samedi 15 novembre 2008

Les rideaux aillagon

On raconte que Jean-Jacques Aillagon, alors ministre de la Culture, visitant les Grands-Dépôts des Archives nationales à Paris, s’était vivement ému en remarquant qu’un banal rayon de soleil chatouillait le dos d’un registre du Parlement (la sous-série X2A).
On lui fit alors remarquer que les Archives nationales n’avaient point les moyens de se payer des rideaux anti-solaire. Il prit alors son téléphone mobile et appela sur le champ son cabinet. Deux jours après, de jolis rideaux fleurissaient aux fenêtres des Grands-Dépôts. Depuis, on les appelle familièrement les «rideaux aillagon»…

Pourquoi cette anecdote ? Parce que depuis 15 jours maintenant, ces messieurs/dames des Parcs&Jardins n’arrêtent pas de labourer, de ventiler, de ratisser, de biner, de sulfater la cour de l’Hôtel de Rohan.

Je soupçonne ce grand dérangement pour la venue de notre ministre Christine Albanel au vernissage de l’exposition (du 19 novembre 2008 au 15 juin 2009 à l’Hôtel de Soubise) du bicentenaire de l’installation des Archives par Napoléon, dans des bâtiments princiers, au cœur de Paris (en attendant l’édification d’un nouveau bâtiment à Pierrefitte-sur-Seine). Et pour ne pas émouvoir à nouveau un ministre à la vue de la pelouse piétinée les semaines précédentes par les Journées du patrimoine (en septembre), la Nuit Blanche des Musées (le 4 octobre) et plus récemment encore, par Lire En Fête (les 11 et 12 octobre derniers), on a posé des pelouses moquette-gazon en bande rouleau, qui comme chacun le sait, coûtent une fortune et ne résisteront pas à l’hiver qui arrive…

Je pense qu’on aurait du laisser émouvoir notre actuelle ministre de sorte qu’à l’instar de son prédécesseur, Jean-Jacques Aillagon, elle aurait pris son téléphone mobile pour appeler séance tenante son cabinet et obtenir un gazon digne de ce nom pour cette cour prestigieuse (l’Hôtel de Rohan ce n’est tout de même pas rien !).
On aurait alors appelé cette pelouse, la «pelouse albanel» et les Archives nationales n’auraient pas déboursé un seul kopeck !

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