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vendredi 15 juin 2012

Assy déménage aussi


Le vide sur les étagères dans mon bureau :
des fichiers de F/7 ont été reconditionnés, désinfectés, restaurés, «code-barrés»
et sont maintenant conservés dans les magasins


J’occupe dans le Marais une aile de l’hôtel d’Assy qui est officiellement mon bureau mais qui tient aussi lieu de salle des inventaires «de la section moderne» (aujourd’hui feue section du XIXe siècle).

Mon bureau abrite (abritait ?) non seulement tous les instruments de recherche produits par la section (les originaux pour la plupart mais aussi des doubles qui ont tous fait l'objet d'une fiche de traitement spécifique dans le cadre du Chantier de dématérialisation pour le déménagement à Pierrefitte-sur-Seine : numérisation, saisie en mode texte, encodage dans un format allégé de l’EAD mise au point spécialement par ce Chantier et qui n'utilise qu'une trentaine de balises sur les centaines, de façon à pouvoir prendre en compte la diversité des instruments de recherche)…donc mon bureau abritait non seulement les instruments de recherche, mais encore toutes sortes de répertoires sur fiches ou de fichiers de travail.

Ainsi, j’ai longtemps côtoyé les papiers de la Police (de la série F/7 Police) conservés ici pour une raison qui m’a toujours échappé (leur place était en fait dans les magasins). Ils avaient été mis à la disposition du public et avaient fait l'objet de classements considérables, d'abord au Comité de Sûreté générale, puis aux ministères de la Police et de l'Intérieur.

Ces instruments de travail, d'un usage courant, furent classés avec soin, sur fiches pour les besoins du service et aussi par ordre alphabétique : arrestations, émigrés, dossiers politiques, etc. Ces anciens répertoires servent encore aujourd'hui aux recherches.

Voici la liste de ceux qui étaient dans mon bureau («salle des inventaires de la section moderne») à Assy et qui sont maintenant conservés dans les magasins. Il avait été question un moment (dans le cadre du Chantier dématérialisation), de les transférer sur de nouveaux supports (microfilmage ou numérisation), mais cela ne s’est pas fait. En revanche, ils ont été conditionnés, reconditionnés désinfectés, restaurés si besoin et «code-barrés» avant leur intégration dans la base récolement topographique qui recense chaque article effectué dans les magasins, rayonnages après rayonnages, en mentionnant son identifiant dans le service (leur cote), son emplacement précis et des informations sommaires sur son état matériel.

Ce qui reste de la tablette de la "Série dite Archives" ( F/7/4216-4385/2 )

F/7*2200/299-313 Série dite Archives F/7/4216-4385/2
F/7*2114-2156 B. P. (an v-an XIV) F/7/6139-6464. 
F/7*2157 Division Morin (juillet 1814-17 mars 1815). F/7/6623-6624. 
F/7*2158-2160 Division Desmarets (27 mars-juillet 1815). F/7/6625-6629. 
F/7*2200/314-320 Affaires politiques [Duplay], (1814-1830) F/7/6636-6677. 
F/7*2161-2200/32 Affaires politiques [P. P.] (1815-1830). F/7/6678-6997. 
F/7/2200/286 O. G. [Objets généraux] (1814-1830) F/7/9747-9823.

Ces papiers anciens de la Police sont ceux qui avaient été versés aux Archives nationales. Le reste, toujours conservé à la Préfecture de Police, dans l'île de la Cité jusqu’en en 1864 a péri en très grande partie pendant la Commune. Autre dégât : le bombardement de Paris en janvier 1871, le préfet de l’époque a fait descendre dans les caves de la Préfecture des liasses considérées comme précieuses, et ici aussi tout le reste disparut (d’après Les Archives historiques, artistiques et littéraires, t. Ier , p. 420, ont ainsi disparu  80 registres des ordres du roi, une cinquantaine de registres contenant la correspondance des lieutenants généraux de police,300 cartons environ de dossiers relatifs aux prisonniers par lettres de cachet, 80 cartons de pièces de théâtre soumises à la censure, 2 cartons sur l'Affaire du Collier, des. milliers de registres et de cartons sur les prisons et les emprisonnements de la période révolutionnaire, des édits, lettres patentes, ordonnances, arrêts, etc., snif donc.

Comme pour les documents de la série BB, ceux de la Police portent aussi (surtout pour cette période antérieure à 1830), des lettres de séries avec ou sans chiffres. Ce système de codification interne servait au personnel de cette période pour retrouver la trace d’un document selon les bureaux. Commode donc. Comme je l’avais fait avec la série BB, voici une petite liste de ces lettres de séries des différentes catégories de dossiers (la connaissance de ce système de cotation peut être utile) :

Lettre A pour «Affaires administratives» (1819-1823) (auj. F/7/* 959-961/1-4, F/7/ 9340-9441)
Lettre A 2 pour «Affaires administratives» mais pour la période 1824-1830 (auj. F/7/ 9442-9584, F/7/ 9585-9610).
Lettre A 3 pour Suicides; mouvement des étrangers (1830-1837) (auj. F/7/ 9729-9730, F/7/ 11976-11980).

Lettre B pour Affaires diverses (17 nivôse-28 germinal an IV), F/7/ 7090-7129. 
  • B 2 (28 germinal-26 fructidor an IV), F/7/ 7130-7185.
  • B 3 (26 fructidor an IV-13 messidor an V), (auj. F/7/ 7186-7266).
  • B 4 (13 messidor an V-2 nivôse an VI), (auj. F/7/ 7267-7359)
  • B 5 (2 nivôse-6 thermidor an VI), (auj. F/7/ 7360-7473)
  • B 6 (17 thermidor an VI-19 fri- maire an VII), (auj. F/7/ 7474-7513)


Lettre B. P pour Bureau Particulier [des affaires politiques] (an V- an XIV), (auk. F/7/ 6139-6464, F/7/ 6607-6612, F/7/ 6620)

Lettre E pour Affaires d'Espagne (1822-1830), (auj. F/7/ 11981-12075), et autres variantes pour les lettres E. R pour Espagnols réfugiés (1831-1835), F. É pour Forçats évadés (1815-1844), etc.

Lettres K 1 à K 7 pour Passeports (an XI-1813), (auj. F/7/ 10868-11072)
Lettres O. G pour Objets Généraux [des affaires administratives] (1814-1830), (auj. F/7/ 9747-9823)
Lettres P, P 2, P 3, pour Pelet [2e arrondissement de la Lozère] (an XII)
Lettres P. P pour Police Politique [affaires politiques  donc] (1814-1830), (auj. F/7/ 6678-6997) avec des variantes en P 1 à P 4.
Lettres R, R 2, R 3, pour Réal [1er arrondissement] (an XII-1814)  
Lettre S avec des variantes en S 2 à S 6 pour les Affaires diverses des Affaires politiques (1805-1814), etc.

Tous ces fichiers ont donc été reconditionnés, désinfectés, restaurés si besoin et «code-barrés» pour être maintenant conservés dans les magasins. Ça fait vide dans mon bureau…

vendredi 6 février 2009

Le salon Oppenord



De temps à autre, pour nos réunions de service, nous nous réunissions dans le salon dit Oppenord de l’hôtel d’Assy que je rejoins en logeant plusieurs salons et antichambres en enfilade aménagés naguère comme logement du directeur général des Archives (voir un croquis de cet hôtel en 1857). À l’autre bout de l’hôtel d’Assy, qui donne sur le jardin d'Assy (voir aussi notre ancien billet sur ce magnifique jardin), on retrouve son bureau actuel décoré au XVIIIe siècle par Gilles-Marie Oppenord, connu pour ses dessins d'ornements. Né en 1676 et décédé en 1742, cet ornemaniste marque la transition du style de la période Régence.

Si on se réfère au tome 1 du catalogue du Musée de l'histoire de France par Jean Pierre Babelon et Charles Braibant, édité en 1958, les recherches d’un historien d’art auraient permis d’attribuer, avec toute vraisemblance, à Gilles-Marie Oppenord, l’ornementation de ce salon dont ce serait alors là l’un des rares ensembles conservés !


L’hôtel d’Assy est garni de lambris de toutes sortes, dessus de portes, boiseries raffinées, chambranles, trumeaux, etc. Les portes du salon Oppenord sont surmontées de toiles représentant des oiseaux, des fleurs et des fruits ou encore du stuc représentant des femmes allongées (les quatre saisons ?).

Avant d’être la propriété des Archives, cet appartement décoré par Oppenord était occupé par un certain Dusuy, négociant. Encore peu, à l’époque de Jean Favier, directeur des Archives dans les années ’90, il lui servait de bureau particulier ou était occupé par sa famille (après M. Favier, c’est le ministre de la Culture Douste-Blazy qui l’occupa le temps de son mandat), mais la tradition n’a pas perdurée, et ce salon, le plus souvent inoccupé, sert dorénavant de salle de réunion pour notre plus grand plaisir…

lundi 26 janvier 2009

Un bien curieux puits


Le puits au 56 de la rue des Francs-Bourgeois
(à droite en entrant)

Entre les hôtels d’Assy, de Breteuil et de Fontenay, à droite en entrant par le 56 de la rue des Francs-Bourgeois, en remarquera ce puits (qui se prolonge au sous-sol) et sa poulie encore intacte qui date vraisemblablement du XVIIIe siècle. Fait-il corps au bâtiment lors de sa construction ? A-t-il était rajouté plus tard ? À quoi servait-il ? etc.

Voilà une enquête qui pourrait intéresser un étudiant en histoire de l’art (pour ses premières armes) ou en archivistique (pour la recherche des sources) et qui pourrait faire l’objet d’un article dans une revue d’histoire de Paris ou de recherche topographique du vieux Paris. Les sources ne manquent pas : on commencera ses recherches dans les minutes notariales parisiennes (marchés de construction, ventes, testaments, inventaires après décès) des Archives nationales.

Les documents de l’enregistrement du XVIIIe siècle (enregistrement des ventes, successions) seront en revanche à rechercher aux AD de Paris (voir le très précieux Guide des recherches dans les fonds d’enregistrement de l’Ancien Régime de Villar-Berrogain édité en 1959).

On consultera aussi la sous-série H2 (Bureau de la Ville de Paris. Intendance et généralité de Paris) et plus particulièrement H2 2127-2213 (permissions de bâtir, travaux, comptabilités de la ville de Paris, 1536-1796). Les articles K 948-1059 dites des «Monuments historiques» ou encore KK 402-494 pour les comptes de la Ville de Paris jusqu’en 1721). Il ne faudrait guère négliger la sous-série Z1J de la Chambre et greffiers des Bâtiments (notamment Z1J 256 à 1222 pour les procès-verbaux d’expertises de bâtiments), etc.

Cet hôtel particulier a appartenu à un particulier avant son rachat par les AN : voir alors les archives des possessions dans les séries R (Papiers des princes), T (Papiers privés tombés dans le domaine public et saisis chez les émigrés à l’époque de la Révolution française) et évidemment les fonds privés (séries AP et AB XIX pour tous types de bâtiments ou mobilier, artistes et architectes, etc.) ou les fonds privés d’architectes qui peuvent concerner tous les types de bâtiments et aussi la série VA Direction de l'architecture (versement de plans de 1960 (tous types de bâtiments).

Aux AD de Paris on consultera avec profit les sous-séries 4N (immeubles et bâtiments départementaux), 1Q (domaines nationaux, époque de la Révolution française), etc.
Enfin, on ne négligera pas l’inventaire général du patrimoine culturel et la base Palissy où je n’ai trouvé qu’une seule notice d’un puits (site inscrit par arrêté du 06/08/1975) au 13 quai d'Anjou dans le 4e arrondissement de Paris.

………

Je perds mon temps à explorer les sources ! ça se trouve que l’histoire de ce puits a déjà été faite, allez savoir !

vendredi 19 décembre 2008

Les Grands Dépôts

(un des escaliers en ferronnerie des Grands Dépôts)

Voici la réponse (nettement améliorée évidemment) que j’avais faite à un jeune internaute (un collégien pour être précis) qui m’avait demandé des précisions sur les Grands Dépôts suite à mon billet sur les «rideaux aillagon» : les Grands Dépôts ont été construits dans le futur quadrilatère des Archives nationales (dans le Marais à Paris) par étapes successives sous la monarchie de Juillet puis au début de la 3e République. Ces Grands Dépôts sont venus compléter le palais Soubise (affecté en 1808 par Napoléon Ier aux Archives nationales) devenu trop étroit et franchement incommode (les liasses étaient entreposées à même le sol dans les appartements princiers, puis dans de genre de baraquements de fortune qui ont très vite étaient saturés). J’ai retrouvé dans la collection du Musée (en AE VI b 221) une médaille commémorative par Barre et datée du 3 octobre 1838 sur l’agrandissement de l’hôtel des Archives du Royaume. De même que la l’ancienne collection des archives du Secrétariat (aujourd’hui sous-série AB V) des plans d’agrandissement et de destruction d’anciens baraquements telle la «maison de Daunou» qui était alors plaquée à l’aile est du palais de Soubise.

Aujourd’hui, ces Grands Dépôts abritent les fonds les plus prestigieux (les séries judiciaires de l’Ancien Régime certes, mais aussi, dans ce que l’on nomme familièrement «l’armoire de fer», véritable coffre-fort des Archives nationales installé en 1866, des documents précieux, tels les constitutions de la France, la dernière lettre de Marie-Antoinette, le Serment du Jeu de Paume auquel nous avions consacré un billet, et même le mètre et le kilogramme étalons ainsi que quelques clefs de la Bastille, etc.), le tout dans un décor de hauts rayonnages de bois ceinturés de galeries de circulation auxquelles on accède par des escaliers en ferronnerie (voir image)….

Le musée des AN organise de temps à autre (en dehors des Journées du Patrimoine) des visites guidées de ce lieu habituellement fermé au public : contacts et réservations au 06-10-12-67-27 d’après le prospectus d’octobre 2008 (si le numéro a changé, alors voici le téléphone du musée : 01-40-27-60-96).


vendredi 4 avril 2008

Un croquis de l'hôtel d'Assy en 1857


Voici un croquis d'avril 1857 du premier étage d'Assy que j'ai trouvé en AD V 134 et qui représente mon bureau (encore pour un moment avant le déménagement à Pierrefitte). On remarquera que la rue, aujourd'hui Vieille-du-Temple, était en réalité la Nouvelle-Rue-des-Archives. Le Mont-de-Piété n'a pas bougé, il est au même emplacement.

À l'endroit où est mon bureau, était donc aménagé le logement du directeur général des Archives, en enfilade jusqu'à son bureau actuel qui donne sur le jardin d'Assy. La bibliothèque est toujours au même endroit mais les salles occupées par l'École des Chartes ont été attribuées soit au logement du personnel soit à des bureaux. L'École des Chartes ayant déménagé entre temps.

Il est amusant de noter le « logement de l'agent comptable » en bas à droite (aujourd'hui entrée du 60 rue des Francs-Bourgeois).

Nous préparons en ce moment une exposition sur le bicentenaire de l'entrée des archives de l'Empire à l'Hôtel de Soubise (1808-2008). Cette pièce y sera exposée.

vendredi 28 décembre 2007

L'hôtel de Rohan


J'avais commencé l'année par la description de l'hôtel d'Assy (voir ce billet), je l'achève aujourd'hui par celle de l'hôtel de Rohan situé dans le même quadrilatère du Marais, une aire de près d'un hectare qui abrite encore, pour un temps, les Archives nationales avant qu'elles ne prennent le train pour la banlieue nord de Paris (voir notre locomotive nommée Pierrefitte).

C'est le premier cardinal de Rohan qui attacha le nom de sa famille à cet hôtel construit par Pierre-Alexis Delamair sur les terrains acquis en 1705 au niveau de la rue Vieille-du-Temple.

(Hôtel de Rohan en 2 sur l'image de cette maquette,
en 1 la cour de l'hôtel de Soubise, rue des Francs-Bourgeois).

Pour donner au nouvel hôtel une entrée digne de lui, Delamair changea l’orientation du bâtiment en plaquant une nouvelle façade. C’est à Germain Boffrand que fut confiée la décoration intérieure, véritable chef d’œuvre de l’art rocaille, imitée dans toute l’Europe et admirablement conservée de nos jours.

L'hôtel est donc resté tel que le premier cardinal le fit construire. Sur les jardins, une grande façade monumentale avec un premier étage très élevé et un étage d'attique où se voyaient autrefois les armes du propriétaire. Sur la rue s'ouvre une cour arrondie dont le passage à gauche menait à la cour des écuries (aujourd'hui l'atelier de menuiserie) et celle de droite sur deux abreuvoirs surmontés du fameux bas-relief des Chevaux du Soleil (dont un moulage est conservé à la Cité de l'Architecture et du Patrimoine à Chaillot). Ce bas-relief, postérieur aux premiers travaux de l'hôtel, est l'œuvre de Robert le Lorrain.

(les Chevaux du Soleil)

Quatre autres maisons furent acquises à cet emplacement par le cardinal entre 1714 et 1731, il y fit bâtir des communs et des boutiques (aujourd'hui ce sont les bureaux d'une partie des Missions).

Les grands appartements du premier étage de l'hôtel de Rohan comprennent d'abord une grande antichambre de cinq fenêtres ornée autrefois de onze portraits (aujourd'hui on y tient de temps à autre des colloques ou des journées d'études). La salle de compagnie qui suit a conservé quelques boiseries sculptées blanc et or et quatre médaillons représentant La Guerre, Les Travaux des champs, La Vendange et La Musique; les dessus de portes sont inspirés de l'Enéide (La Colère de Neptune, Vénus recevant Vulcain, etc.). Enfin l'enfilade se termine par le fameux Cabinet des Singes dont la décoration, œuvre de Christophe Huet, était du "goût chinois", un goût exquis qui vaut vraiment le détour…mais hélas, l'accès de ce Cabinet est interdit aux visiteurs sauf pendant les Journées du patrimoine où en visitant les expositions temporaires qui y sont installées ou encore sous la conduite des guides conférenciers (ouvert uniquement le dimanche après-midi, réservation obligatoire).

Bon, je ne vais tout de même pas vous faire tout le tour du propriétaire sauf pour vous indiquer que dans la chambre à coucher du cardinal, au dessus des portes, se trouvaient deux toiles de Boucher, Le Moulin à eau et La Mare (datées vraisemblablement de 1751) et aujourd'hui conservées au Louvre.

Sous la Révolution, l'hôtel de Rohan subit le même sort que son voisin l'hôtel de Soubise. L'ensemble du domaine des Rohan-Soubise fut placé sous séquestre lors de l'émigration des héritiers et servit à de multiples usages, puis fut acquis par l’État par le décret impérial du 6 mars 1808 (on fêtera donc en 2008 son bicentenaire, mais ceci est une autre histoire…).

Napoléon Ier affectera l’hôtel de Soubise aux Archives impériales et l’hôtel de Rohan à l’Imprimerie nationale qui y demeura jusqu’en 1927. Le musée de l’histoire de France fut installé dans l’hôtel de Soubise par Napoléon III en 1867.

Quant à l'hôtel de Rohan, désormais propriété des Archives nationales, il accueillera de grandes expositions historiques, des expositions temporaires, des conférences, des concerts (concert des Jeunes talents par exemple), des visites guidées, etc. Aujourd'hui il abrite une partie du personnel de la section du XIXe siècle (au rez-de-chaussée) et de l'ensemble de la section du XXe siècle (aux étages).

jeudi 5 juillet 2007

Les jardins d'Assy

L'hôtel d'Assy (voir les billets précédents) a également sa façade sur le jardin !

Lorsque Jean-Pierre Chaillon de Jonville, receveur général des finances à Caen, en fait l'acquisition le 20 mai 1706 pour 55000 livres, il égalise son terrain en achetant 2 ans plus tard les parcelles au prince de Soubise et y fait construire une petite aile bordant la cour gauche et couverte en terrasse à la hauteur de la colonnade (image ci dessous).

À sa mort, un partage du 2 juin 1723 attribue la maison à sa fille Marie-Marguerite, femme de Jean-Baptiste Voyle de la Garde, conseiller du roi. Puis, devenue veuve, elle la vend le 29 juillet 1729 pour 117000 livres au président Louis-Guillaume de Chavaudon, seigneur de Montmagny et de Sainte-Maure. C'est lui qui fit construire un aile couverte d'une terrasse au dessus du premier étage qui ferme le quatrième côté de la cour qu'elle sépare du jardin.

Les balcons de l'appartement de l'étage portent le chiffre C.M (Chauvaudon de Montmagny).

Le jardin actuel est un havre de paix en été où viennent de temps à autre se prélasser les agents des Archives qui y organisent de sympathiques après-midis (avec l'accord du directeur va sans dire)…


Dans un prochain billet nous verrons un autre aspect de l'hôtel d'Assy : le salon décoré par Oppenord, une merveille du décor rocaille.

jeudi 3 mai 2007

Elle n'est pas belle ma sculpture madame ?

(détail de la scène centrale)

Voici l’autre volet de la toile sur le chambranle de mon bureau (voir mon billet précédent), il s’agit également d’une scène champêtre dont le cadre est une estrade antique aux colonnes ioniques au chevet de laquelle prône une sculpture d’un dieu.

Au milieu d’un troupeau de moutons, une femme (la bergère ?) assise sur un banc tresse un collier de fleurs et un homme (le berger ?) semble lui poser une question ou lui soumettre une proposition: «c'est quoi par là ?» (avec l'accent du français du XVIIIe siècle évidemment) ou «venez, nous serons mieux par là !»). C’est très ambiguë…

Au fond de la toile, se dégage un paysage d’où émerge un clocher au bord d’un étang.

J’ignore évidemment l’auteur de cette toile et encore moins le titre.

Amusons-nous à en forger un...

samedi 14 avril 2007

Ciel mon mari !

Sur le chambranle de mon bureau à l’hôtel d’Assy, cette toile (dont voici le détail) fait face à une autre, représentant le même thème : une scène champêtre et allégorique, probablement du XVIIIe siècle. Je n’arrive pas identifier l’auteur. Je vais essayer de me rapprocher d’un spécialiste de cette époque afin de percer le mystère de ce peintre. Il doit y avoir des étudiants à l’École du Louvre qui pourront m’aider…à suivre donc.

mercredi 14 février 2007

De l'hypocauste au chauffage central

L'objet représenté ici est l'ancêtre de notre chauffage actuel et se trouve dans mon bureau, à l'hôtel d'Assy. Il est typique des immeubles bourgeois du Marais au XVIIIe siècle.
L'homme est sensible aux variations de température, se protéger du froid lui est donc nécessaire et même vital. D’abord réalisée grâce aux vêtements, cette protection s’étendit à son habitation depuis qu'il a su dompter le feu il y a environ cinquante mille ans si je ne me trompe pas dans les différents âges. Mais faire entrer le feu dans l'habitation n'a pas été facile (appel d'air nécessaire pour faire durer le feu, problème d’enfumage, de respiration, etc)...

Dans les premières maisons, le feu était à même le sol ou sur une plaque d'argile ou encore ceinturé par des cailloux ou des galets. La fumée s'échappait par les éléments que formaient le toit (voir les tentes des nomades de la Mongolie). La cheminée n'est apparue que tardivement, vers le XIe siècle semble-t-il (elle équipait alors les châteaux et les vastes demeures). Au XVe siècle grâce à la découverte d’un alliage de fer et de carbone, une plaque de fonte a été mise près du foyer (elle permis alors l’accumulation et la circulation de la chaleur) et dans le même temps la forme du conduit de la cheminée se perfectionne…mais je ne suis un spécialiste de la cheminée…

Ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est le poêle, c’est-à-dire un foyer fermé relié à un conduit qui évacue la fumée, qui a commencé à remplacer la cheminée murale à partir du XVIIe siècle (le combustible utilisé alors était le bois et le charbon évidemment, mais aussi la bouse d’animaux ou de la tourbe fossile). J’étais encore trop jeune, mais il paraît que jusque dans les années 50, on a encore utilisé le poêle dans certaines écoles.

Cheminées et poêles ne permettaient de chauffer qu'une pièce de la maison à l’inverse du chauffage central permettant de mettre toutes les pièces d'une maison à une même température (à l’instar de l'hypocauste romain utilisé principalement pour les salles de bains : on chauffait le sol par des tuyaux souterrains qui répartissaient la chaleur au dessus). Il s'agissait tout de même d'un chauffage par le sol : le foyer situé au niveau du plancher chauffait le sol qui transmettait la chaleur à la salle.

Dans les immeubles bourgeois du XVIIIe siècle (mon bureau actuel à l’hôtel d’Assy!) on a utilisé le même principe qui s’apparente à un radiateur actuel. C’est un genre de poêle central alimenté d’un combustible (charbon?) qui distribue l'air chaud. Il n'est cependant pas facile à régler puisque ce dispositif est équipé d’une grille protectrice et d’un genre d’auvent permettant de régler la température…

Je me suis amusé à trouvé ce genre de dispositif sur le site du ministère de la Culture et les différentes bases de données (Mérimée, Objets, Palissy, etc.). Mais je n’ai rien trouvé à l’exception de jolis mots que je vous livre en vrac : bouillotte, brique chauffe-lit, chauffe-bain, brasero, chaufferette, cribles-cendres, étouffoir à braises réchaud à braises, moine (caisse doublée de fer-blanc où l’on suspend un réchaud pour chauffer un lit), fer chauffe-lit, fer chauffe-mains, etc.

Mais au fond qu’importe tout cela puisque chez moi je n’utilise pas le chauffage (même en hiver!) : je suis exposé plein sud et sous les toits. Toute la chaleur emmagasinée dans la journée m’est restituée la nuit....

mardi 2 janvier 2007

L'hôtel d'Assy



L'hôtel de Soubise constitua le noyau des Archives (le décret portant l’acquisition de cet hôtel est en AF/IV/298, plaquette 2132) qui se développèrent de sa création à 1962 par l'acquisition d'autres immeubles, tous de grande qualité (hôtels d'Assy, de Breteuil, de Boisgelin, de Fontenay, de Jaucourt).
Cette aire de près d'un hectare abrite les Archives nationales dans le quartier du Marais à Paris les plus complètes au monde dans le cadre du pur style classique français. Mon bureau est précisément l’hôtel d'Assy ! Celui-ci avait été acquis par Jean-Claude Geoffroy d’Assy le 3 septembre 1787 pour 110 000 livres. Geoffroy d’Assy, caissier royal de la recette générale, avait donné à ses enfants comme précepteur l’astronome Delambre, et l’on construisit pour lui un petit observatoire sur le toit de l’immeuble (qui fût hélas détruit en 1910). À sa mort en 1793, l’hôtel passa à sa veuve Élisabeth Lelong, puis en 1826 à leur fils Alexandre-Louis, ancien conseiller au Châtelet. C’est celui qui chargea son fils Claude-Aimé-Alfred de le vendre aux Archives du Royaume le 28 mai 1845…pour mon grand plaisir aujourd’hui puisqu'une partie de cet hôtel n'est plus ni moins que mon bureau !

dimanche 31 décembre 2006

Les Archives nationales

Situées à Paris dans le Marais, les Archives nationales...aussi curieux que cela puisse paraître, c'est n'est seulement depuis aujourd'hui 1er janvier 2007, par arrêté du 24 décembre 2006 paru le 31 décembre 2006 qu'ont été créées les "Archives nationales"(avant on disait on disait "Centre historique des Archives nationales" ou "Centre des Archives d'outre-mer", etc.)... conservent et communiquent les archives de la France depuis les Mérovingiens jusqu'en 1958. Aux archives des organismes et établissements d'Ancien Régime supprimés à la Révolution, se sont ajoutées au fil des siècles les archives des administrations centrales de l'Etat, des archives privées, les minutes des notaires parisiens, et c'est à cet endroit du Marais que je travaille.

Depuis que l'information est créée, stockée, gérée et transmise sous forme numérique, qui n'a pas un jour perdu ses données ? Soit parce qu'il ne disposait plus de la bonne version du logiciel pour l'ouvrir, soit parce que son ordinateur n'avait pas de lecteur capable de lire la disquette sur laquelle les données étaient conservées ? Ou encore, qui n'a pas été un jour incapable de retrouver tel courrier électronique sur sa boîte de messagerie ou tel fichier sur le bureau de son poste de travail ?

Chacun est aujourd'hui confronté à l'obsolescence de plus en plus rapide des technologies et la préservation de l'écrit numérique dépend du maintien durable de l'harmonie entre médias, formats de données et équipements. L'archivage électronique est un métier à part entière. Entre autres choses (rédaction d'inventaires, conservation, communication, etc.) je prends beaucoup de plaisir à travailler sur l'EAD et l'XML ainsi qu'à tester différentes manières de publier mes inventaires en EAD sur Pleade (une plateforme entièrement paramétrable et libre de droit) www.pleade.org...