mardi 25 juin 2013

SOSIE : élaborez votre IR en OpenOffice, on se charge de le transformer en XML/EAD…

Source de l’image : "Manuel de l’utilisateur Sosie", édition 2010

Comme je l’avais fait (voir les précédents billets) pour les applications ETAREP ou ETANOT telles qu’on pouvait encore les consulter jusqu’à la fin 2013 avant la «salle des inventaires virtuelle» (SIV) des Archives nationales (modification drastique de la précédente configuration, laquelle, pour la consultation d’ETAREP par exemple, nécessitait obligatoirement le navigateur Internet Explorer (version 5 et surtout pas les nouvelles !) et en ayant, au préalable, chargé le logiciel gratuit Adobe® SVG Viewer…), bref, une grosse lourdeur qui sera supprimée dans la SIV)…
Comme je l’avais fait pour les applications ETAREP ou ETANOT donc, j’essaie ici à l’instar de Cassandre, de prévoir l’avenir de SOSIE dans la nouvelle configuration SIV du SIA (le système d’information archivistique).

D’abord qu’est-ce que c’est ? SOSIE (pour Saisie en Open office pour la structuration d'Instruments de recherche en EAD) est un modèle OpenOffice de production d'instruments de recherche (IR) utilisé depuis près de trois ans aux Archives nationales mais aussi dans certaines Missions des Administrations centrales de l’État et depuis peu par toute collectivité territoriale (qui en fait la demande) souhaitant élaborer des instruments de recherche en XML/EAD….

Maintenant un peu d’histoire : en 2007, un groupe de travail auquel je faisais partie, avait été missionné par la direction des Archives nationales pour réfléchir à un modèle qui utiliserait les fonctionnalités du logiciel OpenOffice (open source comme chacun le sait) pour produire des instruments de recherche directement convertibles en XML/EAD grâce notamment aux feuilles styles. Il s’agissait en fait d’attribuer à chaque style de ce modèle, un élément de la DTD EAD et éventuellement de son attribut lorsqu’il existait et lorsqu’il était pertinent de le qualifier. La simplicité était telle que chaque élément (donc chaque style) qui correspondait à un niveau de description (comme préconisé par la norme ISAD(G)) était en français dans le texte.

Exemples :
unitid qui correspond à Référence dans ISAD(G) avait pour style Cote_consultation ou Identifiant.
unittitle ou Intitulé/Analyse de l’ISAD(G) avait pour style Intitule
…et ainsi de suite vous l’aurez compris…
origination devenait Nom du producteur dans SOSIE de même que physdesc devenait Desc_physique
…et le tout sous la forme d'une arborescence savante qui reprend l’ordre logique de rédaction d’un instrument de recherche. Je pouvais ainsi structurer mon IR en choisissant l’élément de la DTD EAD dans la liste (en français) proposée.

SOSIE convenait donc particulièrement pour la production d'un nouvel instrument de recherche, mais aussi pour une «rétroconversion» c’est-à-dire une reprise d'un fichier saisi sous un autre traitement de texte.
Source de l’image : "Manuel de l’utilisateur Sosie", édition 2010

Sur cette page d'écran de SOSIE, le «0_En_tete_EAD» correspond aux métadonnées de l’instrument de recherche, c’est en fait la «page de titre» dans laquelle on mettra les informations sur les conditions d'accès et d'utilisation des unités documentaires décrites, leur mode d'entrée, le producteur, l'historique de la conservation, les sources complémentaires, etc. Suivent ensuite le «Corps de l'instrument de recherche» proprement dit et l’«Index»…ce sont respectivement les parties «1_Description_archivistique» qui reprend les vingt-six éléments de l’ISAD(G) de la zone d'identification à la zone de notes et «2_Indexation» pour les noms de collectivités, les mots matières, les noms de personnes, les noms de lieux géographiques …partie «Index», que j’avais, en réalité, très peu utilisé jusqu’à présent.
Autre vue d'OpenOffice avec le modèle SOSIE et à gauche tous les styles (les éléments EAD)
Source de l’image : "Manuel de l’utilisateur Sosie", édition 2010
Voilà pour l’historique et les caractéristiques généraux et les diverses fonctionnalités de ce bel outil qui permettait de faire de l’EAD sans le savoir et en s’affranchissant de l’achat d’un éditeur (genre XMETAL, OXYGEN ou autre).
Ensuite, une fois l’instrument de recherche rédigé, c’est une opération batch qui permet alors de le convertir en un format XML/EAD en le déposant dans un répertoire «In» (rappelons que jusqu’à présent il s’agit encore d’un fichier avec l’extension .odt) et c’est après le passage du programme, de le récupérer en un .xml dans un répertoire «Out» (le batch classique quoi). On pouvait également utiliser une extension OpenOffice (un greffon) qui lançait le programme de conversion directement depuis OpenOffice pour obtenir au final un format «xml» à partir du fichier «odt».

Que va devenir SOSIE dans la nouvelle configuration SIV du SIA (le système d’information archivistique) et plus précisément dans le module «production des instruments de recherche» ? et d’abord pourquoi la conversion de .odt en .xml sur SOSIE ne fonctionne plus correctement?
J’oublie de dire que lors des dernières formations dispensées au Centre Phoenix pour les Études Libanaises à Beyrouth  vers la mi-mai de cette année, puis à l’Association des Archivistes français (AAF) le 22 mai dernier [stage EAD, parcours «EAD et EAC : des standards d’encodage pour les instruments de recherche»], en voulant montrer un exemple de conversion d’un fichier OpenOffice en un format XML/EAD, j’ai eu un grand moment de solitude : la conversion ne fonctionnait plus ! C’est seulement en ce début de mois que j’ai résolu le problème : SOSIE ne fonctionne que sur la version 3.0 d’OpenOffice (jusqu’à la version 3.2. mais plus sur LibreOffice, sa suite logique), ensuite attention aux mises à jour de JAVA : si vous avez autorisé votre ordinateur à mettre à jour automatiquement le JRE de JAVA vous devez en être à la version 7…or la conversion de SOSIE ne fonctionne que sur la version 6 de JAVA! Fallait le savoir.
Ainsi pour montrer à mes stagiaires un exemple de saisie sur SOSIE et sa conversion, j’ai été obligé de désinstaller le JRE7 et d’installer à nouveau la version le JRE6 (fort heureusement j’ai toujours l’ancienne version d’OpenOffice).

Exemple de saisie sous ICA-ATOM, ici la Zone d'identification de l'ISAD(G)
(on devrait avoir à peu près la même configuration sur le SIA,
module production d'instruments de recherche en remplacement de SOSIE)

Maintenant, quelle sera la place de SOSIE dans le nouveau système d’information archivistique (SIA)?…ce qui est sûr, c’est que tous les IR élaborés jusqu’à présent sous SOSIE seront intégralement et naturellement migrés dans le SIA, lequel prévoit de fournir un outil de production intégré à une plateforme de diffusion et d'interrogation. Ainsi nos futurs instruments de recherche (des Archives nationales uniquement, pas des Missions) seront à l’avenir, directement élaborés sur le SIA. Et l’ergonomie dans tout cela ? la saisie d’un nouvel IR se fera comme sous ICA-ATOM ou AVENIO ou ARKHÉÏA pour ne citer que ces outils, mais on nous promet que les puristes du «code xml» ne seront pas oubliés (un export de cette saisie "avec formulaire" sera possible et le fichier xml ainsi obtenu pourra être lu et modifié sous OXYGEN)…à suivre donc.

mercredi 5 juin 2013

Les placards de décès du Minutier central des notaires de Paris

Exemple d'un placard de décès

Le département du Minutier central des notaires de Paris procède en ce moment à la numérisation des placards de décès afin de les rendre accessibles en ligne. L’occasion pour moi de reprendre un ancien article de mon collègue Thierry Boudignon, avec son aimable autorisation va sans dire… un grand merci à lui.

Dans le temps, à Paris, on affichait (ou placardait) sur les murs des églises et dans les rues, des avis d'inhumation  pour inviter Messieurs et Dames à s'y trouver s'il leur plaist.
 
Ces placards sont, en général, rédigés de la façon suivante (voir l’image au-dessus):

Vous êtes priés d'assister au Convoy et Enterrement de feu Me THOMAS-SIMON PERRET, Conseiller du Roy, Notaire au Châtelet de Paris, Syndic de sa Compagnie, décédé en sa Maison, rue Coquillière; Qui se fera cejourd'hui Vendredi 12 Janvier 1753 à six heures du soir, en l'Eglise de Saint Eustache, sa Paroisse, où il sera inhumé.Un De profundis.

Ou encore cette curieuse cohabitation entre la "paroisse" et la "République Française":

Vous êtes priés d'assister aux Convoi et Enterrement de la Citoyenne Marie Anne LENGLET, Veuve du Citoyen Etienne-Pierre BOURSIER, ancien Marchand, décédée en sa Maison, Rue du Roule; Que l'on fera cejourd'hui Mardi 19 Mars 1793, l'an deuxième de la République Française, à quatre heures du soir, en l'Eglise de Saint Germain-l'Auxerrois, sa Paroisse.
DE PROFUNDIS. De la part des Citoyens ses Fils, des Citoyennes ses Brues, des Citoyens et Citoyennes ses Petits-Fils et Petites-Filles…

Plus tard, ces placards ont été utilisés à envelopper les liasses des minutes en raison de l'excellente qualité du papier. C'est cette collection factice de placards de décès qui a été constituée au cours des classements par prélèvement dans les fonds des études notariales aux Archives nationales.
On notera qu’on trouvera également des faire-part mortuaires en AD/XXJc/96 à 120 aux Archives nationales et en V.7 E aux Archives de Paris (et plus généralement en série J aux Archives départementales).

Ces placards indiquent le nom de la personne décédée, ses titres, profession et autres qualités (par exemple: marguillier de sa paroisse), le lieu de son décès, le jour, l'heure et le lieu de l'enterrement, c'est à dire le plus souvent sa paroisse.
De plus, et c'est ce qui en fait tout l'intérêt de ces placards, ils sont ornés d'une vignette ou lettrine. Ces gravures sur bois, sans prétention artistique particulière, représentent la mort de façon imagée.
Si ces placards concernent par nature une personne précise, les lettrines sont d'un usage plus général. On trouve la même lettrine sur des placards différents. Celles-ci ne sont pourtant pas uniformes et présentent une certaine variété. Existe-t-il une relation entre la qualité des personnes et l'image choisie? Thierry Boudignon ne semble pas convaincu.

À partir de cette collection de 7000 documents environ, on peut dégager quelques grands types de figuration de la mort et de montrer d'éventuels rapports entre elles.
Les premiers placards remontent au règne de Louis XIII. D’abord de petite taille, à peu près analogues à de simples faire-part, et sans ornementation, ils prennent leurs dimensions moyennes actuelles (50 cm x 40 cm) au début du règne de Louis XIV. On voit alors apparaître les premières lettrines et vers la fin du XVIIe siècle, les vignettes se diversifient.
La Révolution les fera disparaître dans le courant 1793 et s'ils réapparaissent sous l'Empire, c'est avec une iconographie bien différente. Il s'agit principalement de bourgeois: bourgeois de Paris, Marchand, officiers au Parlement ou au Châtelet de Paris, etc.
Mais bientôt, la figuration évolue et se complique. Les vignettes nous montrent alors de véritables petites scènes telles que la résurrection des morts, une danse macabre ou, comme dans celle-ci, une confrontation dramatique avec la Mort qui vient troubler une méditation à la lueur d'une bougie (1764).
 

 
On avait aussi l'habitude de représenter ces mausolées, comme d'autres images, d'une certaine manière et avec un certain sens de l'esthétique sans qu'on y mette une signification précise et voulue. Ici, ces triangles sont l'image stylisée de supports surmontés d'une urne, objets que nous retrouvons souvent dans d'autres vignettes. À leur place, nous avons vu également des squelettes mais aussi des cierges tout simplement. Pour ce qui est de la forme, des divisions du triangle, du nombre de larmes etc., il existe de nombreuses variantes.

Voici une autre représentation où le nombre de larmes et de boules est différent. On notera surtout la présence d'un cadre qui entoure la vignette. Cette bordure est composée de feuillages mais les éléments traditionnels, larmes, têtes de mort et os entrecroisés peuvent également y figurer. Quelquefois tous ces éléments sont mélangés et forment un ensemble très varié. Le mausolée est aussi présent. Les origines de ce tableau ont été étudiées ici même.


 
Sa description est la suivante: A l'occident sera placé sur le mur ou en relief un Mausolée consistant en une urne sépulchrale posée sur une base triangulaire à trois faces. Dans chaque triangle il y aura trois boules, dans les trois angles, au dessous du triangle, reposant sur des ossements; de l'urne sortira une vapeur enflammée, avec l'inscription: Deponit aliena, ascendit unus. Au dessous, dans le triangle, on lira ces mots: Tria formant, Novem dissolvunt.
 

Dans cette vignette des années 1770/1780, le mausolée, au centre de l'image, est surmonté d'un triangle. On note, pour mémoire, la présence de la tête de mort et des os. On remarque aussi l'urne tenue par une femme. Le mausolée est placé dans un édifice éclairé par des fenêtres et soutenu par des colonnes ce qui suggère l'intérieur d'une église, autrement dit un temple. C'est au centre du temple, de la Maison, que la mort se transforme en résurrection.

Il faut souligner ici le fait que ces vignettes contiennent assez peu de références directes au christianisme. Le seul symbole parfois utilisé est la croix. Sans doute ces placards expriment-ils l'aspect social de la mort et non son aspect proprement religieux. Il y a là une distinction que la franc-maçonnerie, institution sociale s'il en est, semble avoir respecté. Si la franc-maçonnerie est d'inspiration religieuse, elle n'est pas une religion. Nous avons tout de même trouvé quelques vignettes ayant une thématique purement chrétienne.


En voici une de 1766, une illustration de Jn, 12, 24. Avant la Passion, à son entrée à Jérusalem, Jésus annonce sa glorification par sa mort en disant: Si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il reste seul; s'il meurt, il porte beaucoup de fruit. Sur la vignette on voit un semeur et cette inscription: Si le grain n'est mis en terre il ne peut porter de fruit. La mort est présentée ici comme le passage vers la vraie vie.


Celle-ci, de 1760, représente le Christ au moment de la résurrection avec cette inscription: La foy des vivons l'espérance des morts. On voit le Christ qui sort victorieux du tombeau. Celui-ci est ouvert, la pierre tombale, qui est de côté, porte la mention: Non est hic, Il n'est plus ici. Un ange est près du tombeau tandis qu'un soldat s'enfuit en jetant son épée. Cette figure montrant le moment même de la résurrection est aussi l'objet de nombreux tableaux maçonniques.


La dernière vignette nous montre le Christ ressuscité veillant un cadavre placé dans un linceul quasi identique au drap (...) traversé d'une grande croix qui le recouvre...

De milliers d'autres vignettes sont en cours de dématérialisation et d’analyse sommaire (noms, lieu, dimensions, etc.). Attendons donc la fin de cette opération et de leur mise ligne sur le site des Archives nationales pour les étudier enfin.

mardi 4 juin 2013

De l’eau de source à Antony ?

La fontaine du parc Heller à Antony
Source de l'image : http://randoclanp.canalblog.com/
(dommage que ce site ne soit plus...alimenté)
À Antony, les noms des rues qui font référence à l’eau font légion…légion ? comme légion romaine ? oui…on sait combien les Romains aimaient les thermes, les eaux en général et ce n’est guère étonnant qu’ils se soient installés à «Antonius» devenue ensuite Antony, là où j’habite en ce moment…voyons ces rues et ces autres voies : rue de l'Abreuvoir qui suivait l'ancien tracé de la Bièvre, rue de la Bièvre, rue des Hautes Bièvres, passage de la Bièvre, parvis de la Bièvre, moulin de la Bièvre, rue de la Fontaine du Sault, rue de la Fontaine Grelot, impasse des Sources, rue des Sources, rue des Sources Prolongée, rue du Lavoir de la Grande Pierre, allée de la Puisaye, allée du Ruisseau, chemin du Pont Aux Ânes, Pont d'Antony, promenade du Barrage, ruelle à Riou dont le pavage trahit, encore de nos jours, la trace de l'eau qui allait vers la fontaine à son extrémité, etc. Tout cela attesterait-il de l’existence d’une nappe phréatique sous Antony ?

Moulin de la Bièvre à Antony
Source de l'image : http://randoclanp.canalblog.com/

Faisons un tour à la Maison des Arts (au parc Bourdeau en face de la gare RER), descendons quelques marches pour visiter (à peine deux petites pièces) une petite exposition permanente pour nous faire une idée du très vieux Antony (depuis sa naissance géologique). Il y a là une magnifique carte géologique de la ville et de ses environs qui montre qu’Antony se trouvait alors dans une zone non inondable car au-dessus des marais où des dinosaures s’ébattaient aux temps anciens. Antony est ainsi au niveau des sources qui, elles, se trouvent en général sur les marnes vertes (la carte donne d’autres couleurs à cette marne selon les emplacements).

Ces nombreuses sources, sans compter la Bièvre qui, avant son enfouissement au XIXe siècle, arrosait Antony, sont à l’origine de ces nombreux bassins, étangs, plans d’eau, fontaines, lavoirs et autres moulins à Antony : parc Heller ainsi que le moulin situé à l’entrée du dit, la «fontaine Michalon», les fontaines de la place de l’Hôtel-de-Ville, celle de l’obélisque de l’avenue du Bois-de-Verrières, de la Croix de Berny à l'entrée d'Antony par la Nationale, celle de la place Mounié ou du parc Bourdeau, les étangs du Soleil, de la Noisette, du Paradis sur la Coulée Verte, etc.

Ce que j’ignorais jusqu’à la semaine dernière, c’est qu’en 1892 on avait entrepris la construction d’un réservoir d’eau de source, place du Carrousel, juste en face de notre bibliothèque actuelle, la bibliothèque Anne… Fontaine (!)…encore de l’onomastique.

Voyons ce qui en ressort…mais d’abord un grand merci à Alexis Douchin, notre responsable des archives-documentation d’Antony qui nous a fait découvrir ce dossier de construction, confiée à Martial Grandchamp, entrepreneur à Châtillon-sous-Bagneux, d’un réservoir d’eau de source sous la place du Carrousel coté Archives communales Antony, 3N (et non coté, id. 264) dans lequel on trouve entre autres, le cahier des charges, des mémoires, des plans, un devis estimatif, le procès-verbal d’adjudication, le décompte des travaux, des délibérations du conseil municipal et de la correspondance de 1892-1898.

Mémoire des travaux à effectuer
1894, Arch. com. Antony, 3N (et non coté, id. 264)

Le cahier des charges du 25 novembre 1892 indique que les travaux de construction de ce réservoir d’eau de source sera en «meulière qui proviendra des meilleures carrières [on ne lésine pas sur la qualité !] . Elle sera poreuse et soigneusement dépouillée de terre et même lavée au besoin. La brique sera de l’espèce dite de Besançon, première qualité, brune, etc.» le tout pour environ 15000 F d’après le devis estimatif. C’est à Martial Grandchamp, entrepreneur à Châtillon-sous-Bagneux, qu’est confiée cette construction après un «appel d’offre» appelé alors «adjudication», lequel dresse en 1897, un mémoire des travaux de terrassement, maçonnerie, canalisation, etc. exécuté pour le compte de la commune d’Antony. On discute ferme du coût des travaux. Des rabais significatifs sont consentis par l’entrepreneur (environ 30%). Au final, le décompte des travaux du réservoir s’élèvent à 10614,67 F d’après l’extrait du registre des délibérations du conseil municipal du 14 décembre 1897…

Cahier des charges
1892, Arch. com. Antony, 3N (et non coté, id. 264)

Une pièce intéressante est celle de Martial Grandchamp, entrepreneur 21 rue Dareau (il était aussi architecte semble-t-il) et domicilié 1 avenue de Paris à Châtillon-sous-Bagneux (siège, aujourd’hui, d’un Crédit Agricole), qui écrivit au maire d’Antony (alors Prosper Legouté) le 8 juillet 1898. Il se plaint que l’administration n’ait pas respecté son engagement sur le montant des travaux pour «ce travail ingrat et onéreux [pour lequel il a] assuré la parfaite étanchéité des bassins, etc.». Qu’il se rassure notre Grandchamp, la situation est toujours la même à l’heure actuelle, l’administration rechigne souvent à régler ses factures à temps…

Lettre de réclamation de Martial Grandchamp au maire d'Antony
8  juillet 1898, Arch. com. Antony, 3N (et non coté, id. 264)

Bref. Si vous souhaitez en savoir plus sur le parcours de l’eau à Antony, voyez cet excellent dépliant proposé par la commune (il en existe toute une collection sur les écoles, les célébrités d’Antony, les parcs, etc.) et disponible à l’Hôtel-de-Ville (j’en trouve aussi régulièrement sur les présentoirs de notre médiathèque) ou sur leur site :
http://www.ville-antony.fr/files/Patrimoine/depliant_eau.pdf