylisée de supports surmontés d'une urne, objets que nous retrouvons souvent dans d'autres vignettes. À leur place, nous avons vu également des squelettes mais aussi des cierges tout simplement. Pour ce qui est de la forme, des divisions du triangle, du nombre de larmes etc., il existe de nombreuses variantes.

Voici une autre représentation où le nombre de larmes et de boules est différent. On notera surtout la présence d'un cadre qui entoure la vignette. Cette bordure est composée de feuillages mais les éléments traditionnels, larmes, têtes de mort et os entrecroisés peuvent également y figurer. Quelquefois tous ces éléments sont mélangés et forment un ensemble très varié. Le mausolée est aussi présent. Les origines de ce tableau ont été étudiées ici même.


 
Sa description est la suivante: A l'occident sera placé sur le mur ou en relief un Mausolée consistant en une urne sépulchrale posée sur une base triangulaire à trois faces. Dans chaque triangle il y aura trois boules, dans les trois angles, au dessous du triangle, reposant sur des ossements; de l'urne sortira une vapeur enflammée, avec l'inscription: Deponit aliena, ascendit unus. Au dessous, dans le triangle, on lira ces mots: Tria formant, Novem dissolvunt.
 

Dans cette vignette des années 1770/1780, le mausolée, au centre de l'image, est surmonté d'un triangle. On note, pour mémoire, la présence de la tête de mort et des os. On remarque aussi l'urne tenue par une femme. Le mausolée est placé dans un édifice éclairé par des fenêtres et soutenu par des colonnes ce qui suggère l'intérieur d'une église, autrement dit un temple. C'est au centre du temple, de la Maison, que la mort se transforme en résurrection.

Il faut souligner ici le fait que ces vignettes contiennent assez peu de références directes au christianisme. Le seul symbole parfois utilisé est la croix. Sans doute ces placards expriment-ils l'aspect social de la mort et non son aspect proprement religieux. Il y a là une distinction que la franc-maçonnerie, institution sociale s'il en est, semble avoir respecté. Si la franc-maçonnerie est d'inspiration religieuse, elle n'est pas une religion. Nous avons tout de même trouvé quelques vignettes ayant une thématique purement chrétienne.


En voici une de 1766, une illustration de Jn, 12, 24. Avant la Passion, à son entrée à Jérusalem, Jésus annonce sa glorification par sa mort en disant: Si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il reste seul; s'il meurt, il porte beaucoup de fruit. Sur la vignette on voit un semeur et cette inscription: Si le grain n'est mis en terre il ne peut porter de fruit. La mort est présentée ici comme le passage vers la vraie vie.


Celle-ci, de 1760, représente le Christ au moment de la résurrection avec cette inscription: La foy des vivons l'espérance des morts. On voit le Christ qui sort victorieux du tombeau. Celui-ci est ouvert, la pierre tombale, qui est de côté, porte la mention: Non est hic, Il n'est plus ici. Un ange est près du tombeau tandis qu'un soldat s'enfuit en jetant son épée. Cette figure montrant le moment même de la résurrection est aussi l'objet de nombreux tableaux maçonniques.


La dernière vignette nous montre le Christ ressuscité veillant un cadavre placé dans un linceul quasi identique au drap (...) traversé d'une grande croix qui le recouvre...

De milliers d'autres vignettes sont en cours de dématérialisation et d’analyse sommaire (noms, lieu, dimensions, etc.). Attendons donc la fin de cette opération et de leur mise ligne sur le site des Archives nationales pour les étudier enfin.

mardi 4 juin 2013

De l’eau de source à Antony ?

La fontaine du parc Heller à Antony
Source de l'image : http://randoclanp.canalblog.com/
(dommage que ce site ne soit plus...alimenté)
À Antony, les noms des rues qui font référence à l’eau font légion…légion ? comme légion romaine ? oui…on sait combien les Romains aimaient les thermes, les eaux en général et ce n’est guère étonnant qu’ils se soient installés à «Antonius» devenue ensuite Antony, là où j’habite en ce moment…voyons ces rues et ces autres voies : rue de l'Abreuvoir qui suivait l'ancien tracé de la Bièvre, rue de la Bièvre, rue des Hautes Bièvres, passage de la Bièvre, parvis de la Bièvre, moulin de la Bièvre, rue de la Fontaine du Sault, rue de la Fontaine Grelot, impasse des Sources, rue des Sources, rue des Sources Prolongée, rue du Lavoir de la Grande Pierre, allée de la Puisaye, allée du Ruisseau, chemin du Pont Aux Ânes, Pont d'Antony, promenade du Barrage, ruelle à Riou dont le pavage trahit, encore de nos jours, la trace de l'eau qui allait vers la fontaine à son extrémité, etc. Tout cela attesterait-il de l’existence d’une nappe phréatique sous Antony ?

Moulin de la Bièvre à Antony
Source de l'image : http://randoclanp.canalblog.com/

Faisons un tour à la Maison des Arts (au parc Bourdeau en face de la gare RER), descendons quelques marches pour visiter (à peine deux petites pièces) une petite exposition permanente pour nous faire une idée du très vieux Antony (depuis sa naissance géologique). Il y a là une magnifique carte géologique de la ville et de ses environs qui montre qu’Antony se trouvait alors dans une zone non inondable car au-dessus des marais où des dinosaures s’ébattaient aux temps anciens. Antony est ainsi au niveau des sources qui, elles, se trouvent en général sur les marnes vertes (la carte donne d’autres couleurs à cette marne selon les emplacements).

Ces nombreuses sources, sans compter la Bièvre qui, avant son enfouissement au XIXe siècle, arrosait Antony, sont à l’origine de ces nombreux bassins, étangs, plans d’eau, fontaines, lavoirs et autres moulins à Antony : parc Heller ainsi que le moulin situé à l’entrée du dit, la «fontaine Michalon», les fontaines de la place de l’Hôtel-de-Ville, celle de l’obélisque de l’avenue du Bois-de-Verrières, de la Croix de Berny à l'entrée d'Antony par la Nationale, celle de la place Mounié ou du parc Bourdeau, les étangs du Soleil, de la Noisette, du Paradis sur la Coulée Verte, etc.

Ce que j’ignorais jusqu’à la semaine dernière, c’est qu’en 1892 on avait entrepris la construction d’un réservoir d’eau de source, place du Carrousel, juste en face de notre bibliothèque actuelle, la bibliothèque Anne… Fontaine (!)…encore de l’onomastique.

Voyons ce qui en ressort…mais d’abord un grand merci à Alexis Douchin, notre responsable des archives-documentation d’Antony qui nous a fait découvrir ce dossier de construction, confiée à Martial Grandchamp, entrepreneur à Châtillon-sous-Bagneux, d’un réservoir d’eau de source sous la place du Carrousel coté Archives communales Antony, 3N (et non coté, id. 264) dans lequel on trouve entre autres, le cahier des charges, des mémoires, des plans, un devis estimatif, le procès-verbal d’adjudication, le décompte des travaux, des délibérations du conseil municipal et de la correspondance de 1892-1898.

Mémoire des travaux à effectuer
1894, Arch. com. Antony, 3N (et non coté, id. 264)

Le cahier des charges du 25 novembre 1892 indique que les travaux de construction de ce réservoir d’eau de source sera en «meulière qui proviendra des meilleures carrières [on ne lésine pas sur la qualité !] . Elle sera poreuse et soigneusement dépouillée de terre et même lavée au besoin. La brique sera de l’espèce dite de Besançon, première qualité, brune, etc.» le tout pour environ 15000 F d’après le devis estimatif. C’est à Martial Grandchamp, entrepreneur à Châtillon-sous-Bagneux, qu’est confiée cette construction après un «appel d’offre» appelé alors «adjudication», lequel dresse en 1897, un mémoire des travaux de terrassement, maçonnerie, canalisation, etc. exécuté pour le compte de la commune d’Antony. On discute ferme du coût des travaux. Des rabais significatifs sont consentis par l’entrepreneur (environ 30%). Au final, le décompte des travaux du réservoir s’élèvent à 10614,67 F d’après l’extrait du registre des délibérations du conseil municipal du 14 décembre 1897…

Cahier des charges
1892, Arch. com. Antony, 3N (et non coté, id. 264)

Une pièce intéressante est celle de Martial Grandchamp, entrepreneur 21 rue Dareau (il était aussi architecte semble-t-il) et domicilié 1 avenue de Paris à Châtillon-sous-Bagneux (siège, aujourd’hui, d’un Crédit Agricole), qui écrivit au maire d’Antony (alors Prosper Legouté) le 8 juillet 1898. Il se plaint que l’administration n’ait pas respecté son engagement sur le montant des travaux pour «ce travail ingrat et onéreux [pour lequel il a] assuré la parfaite étanchéité des bassins, etc.». Qu’il se rassure notre Grandchamp, la situation est toujours la même à l’heure actuelle, l’administration rechigne souvent à régler ses factures à temps…

Lettre de réclamation de Martial Grandchamp au maire d'Antony
8  juillet 1898, Arch. com. Antony, 3N (et non coté, id. 264)

Bref. Si vous souhaitez en savoir plus sur le parcours de l’eau à Antony, voyez cet excellent dépliant proposé par la commune (il en existe toute une collection sur les écoles, les célébrités d’Antony, les parcs, etc.) et disponible à l’Hôtel-de-Ville (j’en trouve aussi régulièrement sur les présentoirs de notre médiathèque) ou sur leur site :
http://www.ville-antony.fr/files/Patrimoine/depliant_eau.pdf

lundi 27 mai 2013

Une formation au Centre Phoenix pour les Études Libanaises

Une pièce montée à l'occasion de la fête de l'Université (USEK) à laquelle j'avais été convié

Parmi les principales Universités libanaises, dont la plus connue reste l’AUB (Université américaine de Beyrouth), figure dans les 5 premières, l’Université Saint-Esprit de Kaslik (USEK) fondée en 1961 (usek.edu.lb) dont les cours sont à la fois en Français et en Anglais. C’est à cet endroit que j’avais été invité la semaine dernière (du 12 au 17 mai) par Marie Lamaa, directrice adjointe du Centre Phoenix pour les Études Libanaises (CPEL), pour y former des stagiaires à la pratique archivistique, du moins dans ses rudiments puisque les participants (très brillants soit dit en passant) côtoyaient des archives dans le cadre de leur travail quotidien : universitaires, historiens, séminaristes, bibliothécaires pour certains, responsables des archives de leur institution pour d’autres (monastères, congrégations religieuses, etc.). Depuis sa fondation en 2008, le CPEL  reçoit des dons ou de dépôts de collections d’archives (documents, photos, cartes, plans, etc.) de la part d’institutions ou de particuliers. Ces documents ainsi conservées sont ensuite dématérialisées de sorte que le donateur (ou le déposant) puisse garder une copie de sa collection.

La vue de notre salle de cours à l'USEK !
Voilà pour le cadre. Notre contribution (nous étions deux archivistes en fait, Magali L. et moi) a surtout consisté à sensibiliser ces usagers des archives à mieux les connaître, à bien les conserver et à les utiliser tous les moyens pour les valoriser (le dernier jour de la formation, un vrai succès, a consisté à faire travailler les participants à une mini-exposition sur un groupe documentaire que le CPEL conserve, les papiers de la famille Sursock, grande famille aristocratique établie à Beyrouth depuis la fin du XVIe siècle).

Voici le programme proposé :

  • Lundi 13 mai : Définition des archives. Les archives publiques. Les archives privées.
  • Mardi 14 mai : Les instruments de recherche l’après-midi et la description archivistique le matin puisque il est préférable de mieux connaître pour mieux décrire, nous avons passé en revue les différents niveaux de description (de la pièce au fonds avec une définition très précise et des exemples pour chaque niveau). Nous avons ensuite donné quelques définitions fondamentales avant l’introduction proprement dite à la norme ISAD(G) et ces 6 zones de description suivi de la prise en main de l’ICA-AtoM pour l’encodage des exercices (travail de groupe, directement sur le site demo de ICA-AtoM)...Les instruments de recherche l’après-midi donc : les grandes catégories d’instruments de recherche (inventaire, répertoire numérique, récolements état sommaire, Guides, etc.) suivi des différentes parties d’un instrument de recherche (introduction, corps de l’instrument de recherche, annexes, index, tableau de concordance, etc.).
  • Mercredi 15 mai : classement d'archives privées avec des exercices pratiques sur l’analyse du statut juridique, description des pièces, plan de classement, choix et rédaction de l’instrument de recherche (introduction, corps de l’instrument de recherche, index, etc.) suivi de la correction de l’exercice pratique, faite par chaque groupe.
  • Jeudi 16 mai : le format d’encodage (XML-EAD) autrement dit qu’est ce qu’une DTD ? Principe du XML pour expliquer pourquoi ce langage de balisage convient parfaitement à une DTD grâce à sa représentation structurée des documents en un arbre d’éléments et d’attributs. Nous avons pris comme exemples des instruments de recherche élaborés dans les ateliers précédents et la manière de les rendre conforme ISAD(G) puis les convertir en EAD en prenant en compte les éléments essentiels et leurs attributs…le tout mis en œuvre sous ICA-AtoM.
  • L’après-midi du 16 mai nous avons donné une conférence publique sur la chaîne archivistique (les différentes étapes de traitement des archives, notions de fonds d’archives et principe du respect des fonds, cycle de vie du document : classer, décrire, coter, ranger, conserver, communiquer, valoriser….), la communication des archives (inscription, salles de consultations, salle de lecture, règlement intérieur, surveillance, règles de comportement, quotas de documents) et la conservation des archives (normes, bâtiments, conservation préventive, manipulation)…une bonne vingtaine d’auditeurs. Très sympathique!
  • Vendredi 17 mai : journée entièrement consacrée la valorisation (expositions, publications, journées d'études, visites, service éducatif, etc.) et à la restitution du stage. Les stagiaires répartis en deux groupes, avaient préparé en fil rouge tout au cours de la semaine, une exposition sur la famille Sursock pour le premier groupe, et pour le second groupe un classement de quelques dossiers de la même famille avec élaboration d’un instrument de recherche sous ICA-AtoM. Et là, les stagiaires nous ont franchement épatés ! le résultat a été au-delà de nos espérances. Cette restitution a été un franc succès, chaque groupe ayant appris de l’autre toutes les techniques d’une bonne valorisation.

Voilà pour le cadre institutionnel…voyons le cadre touristique : le Liban est à peine plus vaste qu’un département français, on peut le traverser du nord au sud en 2h30 environ s’il n’y a pas d’embouteillage sur la route, car c’est là où nous avons souffert le premier jour : notre corps physique refusait instinctivement cette masse de voitures qui s’agglutinait partout (une 3 voies d’autoroute se transforme en 5 voies à tout instant sans qu’aucun conducteur ne s’en offusque, klaxonnant même pour que cela se poursuive !)…l’horreur donc. Mais très vite on s’habitue et là, tous les paysages des villes, des campagnes, des montagnes et des vallées s’illuminent comme le sourire des Libanais très gentils, très accueillants... je ne vais pas m’étendre parce que je compte bien rédiger quelques billets des endroits par où je suis passé les 3 jours (samedi, dimanche et lundi) qui ont suivi cette formation, m’étant rendu successivement à Byblos, puis sur la colline des monastères où j’ai rencontré quelques archivistes qui m’ont fait découvrir les trésors de leur collection (notamment le monastère de Charfé...mais je m'étendrai davantage sur ces archives dans un billet à venir), à Harissa et enfin dans la plaine de la Bekaa (Chtaura, Ksara et son vignoble, Zahlé et sa gastronomie, Anjar et sa cité ommeyade, et enfin Baalbek)…

La conservation des archives du monastère de Charfé (...fera l'objet d'un billet à venir)

Rendez-vous est donné l’année prochaine pour la suite : nous approfondirons l’EAD et les points d’accès (notion de thésaurus, des listes d’autorité, de SKOS, etc.), nous introduirons l’EAC et ferons des publications sur des plateformes tels Pleade ou Mnesys (je demanderai des autorisations pour pouvoir publier en ligne sur leur site le temps de la formation pour pouvoir ainsi commenter le résultat d’une publication et les attentes du public).

Merci à Marie Lamaa, Rodica, Robier et Roula pour leur accueil et leur professionnalisme.

samedi 20 avril 2013

Ma contribution au STIA 2013



Voici une formation, dispensée dans le cadre du stage technique international des archives pour les archivistes (et aussi bibliothécaires) francophones (STIA 2013), qui m’a laissé de bons souvenirs à tout point de vue. Par l’intérêt que les stagiaires ont porté à cette formation, par le déroulement technique (aucun problème de plantage de système ou autres bogues, etc.), par de nombreuses innovations (partenariat avec le Portail International Archivistique Francophone) et par la sympathie des stagiaires…

Dans le cadre du module «Traitement des Archives» d’une durée de 5 jours et coordonnée par Claire Sibille de Grimouard (le STIA est organisé en «module» qui suit plus ou moins le cycle de la chaîne archivistique, voir le programme sur http://www.archivesdefrance.culture.gouv.fr/static/6548), il s’agissait d’un atelier sur l’utilisation d’ICA-ATOM qui s’est déroulé le 16 avril dernier (ainsi que le 18 avril pour un autre groupe d’une dizaine de participants).

Après un rapide rappel de la chaîne archivistique et des différentes normes ICA ainsi que de la concordance entre ISAD(G) et l’EAD, les objectifs généraux de cet atelier étaient de montrer les différentes fonctions de ICA-ATOM en mode «demo» directement sur le site de ICA-ATOM  (identifiant : demo@example.com et mot de passe=demo), de pouvoir remplir les masques de saisie conformes aux zones des normes ICA, de faire des petits essais d’encodage, etc., puis de savoir manipuler les différentes fonctions de ICA-ATOM en mode «local» (après l’installation sur un poste) notamment les fonctions importer/exporter, les fonctions avancées de ICA-ATOM pour modifier l’apparence des pages statiques, des menus, etc., de savoir partager les notices des uns et autres en utilisant le numéro IP de chaque poste pour en faire des commentaires généraux sur leur encodage d’un instrument de recherche simple, etc.
J’ai commencé par évaluer leur niveau de connaissance de l’ISAD(G) et de l’EAD et des différentes normes ICA par un jeu simple sous forme d’une grille de mots croisés que nous avons corrigé ensemble.
En voici les définitions…amusez-vous bien !
Horizontalement
2. Élément de l’EAD qui correspond à « Histoire administrative/notice biographique » de la zone du contexte de l’ISAD(G).
6. Élément de l’EAD qui correspond à « Date » de la zone d'identification de l’ISAD(G).
9. Élément de l’EAD qui correspond à « Sources complémentaires » (1) de la zone des sources complémentaires de l’ISAD(G).
11. Élément de l’EAD qui correspond à « Conditions de reproduction » de la zone des conditions d'accès et d'utilisation de l’ISAD(G).
12. Élément de l’EAD qui correspond à « Référence » de la zone d'identification de l’ISAD(G).
13. Élément de l’EAD qui correspond à « Mode de classement » de la zone du contenu et de la structure contexte de l’ISAD(G).
14. Élément de l’EAD qui correspond à « Présentation du contenu » de la zone du contenu et de la structure contexte de l’ISAD(G).
15. Élément de l’EAD qui correspond à « Modalités d'entrée » de la zone du contexte de l’ISAD(G).
Verticalement
1. Élément de l’EAD qui correspond à « Bibliographie » de la zone des sources complémentaires de l’ISAD(G).
3. Élément de l’EAD qui correspond à « Historique de la conservation » de la zone du contexte de l’ISAD(G).
4. Élément de l’EAD qui correspond à « Intitulé/analyse » de la zone d'identification de l’ISAD(G).
5. Élément de l’EAD qui correspond à « Sources complémentaires » (2) de la zone des sources complémentaires de l’ISAD(G).
7. Élément de l’EAD qui correspond à « Instruments de recherche » de la zone des conditions d'accès et d'utilisation de l’ISAD(G).
8. Élément de l’EAD qui correspond à « Règles ou conventions » de la zone du contrôle de la description de l’ISAD(G).
10. Élément de l’EAD qui correspond à « Conditions d'accès » de la zone des conditions d'accès et d'utilisation de l’ISAD(G).
Et voici la grille :



Puis, après une petite démonstration d’installation de WAMP (WINDOWS APACHE MYSQL PHP) et de ICA-ATOM (version 1.3), j’ai donc donné de nombreux exercices pratiques comme la manière d’accéder au site ICA-ATOM et de personnaliser le logotype, les menus, les pages statistiques, les thèmes, etc., d’exporter des fichiers XML- EAD, de l’enregistrer sur le bureau et puis d’importer ces mêmes fichiers sur l’espace ICA-ATOM local de chaque membre.

Pour «encoder» une unité documentaire simple ou des descriptions archivistiques plus sophistiquées (j’ai donné l’exemple d’un dossier de personnel), on pouvait soit saisir directement sur le site (sur le masque de saisie du site), soit élaborer l’instrument de recherche sur XML EAD et importer le fichier.
Autre exercice : à partir de la notice de présentation du site des Archives départementales du Puy-de-Dôme (en ligne sur leur site), je leur ai demandé de faire une description d’une institution de conservation selon la norme ISDIAH en identifiant les éléments à partir d’une notice vierge de l’ISDIAH et ensuite de l’encoder sous ICA-ATOM.

Autres exercices dans le même style : partir d’une notice conforme à l’ISAD(G) qui contient des informations sur le contexte de production des archives. Il fallait les isoler, puis rédiger une notice descriptive et une notice d’autorité et ensuite encoder sous ICA-ATOM. Ou encore, à partir d’une notice de la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales créée le 30 juillet 1964 par la fusion des Directions Départementales de la Population et de l'Action Sociale, de la Direction de la Santé, des divisions ou services d'aide sociale de la Préfecture et des services médicaux et sociaux de l’Éducation nationale (référence : FRAD063_000000060, dates extrêmes : 1937-2005, cotes extrêmes : 192 W 1-48 à 1931 W 1-60, importance matérielle : 211,80 ml, etc.), il fallait isoler les éléments ISDF et faire la même chose que les exercices précédents pour les «fonctions»…bref, que de la pratique!

Ainsi à la fin de la journée, chaque groupe avait encodé soit en ISAAR(CPF), soit ISDIAH ou ISDF et nous avons fait des commentaires de chaque encodage en se servant de la fonction réseau de ICA-ATOM. (le numéro IP de chaque poste suffit et ne faut pas oublier de placer le «localhost» en PUT ONLINE)…

(merci à Roula [du Liban] de la «restitution» qu’elle a faite de cette activité aux autres groupes à la dernière journée du module).