mardi 10 février 2009

Bye provisoire

Pour des raisons personnelles je ne vais plus alimenter mon bloc-notes pour l'instant. Merci à celles et à ceux qui m’avaient référencé sur leur site ou sur leur agrégateur. Merci à blogspot.com de m’avoir hébergé 2 ans. Pardon à celles et à ceux à qui j’ai volontairement ou involontairement causé du trouble.

J’ai du mal à le supprimer d’un simple retour-chariot…aussi je le laisse s’éteindre doucement…

lundi 9 février 2009

Les Archives nationales : des lieux pour l’histoire de France



Cet ouvrage collectif édité conjointement par les AN et Somogy, et coordonné par Claire Béchu, conservateur général, clôture le bicentenaire de l’installation des archives dans cet endroit qu’on désigne familièrement par le « quadrilatère » mais qui à l’origine ne se limitait qu’à l’hôtel de Soubise. Celui-ci avait été acquis, et non sans mal, par l’État. Il a fallu en effet expulser des locataires qui y logeaient (et ça, je l’ignorai) depuis que cet hôtel particulier avait été mis sous séquestre en octobre 1782.

Ainsi on a délogé, non sans heurts et véhémences, un nommé Chenavard, inventeur du dravanech, un revêtement mural qu’il avait fait breveté…toute une histoire (page 44).

Ce n’est là qu’une partie de centaines d’anecdotes que j’ai savouré tout un après-midi à la lecture de ce formidable ouvrage tout de couleurs, de plans de toutes sortes, d’illustrations et de reproductions inédites…j’ai retrouvé la photographie de la «maison Daunou» (page 81) détruite en 1935 et évoqué dans un billet précédent.

Un plan qui ne paye pas de mine (page 71) nous apprend qu’en 1815, des archives étaient entreposées presque à même le sol (!) dans la cour de Soubise au milieu «des écuries et des baraquements pour loger les troupes [les Prussiens]».

On sait que les archives judiciaires ne furent transférées qu’en 1847 de l’endroit où elles avaient été entreposées, à savoir la Sainte-Chapelle, on y retrouve donc, grâce sans doute à madame Cécile Souchon qui a rédigé cette section (page 68), les plans de la Sainte-Chapelle transformée en magasins.

On retrouvera aux pages 109 à 113 l’histoire de l’hôtel d’Assy acquis en mai 1845 (avec une photographie de mon bureau!) et de belles vues du jardin et du salon Oppenord.

On reconnaîtra la patte d’Anysia L’Hôtellier dans l’anecdote du columbarium (à la page 278). Il y avait au rez-de-chaussée de Napoléon III, un beau meuble de plus de 9 mètres de haut (!) creusé de milliers d’alvéoles servant à la conservation des rouleaux, ce n’était guère pratique d’autant qu’aujourd’hui on préconise la conservation à plat des cartes et plans. On a donc démonté ce monument historique aujourd’hui conservé dans un château dans l’Indre. Cette anecdote avait fait l’objet d’un article dans les Échos du récolement…

Et c’est ainsi à chaque page, des documents figurés, pour la plupart inédits, viennent illustrer le propos très savant et très recherché. Les auteurs (je ne les cite pas tous...il y a une bonne vingtaine en tout) se sont bigrement bien documentés pour faire de cet ouvrage, non pas un livre d’architecture ou technique (bien que de nombreux chapitres soient consacrés aux bâtiments), et encore moins un livre d’art ou un traité institutionnel ou encore un traité d’archivistique (bien qu’on y apprend beaucoup, grâce aux recherches de Denise Ogilvie, sur la nature des premiers versements et les tâtonnements des premiers cadres de classements, etc.), mais c’est au mieux une agréable promenade à travers le temps et l'espace dans la richesse et la variété des documents et bâtiments qui les abritent. C’est aussi un récit palpitant sur les archives, les archivistes et l’archivistique.

Les annexes sont fort précieuses (et tout aussi inédites pour certaines) : une galerie de portraits des directeurs des Archives de France et des AN, une biographie des architectes et inspecteurs de travaux qui ont œuvré sur le chantier depuis 1808, une bibliographie très riche par M-F Limon-Bonnet, etc. On ne peut cependant regretter que la confection des index soit un peu négligée (10 pages seules !).

Un grand coup de cœur donc pour cet ouvrage que tout conservateur (dans son sens le plus large) de l’archive devait posséder.

vendredi 6 février 2009

Le salon Oppenord



De temps à autre, pour nos réunions de service, nous nous réunissions dans le salon dit Oppenord de l’hôtel d’Assy que je rejoins en logeant plusieurs salons et antichambres en enfilade aménagés naguère comme logement du directeur général des Archives (voir un croquis de cet hôtel en 1857). À l’autre bout de l’hôtel d’Assy, qui donne sur le jardin d'Assy (voir aussi notre ancien billet sur ce magnifique jardin), on retrouve son bureau actuel décoré au XVIIIe siècle par Gilles-Marie Oppenord, connu pour ses dessins d'ornements. Né en 1676 et décédé en 1742, cet ornemaniste marque la transition du style de la période Régence.

Si on se réfère au tome 1 du catalogue du Musée de l'histoire de France par Jean Pierre Babelon et Charles Braibant, édité en 1958, les recherches d’un historien d’art auraient permis d’attribuer, avec toute vraisemblance, à Gilles-Marie Oppenord, l’ornementation de ce salon dont ce serait alors là l’un des rares ensembles conservés !


L’hôtel d’Assy est garni de lambris de toutes sortes, dessus de portes, boiseries raffinées, chambranles, trumeaux, etc. Les portes du salon Oppenord sont surmontées de toiles représentant des oiseaux, des fleurs et des fruits ou encore du stuc représentant des femmes allongées (les quatre saisons ?).

Avant d’être la propriété des Archives, cet appartement décoré par Oppenord était occupé par un certain Dusuy, négociant. Encore peu, à l’époque de Jean Favier, directeur des Archives dans les années ’90, il lui servait de bureau particulier ou était occupé par sa famille (après M. Favier, c’est le ministre de la Culture Douste-Blazy qui l’occupa le temps de son mandat), mais la tradition n’a pas perdurée, et ce salon, le plus souvent inoccupé, sert dorénavant de salle de réunion pour notre plus grand plaisir…

jeudi 5 février 2009

BB/26


Cette minuscule sous-série du cadre de classement de BB porte l’intitulé pompeux de BB/26 Frais de Justice. Elle ne mesure que 1,65 mètres linéaires pour 13 articles. Les dates extrêmes vont de l’an IV à 1826 et elle librement communicable.
Voilà pour les conditions matérielles.

Noms des producteurs : Commission des Administrations civiles, police et tribunaux, bureau de la Comptabilité (ministère de la Justice).

Histoire des producteurs
Le bureau de la Comptabilité (indépendamment de la division de la Comptabilité) contrôlait les dépenses des départements, de l’administration centrale, des frais de justice, etc., puis à partir de l’arrêté du 17 messidor an X, celle des traitements des magistrats, dont la charge est transférée des départements à l’État.

Histoire de la conservation
Les documents qui forment la sous-série BB/26 ont été versés en 1827, 1834, 1848, 1858, 1861 et 1941. Mais dès l'année 1858, plus de 3000 liasses, considérées comme dépourvues d'intérêt historique, furent proposées pour la destruction. Les documents échappés à la mise au pilon constituèrent, dans le classement des fonds judiciaires antérieur à 1877, les sous-séries BB/100 et BB/108 (qui n’existent plus évidemment). De nouvelles destructions furent opérées, à des dates difficiles à préciser et, dans le cadre actuel de classement, la sous-série BB/26 est constituée par 13 articles, dont les cinq premiers ont été versés en 1827, les suivants ultérieurement, sans qu'on puisse indiquer exactement la date des versements, et le dernier en avril-mai 1941.

Présentation du contenu
Constitué de résidus, cette petite sous-série apporte quelques éléments sur les émoluments, les frais de justice et autres dépenses relatives au fonctionnement des tribunaux (1792-1826) ainsi que sur les traitements et indemnités des magistrats (an IV-1813).

État sommaire
BB/26/1 à 13. Mélanges : émoluments des avoués, huissiers, greffiers et exécuteurs des jugements criminels (an IV-1874) - frais de justice et autres dépenses relatives au fonctionnement de la Justice (1792-1826) - traitements et indemnités des magistrats (an IV-1813).

mardi 3 février 2009

L’enterrement de Couperin


Dictée faite à Antoine Pignard-Duplessis, s.d. [1792]

«Le quatre du présent mois de février on a enterré à Saint-Gervais Monsieur Couperin, organiste de la dite église, à l’occasion de cette (sic) enterrement, il s’est passé une scène qui [a] fait du bruit. Plusieurs prêtres, à l’instigation de Monsieur Pluyette, sacristain des messes, ont signé une lettre d’invectives, laquelle a été envoyée au fils aîné du défunt, ils lui ont ainsi aussi envoyé le cierge et l’honoraire de leur présence.

Monsieur Veytard doit faire une sérieuse attention à cet article
, etc


Les chiffres (de 1 à 9) ont été transcris au bas de cette énigmatique pièce et suivies des caractères VEY Détrevaux Pluyette Huré I ALPHABET et des lettres R X, et le tout est signé Duplessis, prêtre.

C’est en travaillant sur le choix des pièces de notre exposition à venir (sur les tribunaux provisoires de la Révolution : tribunal des Dix, tribunaux criminels provisoires et tribunal du 17 août 1792) que nous avons déniché cette étrange dictée que l’accusateur public a fait transcrire au prêtre Duplessis. On se rappellera cette histoire amusante de lettres anonymes envoyées par un nommé Antoine Pignard-Duplessis, diacre d’office à Saint-Gervais de Paris pour dénoncer le vicaire et les sacristains de cette paroisse :

"On recommande à vos prières trois filoux qui soulèvent tout l’argent du bon curé Veytard. Ces quatre filoux sont Destrevaux vicaire, Pluyette sacristain de la petite sacristie, Huré sacristain de la grande sacristie".

Ce même Pignard-Duplessis qui fut déchargé de l’accusation le 27 mars 1792 (Z/3/60, jugement du 27 mars 1792), il se déprêtrisa ensuite et se fit remarquer comme aumônier d’un bataillon de la garde nationale avant d’être élu électeur du département de Paris (lire ce billet)

Mais revenons à cette dictée qui semble avoir servi de pièce d’expertise pour reconnaître Pignard-Duplessis comme auteur des lettres anonymes. On lui a donc fait transcrire un extrait du registre des sépultures de Saint-Gervais du «quatre du présent mois de février» (ni le jour ni l’année ne sont indiqués). On a «enterré Monsieur Couperin», s’agit-il de François le père, l’organiste et claveciniste réputé? mais celui-ci est mort le 11 septembre 1733. Mais on sait il qu’il laissa l’orgue de Saint-Gervais à son cousin Nicolas …qui s’appelait aussi …Couperin, s’agit-il de ce cousin?

Plus loin dans la dictée, on évoque une «lettre d’invectives envoyée au fils aîné du défunt», s’agit-il de François-Laurent, mais celui est mort peu après 1735…

Bref on a du mal à trancher…

Quand on sait que toutes les pièces des BMS (baptêmes, mariages et sépultures) établis avant 1792 dans les paroisses de Paris ont disparu dans les incendies de la Commune de 1871, je pensais avoir trouvé une information très importante qui aurait complété l’histoire de François Couperin…mais faut pas rêver tout de même, le temps des découvertes «extraordinaires» dans les archives est révolu je pense…

N’empêche que cette découverte dans les cartons des pièces à conviction de la sous-série Z/3 m’a permis de rechercher un peu plus dans les archives de la paroisse de Saint Gervais.

Si on se réfère au Guide des sources de l’état civil parisien par Christiane Demeulenaere-Douyère (il s’agit bien du même conservateur général de l’enquête du Régent …comme quoi, soit c’est une pure coïncidence, soit il y a effectivement une «loi des séries»). Notons au passage que cette édition de 1983 des AD de Paris (de 70 pages et de 23 planches d’actes d’état civil reconstitués de Parisiens célèbres) est la meilleure source qui puisse exister de l’état civil parisien (les informations sur le site des AD de Paris sont très lacunaires)…

Ce guide des sources de l’état civil parisien nous renseigne sur le sort des registres paroissiaux de Saint-Gervais :

  1. Dans le fonds de l’Archevêché des Archives de Paris, il n’y a rien sur les sépultures. À la paroisse de Saint-Gervais, les registres des sépultures ne commencent qu’à partir 1802 (et jusqu’en 1866), donc rien sur cette pièce originale qui a servi de dictée à Pignard-Duplessis.
  2. Rien non plus pour ces dates dans la série V. 6E des AD de Paris (il s’agit des registres échappés des incendies de 1871 ou entrés postérieurement aux AD de Paris).
  3. Et enfin, pour Saint-Gervais, la BnF (coté : ms 32838) conserve certes les registres des baptêmes (de 1531 à 1712), des fiançailles et bans (de 1580 à 1694), des mariages (de 1608 à 1712) et des sépultures de 1639 à 1712...mais tout cela est bien antérieur à la mort des Couperin (que ce soit le père, le fils ou le cousin).

On ne saura donc sans doute jamais la raison pour laquelle, à l’enterrement de Couperin, «plusieurs prêtres, à l’instigation de Monsieur Pluyette, sacristain des messes, ont signé une lettre d’invectives envoyée au fils aîné [de Couperin]».

lundi 2 février 2009

L'enquête du Régent (1716-1718)


L'Enquête du Régent (1716-1718).
Sciences, techniques et politique dans la France pré-industrielle
par Christiane Demeulenaere-Douyère
et David.
J.
éditions Sturdy, Brépols, 2008


Voici un ouvrage remarquable que j'avais reçu en dépôt pour la salle des inventaires de la section du XIXe siècle. Je l'avais alors rangé non sans avoir informé mes collègues de sa parution...

L'affaire aurait pu en rester là si je n'avais pas assisté à une journée d'études organisée par la Société des élèves et amis du Centre en Histoire des techniques du Conservatoire des Arts et Métiers (SeaCDHTE) le 20 janvier dernier pour la présentation du numéro 16 de leur revue Documents pour l'histoire des techniques nouvellement parue. Etait invité Bruno Belhoste pour «les sources, les nouvelles approches et les nouveaux outils de recherche sur les archives des Mines». Je rédige en ce moment un nouvel instrument de recherche sur le Conseil général des Mines (lire ce billet) et j'avais juste l'intention de l'écouter et de prendre ensuite la poudre d'escampette.

Mais il se trouve que celui-ci arriva en retard et on pria madame Christiane Demeulenaere-Douyère (l'un des auteurs avec David J. Sturdy) de présenter son ouvrage L'enquête du Régent…et j'avoue ne pas avoir regretté le voyage dans cette France pré-industrielle du XVIIIe siècle que nous a présenté Christiane Demeulenaere-Douyère d'une manière vivante et intelligente.

Alors responsable des archives de l'Académie des sciences, elle avait découvert dans la masse de correspondances et de mémoires trois cartons d'archives de cette enquête, commanditée par Philippe d'Orléans, et qui sont restés longtemps presque inconnus des historiens. Pourtant, d'après elle, cette enquête "constitue une source de première importance pour l'histoire économique et sociale de la France au début du XVIIIe siècle", et aussi l'histoire générale de la Régence. Elle concerne aussi l'histoire des sciences et des techniques, l'histoire administrative, l'histoire du langage et bien d'autres domaines. Ces documents sont donc présentés ici pour la première fois dans une édition critique, qui permet aux chercheurs de mieux connaître l'état de la France.

Cette enquête réunit trois acteurs majeurs : Philippe d'Orléans, Régent de France (j'ai découvert qu'il avait une formation scientifique, étant élève du chimiste Homberg), l'abbé Jean-Paul Bignon (conseiller personnel du Régent et l'un des réformateurs de l'Académie des sciences) et René-Antoine Ferchault de Réaumur qu'on ne présente plus puisqu'il a donné son nom à une rue de Paris (il a été naturaliste, mathématicien, physicien, chimiste et pensionnaire mécanicien de l'Académie des sciences entre autres). On n'oubliera pas non plus le travail des intendants, véritables chevilles ouvrières de cette enquête (qui s'ajoute à leurs autres tâches administratives) ainsi qu'une une chaîne interactive d'informateurs de toute nature : les subdélégués des intendants des provinces, les ingénieurs du roi, les particuliers: propriétaires, exploitants de mines, mineurs, prêtres, les sociétés savantes, soit des centaines d'acteurs sur le terrain. Cette enquête s'est construite graduellement et avec une efficacité redoutable puisque après l'élaboration du questionnaire préalable d'enquête vers la fin 1715 par Bignon et Réaumur, on a compilé toute une documentation sur l'inventaire des savoir-faire techniques, les connaissances scientifiques et les ressources naturelles de la France (l'ensemble du royaume est concerné sauf Paris).

Mémoires et correspondances, réunis par généralités, décrivent les ressources minérales, les mines, l'industrie métallurgique puisqu'il faut, d'après le questionnaire d'enquête, «remarquer soigneusement, les marbres et les autres pierres extraordinaires qui peuvent servir à l'ornement des édifices…, les pierres estimables ou par leurs propriétéz ou par leur couleur et leur beauté, tels que sont les jaspes, les cristaux, les pierres prétieuses de toutes espèces, les talcs même, l'aimant, etc., les minéraux. Si on les néglige dans le païs, il suffira d'en envoyer des échantillons… Si on y travaille, il faudra en observer la profondeur, ce qui y incommode les ouvriers et de quelle manière on y remédie, comment ils détachent la matière minérale, la préparation de la même matière…, etc.».

C'est ainsi que parviennent à l'Académie des sciences des centaines d'échantillons qui vont être analysés et titrés dans son laboratoire…

Quels sont les résultats de cette enquête? On a réuni une masse considérable de documentation d'un intérêt historique majeur sur les mines et carrières, sur la «condition ouvrière» (avec des gros guillemets pour cet anachronisme délibéré), les lieux d'extraction et de transformation des minerais (fonderies, forges…), sur la recherche et la transformation, du charbon, du plomb de l'alun, du jayet (on écrit aussi «jais»), du cobalt, etc., des métaux précieux (or, argent…), la verrerie (de Cherbourg notamment), l'industrie du luxe (dentelles et «points de France», etc.) avec quelques silences sur l'agriculture et l'élevage ainsi que le commerce (sauf pour les textiles). On remarquera aussi que cette enquête met en valeur le rôle novateur du dessin dans la constitution d'un savoir administratif (l'ouvrage contient de nombreuses reproductions de mines, carrières, fonderies, forges, etc.).

Pour finir, voici un petit extrait de cette enquête. Nous sommes en 1716, dans le pays de Foix, dans la généralité de Montauban pour être précis, on décrit les «plantes et les simples» (pages 588-589) :

«à sept ou huit lieues de Villefranche de Rouergue, il y a une espèce de melampirum qu'on vu décrit que dans Dominicus Cabreus [il s'agit d'un traité de botanique] sous le nom de melampirum pururo vilolaceum qui est d'une beauté surprenante. Aux environs de la même ville, on voit l'absynthium montanum flore camimeli. Cette plante qui est très rare, paroit mal nomée et selon les principes de M. de Tournefort, on pouroit la ranger sous le nom de chamemelum montanum fruistescens absynthii solio (…). Les montagnes, en beaucoup d'endroits, sont chargées de plantes et de vulnéraires que les médecins et les habitans du païs estiment autant que celles de Suisse (…) et il y a grande abondance de simples que l'on y vient chercher de Montpellier».

Véritable régal de lecture d'un bout à l'autre !
Cette édition critique de l'enquête du Régent à sa place dans toutes les bibliothèques !