vendredi 1 février 2013

Du télégraphe à deux balles à la fibre optique à Antony

Source : numéro 25 de HDS, septembre-octobre 2012

Lu dans notre magazine favori, le numéro 25 de HDS (HDS c’est le magazine bimestriel du Conseil général des Hauts-de-Seine qui nous présente toutes les actualités et les informations des départements).

À Antony (Hauts-de-Seine), 100 % des logements seront reliés à un réseau de télécommunications en fibre optique d’ici 2015 grâce au THD (Très Haut Débit). Un projet de service public initié par le département et réalisé par Sequalum.

Pourquoi? Tout simplement pour anticiper la fin de l'ADSL en le remplaçant par la fibre optique et garantir ainsi une équité d’offres, de services et de tarifs aux Alto-séquanais. D’après l’article, l’atlo-séquanais aura ainsi la possibilité de choisir et de changer d’opérateur librement. À Antony, il semblerait que 20000 foyers, sites publics et entreprises sont d’ores et déjà raccordables. Un rythme qui devrait s’accélérer, avec pour objectif une couverture totale de la ville avant la fin 2013…

On est loin de la première pose du fil télégraphique à Antony en…1868.
Archives municipales d’Antony, dossier 3G9

En 1868, l'Angleterre compte déjà plus de 100000 km de lignes télégraphiques, les États-Unis, n’en parlons pas. En France, c’est le Second Empire, la politique est de doter le pays d'infrastructures modernes et rattraper (et pourquoi pas dépasser) sa rivale d'Outre-Manche, et on veut installer partout où on peut le fameux télégraphe.
C’est précisément le 6 août 1868 que le Conseil municipal de la commune d’Antony est convoqué par le maire, dans une séance tout à fait ordinaire, pour une demande de prélèvement d’une somme de…38 francs et 40 centimes pour combler le déficit des dépenses de la pose du télégraphe portée sur le budget initial pour la somme de 300 francs 68 sous le titre de dépenses imprévues (Archives municipales d’Antony, dossier 3G9).


Archives municipales d’Antony, dossier 3G9

Pour la fibre optique aujourd’hui, on a vu qu’il s’agit d’un projet département/Sequalum. En 1868 il s’agissait d’une convention entre la ville d’Antony et le ministère de l’Intérieur en vue «d’obtenir la création d’un bureau télégraphique ouvert à la correspondance privée», et là où le bât blesse (on le verra par la suite), c’est que la ville s’est engagée à mettre gratuitement à la disposition de l’administration des lignes télégraphiques, non seulement un bureau mais aussi à faire exécuter à ses frais, sous la direction d’un agent des lignes télégraphiques, des travaux d’appropriation nécessaires à l’installation du service…

Mais tout comme aujourd’hui, la crise est passée entre temps, c’est la guerre et la Commune des années 70…il semblerait que les travaux aient pris du retard ou que la ville manquât des financements, toujours est-il que le maire sollicite Ranson, alors sénateur de la Seine, l’exonération des frais que la ville supporte pour assurer la distribution des télégrammes.

Réponse du ministère des Travaux publics, des Postes et Télégraphes le 27 novembre 1909 : «la prise en charge par l’État des frais de la distribution des télégrammes dans les communes pourvues d’un bureau télégraphique municipal doit être poursuivie dans la limite des crédits qui sont votés chaque année par le Parlement et d’après un ordre rigoureusement déterminé par l’ancienneté d’ouverture du bureau…», bref «aucune exception [ne sera faite] à cette règle».

On reconvoque alors le Conseil municipal le 10 décembre 1909. On insiste à nouveau que «les frais de portage des dépêches soient laissés à la charge de l’Administration des Postes et Télégraphes» vu que «la recette encaissée par cette administration représente au moins quatre fois la dépense qu’elle nécessite» et on décide que «pour l’établissement du prochain budget communal, aucune somme ne soit prévue en dépenses pour ce service, attendu qu’elle ne correspond à aucune recette»…vivement la décentralisation et le transfert de compétences!

Bref la révolte gronde…

Le dossier 3G9 contient toute une correspondance à ce sujet, dont celle ci du 4 juillet 1910 adressée par le directeur des Postes et des Télégraphes de la Seine au maire : «la distribution des télégrammes n’est effectuée gratuitement [par l’Administration des Postes et Télégraphes] que dans l’agglomération principale où est situé le bureau, laquelle agglomération s’arrête aux terrains non clos, vagues ou en culture» [or il me semble qu’à cette époque, Antony c’est précisément beaucoup de terrains vagues ou en culture…], le directeur poursuit sa lettre en rappelant au maire que «la commune d’Antony a la faculté de faire assurer, à ses frais, le port des correspondances électriques destinées aux habitants non desservies gratuitement par l’Administration, etc.».

Archives municipales d’Antony, dossier 3G9

Après de vaines batailles face à la pieuvre «Administration», Antony abdique face aux multiples refus des Postes et des Télégraphes et par la réunion d’un ultime Conseil municipal le 11 mai 1919, on décide de «prévoir dès à présent l’ouverture d’un crédit spécial destiné à faire face au paiement de cette dépense le moment venu».

On aurait cru l’affaire close mais je retrouve dans le dossier, cette lettre du 13 mai 1922 du sous-secrétaire d’État des Postes et Télégraphes au sénateur T. Steeg et transmise par lui à Auguste Mounié, maire d’Antony qui voulait obtenir la «transformation aux frais de l’État [décidément c’est une manie!], du bureau de poste et des télégraphe [d’Antony] en bureau à service complet»…
La réponse est on ne peut plus claire : « (…) je vous exprime mes vifs regrets de ne pouvoir répondre favorablement au vœu dont vous [le sénateur T. Steeg] avez bien voulu faire le bienveillant interprète», dont acte! Antony va encore devoir sortir les sous des poches (des contribuables).

Pour finir, rappelons que le télégraphe est en fait le fameux télégraphe «Morse» avec des fils partout, que les Peaux-Rouges sectionnaient à longueur de journée [comme s’ils n’avaient que ça à faire] dans les films «Western». Il s’agissait d’un code de transmission composé de points et de traits pour transcrire des chiffres et des lettres. Ces points et traits étant des impulsions électriques tantôt brèves, tantôt longues…

Quant à la fibre optique, il s’agit aussi d’un fil, mais de verre cette fois ci, et vraiment très fin, de l’épaisseur d’un cheveu, enveloppé dans un genre de câble électrique. Et l’impulsion est ici la lumière, qui va très vite comme chacun le sait, les débits sont, de fait, 100 fois plus rapides que notre ADSL actuel, et le magazine vante des services encore insoupçonnés tels la télémédecine (je me demande ce que c’est!), le suivi scolaire avec assistance vidéo (ça c’est ok), le partage de bibliothèques numériques ou encore l’accès au travail à distance et travail collaboratif…

Comme l’histoire se répète souvent, je reprends le discours de Patrick Devedjian, président du CG des HDS  le 12 juillet (2012) à pour la présentation à la presse de l’avancement du projet THD Seine : «[il faut] étendre cet équipement à l’intégralité du département, y compris aux zones qui n’auraient pas été couvertes par un investisseur privé, faute de rentabilité suffisante, voire de financement». Ça me rappelle ce que le directeur des Postes et des Télégraphes de la Seine écrivait au maire le 4 juillet 1910 sur «la distribution des télégrammes [qui s’arrête] aux terrains non clos, vagues ou en culture».
Espérons donc, que cette fois ci, le déploiement de la fibre optique à Antony ne se heurte pas à ces querelles de clocher entre une «Administration» et son «Prestataire» comme en 1868-1922. Qu’on se décide tout de suite qui va payer telle ou telle dépense…j’ai hâte de voir installer et fonctionner cette fibre rapidement….

L’art d’élaborer des instruments de recherche XML-EAD gratuitement !

Source : Photos Libres

Au cours des formations que je dispense par ci par là, on me demande souvent un conseil sur des éditeurs XML-EAD gratuits ou pas chers, faciles à s’approprier, etc.

Ainsi tel étudiant qui, pour son mémoire, aurait souhaité élaborer une annexe portant sur un dépouillement d’archives directement en XML-EAD sans passer par un traitement de texte ou une base de données…oui c’est possible.

Plus rare, et qui mérite d’être rapporté, j’ai aussi rencontré un lecteur en salle de lecture qui avait entendu parler «d’un genre de DTD pour les archives qui fait automatiquement des dépouillements (sic)» mais en fait de compte qui souhaitait élaborer son propre instrument de recherche (IR) à partir des données des Archives nationales (AN). Une fois son IR achevé, il comptait en faire un don aux AN…original, c’est bien la première fois que je rencontre ce nouveau genre de lecteur Web 2.0 et «collaboratif»…

Je lui ai répondu que dans le cadre de nos formations au SIAF, je conseille souvent XmetaL. Très facile à s’approprier notamment grâce à une configuration du logiciel qui facilite, pour les francophones, une saisie des documents XML conformes à la DTD EAD 2002, cependant XmetaL est un éditeur un peu cher et il fallait également demander le greffon (gratuit, lui) au SIAF : http://www.archivesdefrance.culture.gouv.fr/gerer/classement/normes-outils/ead/
Autres éditeurs : oXygen, XMLSpy, XML Mind, etc. propriétaires pour certains, totalement gratuits pour d’autres. Et s’il avait déjà constitué une base aux formats Word ou autres traitements de texte ou bases de données, certaines plateformes (Mnesys par exemple) proposent des outils de conversion d'inventaires Word et PDF en XML-EAD…

Et c’est ensuite que je me suis dis, mais pourquoi pas lui proposer ICA-Atom ? à lui, mais aussi à notre étudiant. Car, une fois l’application ICA-Atom (aujourd’hui dans sa version 1.3) téléchargée sur son ordinateur portable (en attendant la version 2 prévue le mois prochain), on peut, en suivant les instructions données sur ce lien , facilement l’installer en local…Ensuite un formulaire qui reprend les zones de l’ISAD(G) nous aide à saisir l’IR qui, une fois achevé, pourra être exporté en XML-EAD…pérennité garantie et import assuré vers toutes les plateformes qui acceptent ce format.

On aura ainsi élaboré un IR aux frais de la princesse, sans le moindre achat d’éditeurs.

PS : un plus pour notre étudiant, grâce à Apache intégré dans ICA-Atom, il peut aussi se servir de son ordinateur comme d’un serveur : faut juste le configurer en demandant des conseils à son FAI (fournisseur internet à qui on est abonné). Il le laissera en consultation ouverte à son professeur qui pourra évaluer son travail à distance s’il le souhaite.

Autre PS : je n’ai aucune rémunération en conseillant ICA-Atom, qu’on se rassure.