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mardi 29 décembre 2015

La valorisation à travers Wikipédia

MC/ET/XLIX/1389, dossier 94 : plaques de verre, tirages photographiques
et pièces sur la place de Rouen à Paris (auj. Quartier latin)

On ne le sait pas trop, mais en 2013, les Archives nationales avaient signé un partenariat avec Wikipédia dans le but de favoriser la mise en ligne sur cette plateforme, d'articles et de documents figurés provenant des fonds des Archives nationales (si vous voulez lire cette convention en format pdf).

De fait, après une sensibilisation et une petite formation à la rédaction et à la révision d’articles déjà publiés sur Wikipédia (nous avons participé à des «journées d’écriture» assez intéressantes à vrai dire), les agents scientifiques des Archives nationales ont été invité à recenser ou à repenser les articles présents sur Wikipédia et liés aux Archives nationales, sur des personnages, événements précis, mais aussi sur l’histoire générale, le patrimoine en général ou tout simplement pour enrichir la base de données Wikimédia Commons, à travers, par exemple, la mise à disposition d’images des Archives nationales. Le tout chapeauté par Pauline Berni, notre correspondante « réseaux sociaux », qui se charge, entre autres, des réunions trimestrielles d’information et de la bonne marche de cette convention.

Au final, en 2015 donc, ce ne sont pas moins de 1000 articles qui ont été modifiés ou rajoutés sur Wikipédia sans compter la mise en ligne de nombreux corpus d'images (de 30 à 60) effectués sur Wikimedia Commons (pour la mise à disposition d’images des Archives nationales) … à tel point que la dite convention a été tout simplement et tacitement reconduite en 2015 (voyez aussi, à ce sujet, le point de vue de Wikipédia par ce billet de Sophie Roset )

Quant à notre participation symbolique à ce projet d’enrichissement de Wikipédia, nous l’avons trouvé dans la série des «Mélanges» du Département du minutier central des notaires de Paris dont j’avais évoqué, dans un billet précédent, toute sa richesse et son grand intérêt pour l’histoire (instrument de recherche aujourd’hui achevé : 585 cartons et environ 70 mètres linéaires de documents dont le plus ancien est une pièce du XIIe siècle).

En effet, on trouvera dans ces «Mélanges» (dont l’instrument de recherche complet a été achevé il y a à peine une semaine et consultable sur la salle des inventaire virtuelle SIV, onglet «Recherche multicritères») toute une série de contributions intéressant l’histoire des familles (arbres généalogiques, titres, etc.), des entreprises (les statuts entre autres, les dissolutions, etc.…), l’histoire sociale (contrats d’apprentissage, …), l’histoire des techniques (de nombreux brevets d’invention, des dossiers sur Léon Foucault, Julien Leroy, …), de vrais trésors sur l’histoire de l’art (dossier Jacques Louis David, mais aussi de nombreux devis, plans d’architecture, etc.), l’histoire littéraire (Alexandre Dumas, Jules Cloquet, mais aussi des poèmes, des chansons, etc., déposés par les parties aux notaires…), l’histoire du théâtre par de nombreuses pièces de théâtres inédites conservées dans ces «dossiers de clients», l’histoire de la musique (dossier Jacques-Fromental Halévy, …), l’histoire religieuse (Couvent des Augustines Anglaises, Couvent de la Conception, …), etc., mais aussi l’histoire militaire et navale (dossier Clerc, MC/ET/CVII/880, …) ou l’histoire étrangère et les voyages en passant par la topographie générale ou parisienne (des documents riches sur des châteaux, des hôtels particuliers parisiens,… ) et évidemment de nombreux documents figurés, sans oublier les plans terriers,... Bref toute une documentation, confiée à l’origine par les clients à leurs notaires pour qu’ils puissent préparer leurs actes mais ensuite jamais réclamée par leurs déposants et donc qui a été «versée» en toute logique aux Archives nationales…
Oui je disais...quant à notre participation symbolique à ce projet d’enrichissement de Wikipédia, nous l’avons trouvé dans ces «Mélanges», et voici notre contribution (entre 2014 et 2015) sur certains articles déjà parus mais dont nous avons complété par un ajout de «sources archivistiques»..., en fait, une autre manière de valoriser les archives ...

Boissise-la-Bertrand, domaine de :http://fr.wikipedia.org/wiki/Boissise-la-Bertrand
Les Archives nationales de France conservent sous la cote MC/ET/XXIX/1519, dossier 19, plusieurs centaines de pièces (adjudications, comptes, ventes, inventaires après décès, décharges, renonciations, dépôts de testaments, délivrances de legs, titres de propriété, etc.) relatives à histoire du domaine de Boissise-la-Bertrand. Ces documents, dont le plus ancien remonte à 1692, sont librement consultables.

Cote MC/ET/XXIX/1521, dossier 46, une petite centaine de brevets d'invention avec leurs pièces justificatives : mémoires, croquis, dessins, modes de réalisation, sa théorie et sa description du modérateur isochrome à force centrifuge, etc.

Cote MC/ET/XXIX/1526, dossier 127, plusieurs pièces de Georges Clairin, dont le brouillon de son testament, ses comptes, la vente de son atelier et toute la correspondance autour.

Cote XXXVIII/903/B, plusieurs pièces dont de nombreux brevets (premier violon en 1815, Légion d’honneur en 1823, etc.) et toute la correspondance autour de sa carrière puis de la liquidation de sa succession en 1849.

Cote MC/ET/XLIX/1391, une centaine de pièces sur l’hôtel de Sagonne de la rue des Tournelles, dont des titres de propriété originaux, des contrats d’acquisition, de partage, d’adjudication et de vente, ainsi que des mémoires d’ouvrages et de travaux, ou des privilèges du droit sur les voitures et des concessions des eaux accordées par la ville, et autres papiers de gestion du XVIe siècle à 1820 environ.

Callier de Saint-Apollin, Hubert : http://fr.wikipedia.org/wiki/Hubert_Callier
Cote MC/ET/LIV/1170, une trentaine de pièces de 1798 à 1821, sur Hubert Callier de Saint-Apollin, général de brigade, baron d’Empire, etc.

Contades, Louis Georges Érasme de : http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Georges_%C3%89rasme_de_Contades#cite_ref-5
Cote MC/ET/LIV/1171, une trentaine de pièces du XVIIIe siècle sur le maréchal Louis Georges Érasme de Contades et sa famille dont un extrait du procès-verbal d’apposition et levée des scellés après-décès, le brouillon d’inventaire après-décès de la maréchale, des extraits de registres d’état-civil, des mémoires, des titres, de la correspondance, etc.

Cote MC/ET/LVII/1029, toute une correspondance de Joseph Félix Bouchor avec ses éditeurs, dont Armand Mandelbrod à Lyon, etc., le dossier contient également quelques cartes postales reproduisant certaines de ces œuvres, des catalogues d’expositions montées à Lyon, en Suisse et aux États-Unis (catalogues aussi rédigés en anglais) ainsi que quelques affiches y relatives (en allemand).

Outre les papiers personnels de Louis Antoine de Bougainville conservés aux Archives nationales sous la cote 155AP, on trouvera également sous la cote MC/ET/LXVIII/743, un dossier sur lui : certificats de résidence, formulaires de radiation de la liste des émigrés, correspondance sur des achats de livres, brouillons de minutes de rédaction de sa succession, etc. (1789-1812).

Moreton de Chabrillan, maison : https://fr.wikipedia.org/wiki/Aim%C3%A9_Jacques_Marie_Constant_de_Moreton_de_Chabrillan
Cotes MC/ET/XCI/1917 et 1918, nombreuses pièces sur la généalogie de la maison de Moreton et de Chabrillan ainsi des pièces extraites (ou pièces en double) du dossier administratif (ordres de services, certificats, etc.) du comte Aimé Jacques Marie Constant de Moreton de Chabrillan, officier d’ordonnance et chambellan de Napoléon.

Fririon, François Nicolas : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Nicolas_Fririon
Cote MC/ET/CVI/685, une nombreuse correspondance ainsi que des pièces inédites sur le général François Nicolas Fririon telles des titres et des donations de biens en Hanovre ou cette pièce sur l’achat d’une terre labourable à Schiltigheim (Bas-Rhin) et de nombreuses lettres adressées de Pont-à-Mousson (Meurthe), etc.

Pilule mercurielle : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pilule_mercurielle
On trouvera également aux Archives nationales de France, sous la cote MC/ET/CVI/879, une recette de la main propre d’Antoine Belloste de la pilule mercurielle...très amusant.

Cote MC/ET/CVIII/832 un petit dossier de Jacques Louis David contenant une vingtaine de pièces authentiques de 1792 à 1815 sur ses différentes nominations (député à la Convention nationale en septembre 1792, membre de l’Institut en l’an III, légionnaire, officier et commandant de la Légion d’honneur, comme premier peintre, etc.) ainsi que des documents sur son domicile politique à Ozouer-le-Voulgis ou différents diplômes à lui octroyés, comme celui, inédit, de professeur à l’Académie des Beaux-Arts de Florence en 1810, etc.

Cotes MC/ET/CVIII/840-MC/ET/CVIII/845 : documents remontant à 1254 sur la sirie de Lesparre, essentiellement sur les droits de civadage, guet, garde, fromentage, padventage et autres devoirs dus aux seigneurs mais aussi de lièves des cens ou des documents sur les dons par Henri VII, roi d’Angleterre, au comte de Huntingdon, etc.

Cote MC/ET/CXVII/1045 : correspondance qu’entretient Balthazar Joseph Emond d'Esclevin avec son épouse notamment, entre le 13 septembre 1811 et le 15 novembre 1813.

Cote MC/ET/CXVII/1058 : gros dossier « Halévy » contenant des pièces sur des conventions et ses comptes avec les éditeurs de musique, entre autres, entre 1852 et 1862, etc.

Ney, Edgar Napoléon Henry : https://fr.wikipedia.org/wiki/Edgar_Ney
Cote MC/ET/CXVII/1068 un dossier sur Edgar Napoléon Henry Ney contenant les résultats des recettes et dépenses du domaine des Coudreaux (Eure-et-Loir) jusqu’en 1813, une correspondance de 1804 à 1817 ainsi que ses dotations en Hanovre, en Westphalie, du Mont-de-Milan (1806-1861) et son acte de décès en octobre 1882.

Cotes MC/ET/LXXXVIII/1181, 1195, 1266-1293 et MC/ET/CXVII/1046 de gros dossiers sur le partage de la succession de et de son fils Samuel Jacques Bernard, dont les inventaires après décès, les comptes des recettes et dépenses ou encore de nombreux extraits de livres courants, etc.

Cote MC/ET/CXVII/1073 : documents concernant les anciennes seigneuries de Bourgogne (documents du XIVe siècle) sur Island (autrefois Island-le-Saulsois), Pisy (autrefois Pizy), Champ-Gachot, et autres lieux dans l’arrondissement de l’actuel Avallon (Yonne).

Cote MC/ET/CXVIII/912 : documents concernant la construction du canal de Briare notamment des titres de propriétés anciens des frères Boutheroüe (1637), un traité d’association pour le canal « de Loyre en Seine » (18 mars 1744), etc.

Cote MC/ET/CXVIII/912 un dossier relatif à l’impression de l’ouvrage « Anatomie de l’homme (...) » de Jules Cloquet paru en 5 volumes entre 1821 et 1831.

Vimeur de Rochambeau, famille : https://fr.wikipedia.org/wiki/Famille_de_Vimeur
Cote MC/ET/CXVIII/913/A un dossier « Rochambeau » contenant des pièces sur les familles de Vimeur de Rochambeau, d’Harville des Ursins de Traisnel, Roques de Clausonnette : comptes, ventes, quittances, testaments, inventaires après-décès, successions, autorisations, donations, partages, procurations, correspondance, etc., du XVIIIe au XIXe siècle.

Cotes MC/ET/CXXII/1002-MC/ET/CXXII/1004 des pièces du XVIIIe au XIXe siècle sur les états de services de Joseph d'Hémery (dont des contrats d’acquisition de diverses charges), des mémoires d’ouvrages (de vitrerie, de serrurerie, etc.) concernant sa maison à Belleville, des pièces de procédure, etc.

Cote MC/ET/CXXII/1015 : inventaire des papiers et prisés du mobilier déposés rue du Bouloi et dressé en 1660 par Jean Munyn, huissier sergent à verge juré priseur, vendeur de biens meublés (pièce numéro 13).

Cote MC/ET/CXXII/1018 une vingtaine de lettres reçues par lui entre 1797 et 1820 et adressées notamment par son cousin Vale.

Cote MC/ET/CXXII/1024, pièce 45 : contrat de mariage entre Augustin Allan et Louise Rosalie Ross, dite Despréaux, tous deux artistes au théâtre du Gymnase (2 août 1832).

Etc.

mercredi 22 juillet 2015

Le fantôme de Coyecque



En poursuivant la rédaction de notre instrument de recherche sur les «Mélanges» du Minutier des notaires, j'ai trouvé cet été, dans une liasse de MC/ET/XCIV/622, une fiche de déplacement communément appelée fantôme au nom d’Ernest Coyecque, le père fondateur du Minutier des notaires de Paris, et qui hélas, n'a jamais réintégré le dossier (ou la pièce?) «Enfants trouvés» pris dans la dite liasse.


Comme chacun le sait, un fantôme est une fiche mise à la place d’un document extrait du carton ou du dossier auquel il appartient, et ce, pendant toute la durée supposée de sa «communication»...notre fantôme est assez jeune, il n’est vieux que de 76 ans (la fiche est du 23 août 1939).


Je me demande quel service détient le fantôme le plus âgé ?

mardi 8 juillet 2014

Qui êtes-vous Charles Louis Viel-Cazal ou Vielcazal ?



Dans la série des «Mélanges» du Département du minutier central des notaires de Paris, sous la cote MC/ET/XXIX/1527, dossier 133/24, on trouve des coupures de presse concernant Viel-Cazal, Charles Louis, artiste peintre né le 25 septembre 1825, décédé à l’âge de 64 ans (ce qui donne 1889). Outre une donation datée du 7 octobre 1869 (notaires Vassal et Charlot, 58 bd de Sébastopol) dans la quelle il laisse à son épouse Claudine Chevy tous ses biens meublés et immeubles, ce dossier contient donc de nombreuses coupures de presse.

On y apprend que Viel-Cazal était un «artiste des plus médiocres» [ça commence bien !] (Le Courrier des arts, 13 mars), que «son nom n’est pas de ceux que la postérité retiendra (…), les futures histoires des peintres, même les minutieuses, l’omettront sans aucun doute (…) il a été pourtant de ceux dont on a dit pendant quelques jours « un nom à reteniril y a longtemps de cela, c’était en 1863, année où l’on vit pour la première fois deux Salons ensemble»… (Le Temps, 12 mars).

Cet artiste donc, «qui peignit de nombreuses études de chevaux, avait vu ses envois refusés, plusieurs années de suite par le jury du Salon (…) pourtant il en força les portes en déclarant aux jurés qu’il se brûlerait la cervelle sur le champ s’ils n’accepteraient pas l’œuvre qu’il soumettrait à leur appréciation… (Le Soleil, 12 mars), et «comme on le savait résolu à tenir parole, on préféra l’admettre malgré les incorrections toujours très grandes de son dessin…M. Viel-Cazal était âgé de soixante-quatre ans» (Le Moniteur universel, 10 mars)…et ainsi de suite dans toutes les coupures…

Je me suis tout de même renseigné sur la toile et effectivement sur les «images» à l’entrée «viel-cazal charles louis» je ne trouve qu’une représentation au Musée national du château de Bois-Préau d’un Empereur haranguant les traînards de l'armée, près de Smolensk par Charles-Louis Vielcazal, salon de 1865, huile sur toile, avec cette notice «(…) son tableau ne fut pas acheté par l'Etat. Il a cependant été gravé dans "l'Autographe au Salon" ce qui montre qu'il fut remarqué. Avant tout, excellent dessinateur de chevaux, l'artiste a ensuite continué à peindre des scènes plutôt anecdotiques qui ne lui ont pas apporté la notoriété espérée.» (source : http://www.musees-nationaux-napoleoniens.org/pages/page_id19343_u1l2.htm consulté en juillet 2014).

Aucune entrée non plus dans les Autorités BnF et aucune non plus sur Wikipédia…qui veut se lancer?..



mardi 24 septembre 2013

L’intérêt historique des dossiers de clients du Minutier central.

Faire-part de décès, 10 mai 1888, XXXI, DC2

Dans le billet précédent , nous avons défini les dossiers de clients au Minutier central ainsi que leur contenu, voyons à présent leur intérêt pour l’histoire.

Contrairement à la sélection «bibliothéconomique» de Coyecque (qui, rappelons-le, avait commencé sa carrière à la Bibliothèque nationale avant un bref passage aux Archives de la Seine, voir sa notice sur Wikipédia), les dossiers de clients répertoriés dans les carnets laissées par son successeur, Marie-Antoinette Fleury, sont le résultat d'une sélection archivistique. D’après une note du 18 novembre 2004 laissée par mon collègue Joël Poivre, les critères retenus à l'époque étaient les suivants : élimination des «petits dossiers» (informations peu intelligibles et peu instructifs) conservation des dossiers de personnalités connues ou de personnes ayant exercé des fonctions relativement élevées (exemple : ambassadeur, officier, parlementaire, membre des juridictions, ministres du culte, chef d'entreprise, archiviste et bien sûr aussi notaire), conservation des dossiers d'entreprises, conservation des dossiers contenant des pièces d'origine étrangère (en particulier les actes d'état civil).

Que trouve-t-on aujourd’hui dans ces dossiers ? Sont-ils utiles à l’histoire ? 
La très grande majorité sont des dossiers de succession avec correspondance active et passive de l'étude avec les héritiers, les créanciers, les débiteurs, les administrations fiscales, etc, des titres de propriété, des testaments, des contrats de mariage, des actes liquidatifs de succession, inventaires après décès et papiers trouvés au domicile du défunt (lettres privées mais aussi tickets de théâtre, de métro, carnets de blanchisserie, carnets de chèques ? etc.

Contrat de mariage, 6 juin 1862, XXXVI, DC3
" (...) la future épouse aura pour son entretien et sa dépense personnelle une pension annuelle de 4000 F, etc."

On y trouve donc, surtout pour les familles propriétaires de biens et de domaines immobiliers depuis très longtemps (ou même plusieurs siècles pour les «grandes familles»), des titres de propriété et d'autres documents privés remontant jusqu’au Moyen Âge…une manne pour le généalogiste.

Pour les dossiers de clients créés à l'occasion de la préparation d'un seul acte (vente, contrat de mariage, etc.), ce sont des ensembles généralement peu volumineux, parfois même réduits à deux ou trois pièces. La valeur informative, et, partant, l'intérêt historique, de ce genre de dossier est quasi nulle d’après Joël Poivre. Pour autant leur intérêt ne sera pas négligeable parce que dans les actes de vente on trouvera des correspondances avec d’autres acteurs (banques ayant prêté ou non à l'acquéreur, administrations, etc.), on y trouver des plans, ses anciens titres de propriété qui ont été utilisés pour la rédaction de l'acte et qui contiennent souvent des renseignements qui n'ont pas été repris dans celui-ci, des conventions de mitoyenneté, de cour commune, de passage, etc. auxquels l'acte d'acquisition se borne parfois à faire seulement référence, etc.

Les dossiers de faillite, quant à eux, constituent une catégorie à part mais qui ressemble beaucoup à la précédente quant à la pauvreté de leur contenu. Ils ne contiennent en effet guère plus que l'avis d'adjudication et les journaux dans lesquels il a été publié, et de plus il faudrait vérifier ce qu'apportent ces dossiers par rapport à ceux conservés aux Archives de Paris beaucoup plus riches.

En règle générale donc, chacune des affaires confiées au notaire comporte une volumineuse correspondance et les pièces utilisées pour la rédaction des actes, qu'il n'a pas toujours été intelligent d'annexer à ceux-ci pour des raisons pratiques de volumétrie. On citera comme exemple plus particulier d'utilité des dossiers pour le généalogiste le cas des délibérations de conseils de familles lorsque l'une des parties ou l'un des héritiers est mineur, ces documents contiennent de nombreuses précisions sur les familles paternelle et maternelle, très précieuses pour le généalogiste. De plus, les dossiers de correspondance et d'enquête fourmillent de renseignements utiles.

Quel type de tri appliquer aux dossiers de succession (la typologie la plus représentée des dossiers de clients) et qui présentent une valeur informative réelle ? Si je me réfère à la synthèse du groupe de travail des archivistes et des statisticiens réunis de septembre 2011 à octobre 2012 pour la dernière touche de leur «Circulaire définissant les règles et la méthodologie pour l'évaluation, la sélection et l'échantillonnage des archives publiques», il faudrait abandonner les anciennes méthodes (jugées «peu scientifiques») et privilégier l'échantillonnage systématique pour réaliser des échantillons plus exploitables par les chercheurs. Mon collègue Poivre avait, dans son temps, proposé la constitution d'un échantillon «selon des critères objectifs et d'application aisée» et suggéré les critères suivants. Seraient conservés : les dossiers de personnalités (ou de familles) ayant une notoriété reconnue (vérifiable, par exemple, par le recours à des dictionnaires biographiques ou selon les fonctions exercées) ; les dossiers des personnes dont le nom commence par les lettres A,B, E, R, T, N (autrement dit, un critère aléatoire, d'application «automatique», permettant d'obtenir une certaine représentativité de l'échantillon). Quant aux dossiers d'entreprises, autres que les dossiers de faillite, un examen plus poussé devrait être entrepris.

Comment les communiquer ?

Le statut «archives privées» des notaires soulève au moins deux questions : qui en est le propriétaire et quelles règles de communicabilité leur appliquer ? Toujours d’après cette note de 2004 laissée par mon collègue Joël Poivre, la question de la propriété n'est pas aussi simple qu'on pourrait le penser par ce que, si les brouillons d'actes, la correspondance active et passive, les comptes de l'étude appartiennent, à l'évidence, à l’étude, on ne saurait en dire autant des papiers divers confiés par les familles au notaire, ou pris par celui-ci au domicile d'un défunt et qui deviennent, après un laps de temps plus ou moins long propriété de l'étude (en théorie)...Donc, s'agissant d'archives privées, les règles de communicabilité doivent être fixées contractuellement avec le propriétaire (mais quel «propriétaire» ?).

Bref, une méthode de sélection et d'échantillonnage doit être mise au point alors que le Minutier s’apprêtera à recevoir de nombreux mètres linéaires de dossiers de clients en provenance de Fontainebleau, de Roubaix et bientôt des études elles-mêmes qui ont commencé, rappelons-le, leurs premiers versements aux Archives nationales. En effet, depuis le début de cette année 2013, près de 2 km.l. ont été versés par une trentaine d’études…2 km.l. de minutes exclusivement, il n’y a pour le moment, aucun répertoire ni aucun dossier de client, mais ça viendra…

mercredi 11 septembre 2013

Que sont les "dossiers de clients" du Minutier central des notaires de Paris?

"Prière de ranger ce répertoire", étude de Me Dufour
un répertoire sur les "dossiers clients" (assez rare!)

Des documents produits par les notaires, on connaît les minutes (qui ne sont plus à présenter) ainsi que les répertoires (registres établis par eux et où ont été relevés, dans l’ordre chronologique, tous les actes passés dans leur étude et qui indiquent date, nature de l’acte et noms des principales parties concernées...en somme, c’était dans le temps, des instruments de travail qui nous servent aujourd’hui d’instruments de recherche).

Minutes et répertoires donc. Mais que sont les dossiers de clients au Minutier central ?

Ces documents sont en fait constitués par les notaires pour préparer leurs actes. Ils contiennent donc des pièces relatives aux affaires traitées et, parfois, des documents annexes tels des arbres généalogiques, des titres, etc., confiés par les clients et restés, de fait, à l'étude car jamais réclamés par leurs déposants (en toute rigueur, ces papiers auraient dû être restitués aux familles, mais celles-ci ne les ayant pas réclamés, parce qu'elles estimaient que l'étude du notaire était encore le lieu le plus approprié à la conservation de leurs archives familiales, les ont laissé au notaire…pourrait-on, en conséquence, des années plus tard, considérer que «possession vaut titre», que ces papiers deviennent, après un laps de temps plus ou moins long propriété de l'étude !).

Les déposants en question sont des personnes physiques, des familles ou des entreprises.
Et contrairement aux minutes et répertoires (archives publiques), on a affaire ici à des archives privées (pas de versements systématiques ou réglementaires donc).
Ces dossiers ont reçu une cote MC/DC [pour Minutier Central/Dossier Client] (les répertoires sont cotés MC/RE et les minutes et MC/ET).

Ainsi, eu égard leur intérêt historique (on le verra par la suite), les responsables du Minutier central, à commencer par Ernest Coyecque, depuis la création du Minutier central, puis par Marie-Antoinette Fleury (tous deux étaient des «archivistes-conseils» de la Chambre des notaires, le premier jusqu’en 1954 et Marie-Antoinette Fleury de 1954 à 1976), se sont efforcés d'obtenir la remise aux Archives nationales de ces nombreux dossiers de clients, que les notaires, en principe, détruisaient au bout de 30 ans…

Exemple d'une cote d'une pièce d'un dossier de client
ici DC 1 de l'étude XLVIII


Or, comme on l’a dit, ces dossiers contiennent des pièces relatives à des affaires précises, mais aussi des documents qu'on pourrait qualifier d'archives privées des notaires (comptabilité, dossiers du personnel, etc.). À côté de ces archives «administratives» de l'étude, on trouve des documents sur les dossiers de succession (de loin les plus nombreux aujourd’hui), des dossiers de préparation d'un acte isolé (contrat de mariage le plus souvent), des dossiers de faillite de sociétés, etc.

Des documents de ce type sont donc parvenus au Minutier central en même temps que les premiers dépôts de minutes. Ils forment aujourd’hui une série intitulée «Mélanges» (près d’un millier d'articles provenant de 82 études mais avec des groupes documentaires d'inégale importance) dont certains documents remontent au Moyen Âge : documents de 1100 pour l’étude XLIX, de 1171 pour les études CXXII et LXXXII, de 1209 à 1317 pour les études C et XCI, documents de 1423 pour l’étude XCIV, etc., mais la majorité date surtout des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. Ce groupe documentaire intitulé «Mélanges» est doté d'un inventaire dactylographié dit «Inventaire des mélanges» suivi d'un index consultable dans sa forme matérielle dans la salle des inventaires et se présente de la manière suivante:

ET/II/960. Dossier Berbier (1477-1699).
(…)
Seigneurie de Brunetel, le Mesnil près Brunetel ; Courcelles près Bar-sur-Aube, Rouvay : ventes, contrats de mariage, reconnaissance de censives, échanges, accord, élection de tuteur et curateur, quittance.
Déclaration d’une rente de 6 livres 5 sols grevant un jardin sis à Mantes, rue Gateville, en raison d’un legs de Jacques Havard, curé de Guernes, aux églises de Saint-Martin de la Garenne et de Guernes (1726).
Bail d’une maison à Limay, rue du Bout-du-Pont (1773).
Contre-lettre d’un pseudo prêt de 10.000 livres (1725).
Pièces concernant Gabriel-Joseph Dubois, maître tailleur d’habits (1773).

etc.

Mais revenons aux dossiers de clients. Comment avaient-ils été constitués ? Comment sont-ils traités aujourd’hui ? Que trouve-t-on aujourd’hui dans ces dossiers ? Comment les communiquer ?

Pour les premiers dossiers de clients, Ernest Coyecque eu une démarche de «bibliothécaire» (il avait en effet commencé sa carrière à la Bibliothèque nationale avant un bref passage aux Archives de la Seine, voir sa notice sur Wikipédia http://fr.wikipedia.org/wiki/Ernest_Coyecque ).
Cette approche volontairement documentaire est à l’origine de cet «Inventaire des mélanges» car tout en travaillant au versement des minutes et répertoires, il a extrait de ces dossiers des documents isolés qu'il considérait comme présentant un intérêt particulier. D'où le nom de «mélanges» donné à l'ensemble ainsi constitué de dossiers anciens (antérieurs aujourd'hui à 1920) et qui renferment des pièces dont l'intérêt documentaire (et non historique, comme on l’entendrait aujourd’hui) a exigé leur conservation au Minutier central des Archives nationales.

Ça c’était le passé. Les dossiers de clients entrés par la suite ont, quant à eux, été partiellement traités (tri sommaire, répertoire et fichier, mise en cartons) de 1976 à 1989 par Hélène Legrand. Et au départ de cet agent, l'opération ayant été arrêtée, les cartons ont été montés dans un grenier puis déposés à Fontainebleau parce qu’au début des années 2000, le grenier du Minutier était dans une situation désastreuse : à l’exception de ceux rangés dans des boîtes Cauchard ou des Dimab, les dossiers de clients étaient entassés dans des cartons de déménagement, souvent éventrés ou dans de grandes caisses en bois à claire voie, il y avait des papiers en vrac partout, des documents dispersés avec de la poussière grasse accumulée sur tout sans compter les indéniables actions de vandalisme (il semblerait, mais aucun des agents actuels du Minutier n'en garde de souvenir, des personnes non identifiées se seraient introduites dans le grenier et avaient coupé les sangles ou les ficelles entourant les liasses, mélangé les dossiers, dispersé les documents pour rechercher…autographes de personnalités, plans et dessins originaux, manuscrits ou timbres !). Dommage que personne n’a songé à prendre des photographies de ce grenier...

La question qu’on est en droit de poser aujourd’hui est quel genre de tri appliquer dorénavant ? et d’abord ces dossiers ont-ils réellement un intérêt historique ?
On le verra dans un prochain billet…

mardi 16 juillet 2013

Le château de Berny est-il à Antony ou à Fresnes ?

Le château de Berny vers 1640, vue d’un artiste contemporain (aquarelle de Christian Bénilan)
http://christianbenilan.wifeo.com/hauts-de-seine-sud.php
C’est par hasard que je trouve sur le site de Christian Bénilan ainsi que sur celui des Hauts-de-Seine, à la rubrique châteaux disparus des Hauts-de-Seine, qu’il existerait à Antony…un «château d’Antony».

Bigre ! cela demande explication…en fait, renseignement pris, il ne s’agit que du château de Berny (de ce qui reste du château pour être précis) et situé à Fresnes, limitrophe d’Antony.

Sur le site de Fresnes on nous informe que ce château «[a été] très largement démoli à la Révolution [et] il ne resterait aujourd’hui que le mur pignon de l’aile nord»...mais à quel endroit ? le site ne l’indique pas, et c’est finalement sur le site du Petit Patrimoine (http://www.petit-patrimoine.com/) qu’une «façade intégrée dans une résidence» est localisée au 6 promenade du Barrage (coordonnées GPS : N 48.75925° E 002.31320°) comme seul vestige de l’ancien château, avec, soit dit en passant, d’excellentes photographies de la dite façade.


Façade du reste du château de Berny
intégrée dans une résidence

Source : Structurae
http://fr.structurae.de/photos/index.cfm?id=18994

D’autres photographies sont également disponibles sur Structurae, la base de données internationale du patrimoine du génie civil http://fr.structurae.de/, lequel site donne aussi une chronologie succincte de l’édifice ainsi qu’une bibliographie sommaire.

Sur l’histoire du château de Berny, voyez en long et à travers les nombreux copier-coller qu’on trouve sur tous les sites et qui reprennent la même litanie : c’est à François Mansart, alors âgé de 26 ans, que les Brûlart de Sillery, seigneurs de Berny, confient la construction du nouveau château vers 1630-1635. Puis, Pomponne de Bellièvre, président du parlement de Paris, son nouveau propriétaire en 1646, poursuit son embellissement…. C’est le marquis de Fresnes, Hugues de Lionne, qui l’achètera en 1653 pour être ensuite revendu à l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés en 1682, puis à Louis de Bourbon-Condé en 1718 jusqu’à ce qu’il soit vendu comme bien national à la Révolution et démoli à partir de 1808...

Ne subside alors que le parc (entièrement sur Antony) et une façade (à Fresnes)…en définitif, personne n’a donc tort, le château de Berny et son parc se trouvaient à la fois à Antony et à Fresnes.

Sur Antony, le parc devient un champ de courses de chevaux puis est vendu en parcelle comme l’atteste les très nombreuses affiches de vente du premier XXe siècle qu’on peut encore voir à l’Atelier-Musée du pays d'Antony (AMPA) au sous-sol de la Maison des Arts, parc Bourdeau, rue Velpeau (face à la gare), voir aussi leur site http://appa.antony.free.fr/index.html.






Tout le long du XXe siècle, ce champ de course sera ainsi progressivement loti au gré des ventes des terrains de l’ancien domaine de Berny, à une période où la demande de terrains à bâtir dans cet endroit bien desservi par des lignes de chemin de fer (argument mis en avant par cette affiche) et qui entraîna comme aujourd’hui, une spéculation immobilière sur toute la commune d’Antony. On donnera ensuite les dénominations qu’on connaît (avenue Victor-Hugo, rue de l’Ancien-Château, etc.).

L'avenue Victor-Hugo, ancien parc du château de Berny
et ancien champ de course loti au début du XXe siècle.

 Le château quant à lui, sera démoli donc à la Révolution et il ne resterait aujourd’hui que la seule façade d’une aile coincée entre la rue de l'Ancien Château (à Antony), la rue Jules Guesde (à Fresnes) et la Promenade du Barrage (à la fois à Antony et à Fresnes)…

Bref, laissons aux spécialistes de décider si le château de Berny est à Antony ou à Fresnes et intéressons-nous plutôt aux actes du Minutier central des notaires de Paris concernant ce château disparu.

Dans la base Minutes (encore consultable au Caran mais bientôt intégrée dans la SIA/SIV des Archives nationales, voir nos précédents billets sur cette migration), on trouve une trentaine de références sur «Berny» et «château» (un peu plus de 250 références en cherchant sur «Berny» seul).
Voici ces actes par ordre chronologique, suivis des cotes entre parenthèses :


  • Sur Brulart (Pierre) chevalier, vicomte de Puisieux, conseiller du Roi, premier secrétaire de ses commandements : devis et marché de maçonnerie par François Boullet, maçon juré à Paris, pour le château de Berny, appartenant à Pierre Brulart, et acceptant par Charlotte d'Étampes, son épouse et procuratrice dudit seigneur, moyennant 26 livres la toise (avec plusieurs quittances et mainlevée de Pierre Brulart), 27 novembre 1623 (MC/ET/XXIV/311).
  • Sur un certain Guillaume Blondeau carrier à Gentilly, qui promet à François Boullet, maçon, de fournir toutes les pierres destinés à la construction du château du Berny, 30 décembre 1623 (MC/ET/XXXIX/655).
  • Une constitution de rente par Pierre Brulart, chevalier, vicomte de Puisieux, premier secrétaire de ses commandements, et Charlotte d'Étampes de Valencay, son épouse, à présent en leur château de Berny près de Paris, à Auguste Galland, conseiller du Roi en ses conseils d'État et privé, et son procureur général en sa maison de Navarre, demeurant rue du cimetière Saint-André-des-Arts, de 200 l. de rente appartenant à Pierre Brulart comme héritier de défunts Nicolas Brulart, chancelier de France et de Navarre et Claude Preudhomme, son épouse, ses père et mère, moyennant 3 326 l., sur le même acte, un mariage de Marthe Laloy, au service de Pierre Brulart, en leur présence, 18 octobre 1625 (MC/ET/XXIV/315).
  • Une constitution de rente du 4 juin 1625 par Charlette d'Étampes, épouse et procuratrice de Pierre Brulart, à Charles Sanguin, écuyer, de 500 l. Autre rente, moyennant 8000 l. avec en marge du 20 août 1627 d’un rachat par Pierre Brulart (MC/ET/XXIV/314).
  • Un marché conclu par Boullet (François), juré en maçonnerie, pour deux voituriers par terre à Paris pour enlever les recoupes de pierre de tailles qui se trouvent dans la principale cour du château de Berny où est le bassin de fontaine, 6 janvier 1626 (MC/ET/XXXIX/58).
  • Une constitution de rente par Nicolas Mennessier, faisant les affaires de Pierre Brulart, à Jacques Amelot (et à la suite : un rachat par Pierre Brulart), une procuration de Pierre Brulart audit Mennessier du 15 janvier 1626 (MC/ET/XXIV/316).
  • Un marché conclu entre Mathurin Delacroix voiturier par terre au faubourg Saint-Victor paroisse Saint-Nicolas du Chardonnet et Boullet (François) juré en maçonnerie pour enlever les recoupes de pierre de taille et autres gravois qui se trouveront dans la première cour du château de Berny et les transporter dans l'allée qui se fait dans le pré allant vers Fresnes moyennant 60 l., 28 janvier 1626 (MC/ET/XXXIX/58).
  • Un marché de ciment par Vatel (François) marchand cimentier demeurant en l'Ile Notre-Dame à François Guichard, maître paveur, pour le château de Berny, 3 février 1626 (MC/ET/XI/110).
  • Une obligation de François Guichard, maître paveur à Paris, envers François Vatel, marchand cimentier à Paris, de 250 livres en prêt et marché, pour ladite somme, de 10 muids de ciment de tuiles et que ledit Vatel s'engage à livrer au Château de Berny, à raison de 20 livres par muid, 3 février 1626 (MC/ET/XI/110).
  • Une constitution de rente par Charlotte d'Étampes, épouse et procuratrice de Pierre Brulart, à Vincent Nevelet, conseiller du Roi, auditeur en sa chambre des Comptes, de 500 l., 5 mai 1626 (MC/ET/XXIV/317).
  • Un bail par Nicolas Mennessier, agent des affaires de Pierre Brulart, chevalier, seigneur de Berny et autres lieux, pour 6 ans, à Nicolas Dollumier, charpentier-meunier à Palaiseau, d'un moulin à eau en la basse cour du château de Berny, moyennant 850 l. par an avec entretien du moulin et des eaux, 22 décembre 1626 (MC/ET/XXIV/318).
  • Un bail par Nicolas Mennessier, agent des affaires de Pierre Brulart, chevalier, vicomte de Puisieux, à Jean Gallier, Robert Geoffroy, Hiérosme Blondeau et Germain Gallier, tous laboureurs à Antony, des prés dépendant du château de Berny, 21 janvier 1627 (MC/ET/XXIV/319).
  • Un devis et marché par lequel Arnould Baroy maître serrurier à Fresne proche Berny promet à Anthoine Ruze, surintendant des finances de faire les travaux pour le château de Chilly, 11 avril 1627 (MC/ET/XIX/395).
  • Une procuration de Pierre Brulart, étant en son château de Berny, à son épouse pour recevoir de Jacques d'Étampes, chevalier, seigneur, Châtelet de Valencay, frère de ladite dame, ce qui lui revient des héritages de leurs défunts père et mère, suivant le contrat de mariage de Pierre Brulart du 11 janvier 1615, 15 avril 1627 (MC/ET/XXIV/319).
  • Plusieurs actes dont des comptes entre Pierre Brulart et Pierre Boullet, maçon, de travaux faits au château de Berny. (plusieurs quittances à la suite), mai 1627 (MC/ET/XXIV/320).
  • Des comptes entre Pierre Brulart, chevalier, vicomte de Puisieux, Charlotte d'etampes, son épouse, et des quittances entre Boullet (François), maçon, demeurant rue des Gravilliers sur tous les ouvrages de maçonnerie faits pour le château de Berny, non compris ceux faits aux fermes dépendant du château ; moyennant quoi il est dû 18 200, 15 juin 1627 (MC/ET/XXIV/320).
  • Un bail par Pierre Brulart, chevalier, vicomte de Puisieux conseiller du Roi, demeurant rue d'Orléans, paroisse Saint-Eustache, pour 3 ans, à Pierre Laurens, meunier du moulin de Berny et Geneviève Tranchart, sa femme, de 69 arpents 62 perches de prés dépendant du château de Berny à prendre depuis le versoir du pavillon descendant jusqu'au moulin, moyennant 20 l. par arpent et 2 douzaines de gros chapons par an, 22 décembre 1631 (MC/ET/XXIV/333).
  • Autre bail par Pierre Brulart, chevalier, marquis de Sillery, pour 3 ans, à Pierre Laurent, meunier du moulin de Berny et Geneviève Tranchart, sa femme, à Jean Crette chirurgien demeurant au Bourg la Reine et Claire Vare, sa femme, de 69 arpents, 62 perches de pré avec la tonture des saules, alentour des prés, dépendant du château de Berny moyennant 20 livres et 2 douzaines de gros chapons par an, 1er mars 1634 (MC/ET/XXIV/340).
  • Encore un autre bail par Pierre Brulart, chevalier, marquis de Sillery, pour 5 ans, à Pierre Laurent, meunier au moulin de Berny et à Jean Crette, chirurgien à Bourg-la-Reine, de prés aux alentours et dépendant du château de Berny, moyennant 22 l. par arpent, 7 janvier 1637 (MC/ET/XXIV/346).
  • Un transport par Pierre Brulart, chevalier des ordres du Roi, à Antoine Gallier et Claude Dorleans, sa femme, ses receveurs et fermiers de la terre de Fresnes, du revenu total des fermes, terres et dépendances des château, terre et seigneurie de Berny moyennant 11000 l. par an. et un bail par le même aux mêmes de la terre et seigneurie de Fresnes, moyennant 12 500 l. par an, 17 août 1639 (MC/ET/XXIV/415).
  • L’inventaire après décès de Pierre Brulart, chevalier marquis de Sillery, continué au château de Berny, plusieurs pièces de tapisserie, tableaux prisés par Nicolas Du Chastel et Augustin Quesnel, maîtres peintres à Paris, ornements de la chapelle prisés par Jacques Remy, maître brodeur à Paris rue Saint-Honoré, etc. 26 avril 1640 (MC/ET/XXIV/355).
  • Le contrat de mariage entre Pierre Blocteur, dit Bouton, concierge au château du cardinal de Bissy, Germigny, et Marie-Madeleine Cretté, veuve de Séverin Belligon, concierge au château du cardinal de Bissy à Berny, 25 août 1723 (MC/ET/I/312).
  • Autre contrat de mariage entre Louis Claudin, marchand, Germigny-l'Evêque, près de Meaux, et Marie-Anne-Henriette Beligon, fille de feu Séverin Beligon, concierge du château de Berny, Germigny-l'Evêque, près de Meaux, 13 avril 1736 (MC/ET/I/376).
  • Délégation par Jean-François Marteau, entrepreneur de bâtiments, envers Yves de Vanembras-de-Fourneaux, écuyer, architecte toiseur, de la somme de 986 livres 18 sols à prendre sur le prix des ouvrages faits par Marteau "pour les économats au château de Berny", pour s'acquitter envers Vanembras de la même somme "pour honoraires de toisé d'ouvrages", 22 janvier 1779 (MC/ET/XXVII/400).
  • Inventaire après décès de Joseph Cousin, ancien traiteur à Berny, veuf de Marie-Claude Aubert, demeurant en une maison dépendant du château de Berny, donnant sur le chemin de Choisy, 16 juillet 1782 (MC/ET/XXVII/425).
Avis aux amateurs d’histoire locale pour des histoires à venir donc…

Pour ma part, je me suis intéressé à l’acte du 6 février 1619 dans lequel Nicolas Brûlart procède à une donation-partage entre ses trois enfants : outre leur dot, les dames Dauvet et de Bellièvre qui recevraient après son décès, une somme de 30000 livres ainsi que l'une la baronnie de Boursault près d’Épernay estimées chacune à un revenu de 8.000 livres, le reste des biens, seigneuries comme valeurs mobilières, dont le chancelier conservait l'usufruit, devait revenir à son fils, Pierre Brûlart, vicomte de Puisieux (ET/MC/XXIV/306).

Plus tard, le 26 juillet 1620, le Chancelier faisait encore passer par son intendant un marché pour la construction d'une «grande basse-cour et d'une ménagerie» avec Claude David. Après le décès du Chancelier en octobre 1624, ce fut sa belle-fille, Charlotte d’Étampes de Valençay, qui passe le 27 novembre 1623 un énième marché de maçonnerie avec François Boullet, pour la construction d'un pavillon destiné à abriter un escalier selon «l'ichnographie, orthographie et scénographie faictz par François Mansart».
Et c’est trois ans plus tard que le chantier s'achevait après que le serrurier Barroy s'engage à fournir un balcon de fer forgé dans un énième marché dressé le 15 juin 1627 (MC/ET/XXIV/320) avec le maçon Boulet «moyennant quoi il est dû 18 200 £.» (c’est en effet le solde restant après imputation des acomptes parce que le montant total de la dépense n'y est malheureusement pas porté).

Avis aux amateurs d’histoire locale pour d’autres histoires à venir sur le château de Berny…

mercredi 5 juin 2013

Les placards de décès du Minutier central des notaires de Paris

Exemple d'un placard de décès

Le département du Minutier central des notaires de Paris procède en ce moment à la numérisation des placards de décès afin de les rendre accessibles en ligne. L’occasion pour moi de reprendre un ancien article de mon collègue Thierry Boudignon, avec son aimable autorisation va sans dire… un grand merci à lui.

Dans le temps, à Paris, on affichait (ou placardait) sur les murs des églises et dans les rues, des avis d'inhumation  pour inviter Messieurs et Dames à s'y trouver s'il leur plaist.
 
Ces placards sont, en général, rédigés de la façon suivante (voir l’image au-dessus):

Vous êtes priés d'assister au Convoy et Enterrement de feu Me THOMAS-SIMON PERRET, Conseiller du Roy, Notaire au Châtelet de Paris, Syndic de sa Compagnie, décédé en sa Maison, rue Coquillière; Qui se fera cejourd'hui Vendredi 12 Janvier 1753 à six heures du soir, en l'Eglise de Saint Eustache, sa Paroisse, où il sera inhumé.Un De profundis.

Ou encore cette curieuse cohabitation entre la "paroisse" et la "République Française":

Vous êtes priés d'assister aux Convoi et Enterrement de la Citoyenne Marie Anne LENGLET, Veuve du Citoyen Etienne-Pierre BOURSIER, ancien Marchand, décédée en sa Maison, Rue du Roule; Que l'on fera cejourd'hui Mardi 19 Mars 1793, l'an deuxième de la République Française, à quatre heures du soir, en l'Eglise de Saint Germain-l'Auxerrois, sa Paroisse.
DE PROFUNDIS. De la part des Citoyens ses Fils, des Citoyennes ses Brues, des Citoyens et Citoyennes ses Petits-Fils et Petites-Filles…

Plus tard, ces placards ont été utilisés à envelopper les liasses des minutes en raison de l'excellente qualité du papier. C'est cette collection factice de placards de décès qui a été constituée au cours des classements par prélèvement dans les fonds des études notariales aux Archives nationales.
On notera qu’on trouvera également des faire-part mortuaires en AD/XXJc/96 à 120 aux Archives nationales et en V.7 E aux Archives de Paris (et plus généralement en série J aux Archives départementales).

Ces placards indiquent le nom de la personne décédée, ses titres, profession et autres qualités (par exemple: marguillier de sa paroisse), le lieu de son décès, le jour, l'heure et le lieu de l'enterrement, c'est à dire le plus souvent sa paroisse.
De plus, et c'est ce qui en fait tout l'intérêt de ces placards, ils sont ornés d'une vignette ou lettrine. Ces gravures sur bois, sans prétention artistique particulière, représentent la mort de façon imagée.
Si ces placards concernent par nature une personne précise, les lettrines sont d'un usage plus général. On trouve la même lettrine sur des placards différents. Celles-ci ne sont pourtant pas uniformes et présentent une certaine variété. Existe-t-il une relation entre la qualité des personnes et l'image choisie? Thierry Boudignon ne semble pas convaincu.

À partir de cette collection de 7000 documents environ, on peut dégager quelques grands types de figuration de la mort et de montrer d'éventuels rapports entre elles.
Les premiers placards remontent au règne de Louis XIII. D’abord de petite taille, à peu près analogues à de simples faire-part, et sans ornementation, ils prennent leurs dimensions moyennes actuelles (50 cm x 40 cm) au début du règne de Louis XIV. On voit alors apparaître les premières lettrines et vers la fin du XVIIe siècle, les vignettes se diversifient.
La Révolution les fera disparaître dans le courant 1793 et s'ils réapparaissent sous l'Empire, c'est avec une iconographie bien différente. Il s'agit principalement de bourgeois: bourgeois de Paris, Marchand, officiers au Parlement ou au Châtelet de Paris, etc.
Mais bientôt, la figuration évolue et se complique. Les vignettes nous montrent alors de véritables petites scènes telles que la résurrection des morts, une danse macabre ou, comme dans celle-ci, une confrontation dramatique avec la Mort qui vient troubler une méditation à la lueur d'une bougie (1764).
 

 
On avait aussi l'habitude de représenter ces mausolées, comme d'autres images, d'une certaine manière et avec un certain sens de l'esthétique sans qu'on y mette une signification précise et voulue. Ici, ces triangles sont l'image stylisée de supports surmontés d'une urne, objets que nous retrouvons souvent dans d'autres vignettes. À leur place, nous avons vu également des squelettes mais aussi des cierges tout simplement. Pour ce qui est de la forme, des divisions du triangle, du nombre de larmes etc., il existe de nombreuses variantes.

Voici une autre représentation où le nombre de larmes et de boules est différent. On notera surtout la présence d'un cadre qui entoure la vignette. Cette bordure est composée de feuillages mais les éléments traditionnels, larmes, têtes de mort et os entrecroisés peuvent également y figurer. Quelquefois tous ces éléments sont mélangés et forment un ensemble très varié. Le mausolée est aussi présent. Les origines de ce tableau ont été étudiées ici même.


 
Sa description est la suivante: A l'occident sera placé sur le mur ou en relief un Mausolée consistant en une urne sépulchrale posée sur une base triangulaire à trois faces. Dans chaque triangle il y aura trois boules, dans les trois angles, au dessous du triangle, reposant sur des ossements; de l'urne sortira une vapeur enflammée, avec l'inscription: Deponit aliena, ascendit unus. Au dessous, dans le triangle, on lira ces mots: Tria formant, Novem dissolvunt.
 

Dans cette vignette des années 1770/1780, le mausolée, au centre de l'image, est surmonté d'un triangle. On note, pour mémoire, la présence de la tête de mort et des os. On remarque aussi l'urne tenue par une femme. Le mausolée est placé dans un édifice éclairé par des fenêtres et soutenu par des colonnes ce qui suggère l'intérieur d'une église, autrement dit un temple. C'est au centre du temple, de la Maison, que la mort se transforme en résurrection.

Il faut souligner ici le fait que ces vignettes contiennent assez peu de références directes au christianisme. Le seul symbole parfois utilisé est la croix. Sans doute ces placards expriment-ils l'aspect social de la mort et non son aspect proprement religieux. Il y a là une distinction que la franc-maçonnerie, institution sociale s'il en est, semble avoir respecté. Si la franc-maçonnerie est d'inspiration religieuse, elle n'est pas une religion. Nous avons tout de même trouvé quelques vignettes ayant une thématique purement chrétienne.


En voici une de 1766, une illustration de Jn, 12, 24. Avant la Passion, à son entrée à Jérusalem, Jésus annonce sa glorification par sa mort en disant: Si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il reste seul; s'il meurt, il porte beaucoup de fruit. Sur la vignette on voit un semeur et cette inscription: Si le grain n'est mis en terre il ne peut porter de fruit. La mort est présentée ici comme le passage vers la vraie vie.


Celle-ci, de 1760, représente le Christ au moment de la résurrection avec cette inscription: La foy des vivons l'espérance des morts. On voit le Christ qui sort victorieux du tombeau. Celui-ci est ouvert, la pierre tombale, qui est de côté, porte la mention: Non est hic, Il n'est plus ici. Un ange est près du tombeau tandis qu'un soldat s'enfuit en jetant son épée. Cette figure montrant le moment même de la résurrection est aussi l'objet de nombreux tableaux maçonniques.


La dernière vignette nous montre le Christ ressuscité veillant un cadavre placé dans un linceul quasi identique au drap (...) traversé d'une grande croix qui le recouvre...

De milliers d'autres vignettes sont en cours de dématérialisation et d’analyse sommaire (noms, lieu, dimensions, etc.). Attendons donc la fin de cette opération et de leur mise ligne sur le site des Archives nationales pour les étudier enfin.