lundi 27 mai 2013

Une formation au Centre Phoenix pour les Études Libanaises

Une pièce montée à l'occasion de la fête de l'Université (USEK) à laquelle j'avais été convié

Parmi les principales Universités libanaises, dont la plus connue reste l’AUB (Université américaine de Beyrouth), figure dans les 5 premières, l’Université Saint-Esprit de Kaslik (USEK) fondée en 1961 (usek.edu.lb) dont les cours sont à la fois en Français et en Anglais. C’est à cet endroit que j’avais été invité la semaine dernière (du 12 au 17 mai) par Marie Lamaa, directrice adjointe du Centre Phoenix pour les Études Libanaises (CPEL), pour y former des stagiaires à la pratique archivistique, du moins dans ses rudiments puisque les participants (très brillants soit dit en passant) côtoyaient des archives dans le cadre de leur travail quotidien : universitaires, historiens, séminaristes, bibliothécaires pour certains, responsables des archives de leur institution pour d’autres (monastères, congrégations religieuses, etc.). Depuis sa fondation en 2008, le CPEL  reçoit des dons ou de dépôts de collections d’archives (documents, photos, cartes, plans, etc.) de la part d’institutions ou de particuliers. Ces documents ainsi conservées sont ensuite dématérialisées de sorte que le donateur (ou le déposant) puisse garder une copie de sa collection.

La vue de notre salle de cours à l'USEK !
Voilà pour le cadre. Notre contribution (nous étions deux archivistes en fait, Magali L. et moi) a surtout consisté à sensibiliser ces usagers des archives à mieux les connaître, à bien les conserver et à les utiliser tous les moyens pour les valoriser (le dernier jour de la formation, un vrai succès, a consisté à faire travailler les participants à une mini-exposition sur un groupe documentaire que le CPEL conserve, les papiers de la famille Sursock, grande famille aristocratique établie à Beyrouth depuis la fin du XVIe siècle).

Voici le programme proposé :

  • Lundi 13 mai : Définition des archives. Les archives publiques. Les archives privées.
  • Mardi 14 mai : Les instruments de recherche l’après-midi et la description archivistique le matin puisque il est préférable de mieux connaître pour mieux décrire, nous avons passé en revue les différents niveaux de description (de la pièce au fonds avec une définition très précise et des exemples pour chaque niveau). Nous avons ensuite donné quelques définitions fondamentales avant l’introduction proprement dite à la norme ISAD(G) et ces 6 zones de description suivi de la prise en main de l’ICA-AtoM pour l’encodage des exercices (travail de groupe, directement sur le site demo de ICA-AtoM)...Les instruments de recherche l’après-midi donc : les grandes catégories d’instruments de recherche (inventaire, répertoire numérique, récolements état sommaire, Guides, etc.) suivi des différentes parties d’un instrument de recherche (introduction, corps de l’instrument de recherche, annexes, index, tableau de concordance, etc.).
  • Mercredi 15 mai : classement d'archives privées avec des exercices pratiques sur l’analyse du statut juridique, description des pièces, plan de classement, choix et rédaction de l’instrument de recherche (introduction, corps de l’instrument de recherche, index, etc.) suivi de la correction de l’exercice pratique, faite par chaque groupe.
  • Jeudi 16 mai : le format d’encodage (XML-EAD) autrement dit qu’est ce qu’une DTD ? Principe du XML pour expliquer pourquoi ce langage de balisage convient parfaitement à une DTD grâce à sa représentation structurée des documents en un arbre d’éléments et d’attributs. Nous avons pris comme exemples des instruments de recherche élaborés dans les ateliers précédents et la manière de les rendre conforme ISAD(G) puis les convertir en EAD en prenant en compte les éléments essentiels et leurs attributs…le tout mis en œuvre sous ICA-AtoM.
  • L’après-midi du 16 mai nous avons donné une conférence publique sur la chaîne archivistique (les différentes étapes de traitement des archives, notions de fonds d’archives et principe du respect des fonds, cycle de vie du document : classer, décrire, coter, ranger, conserver, communiquer, valoriser….), la communication des archives (inscription, salles de consultations, salle de lecture, règlement intérieur, surveillance, règles de comportement, quotas de documents) et la conservation des archives (normes, bâtiments, conservation préventive, manipulation)…une bonne vingtaine d’auditeurs. Très sympathique!
  • Vendredi 17 mai : journée entièrement consacrée la valorisation (expositions, publications, journées d'études, visites, service éducatif, etc.) et à la restitution du stage. Les stagiaires répartis en deux groupes, avaient préparé en fil rouge tout au cours de la semaine, une exposition sur la famille Sursock pour le premier groupe, et pour le second groupe un classement de quelques dossiers de la même famille avec élaboration d’un instrument de recherche sous ICA-AtoM. Et là, les stagiaires nous ont franchement épatés ! le résultat a été au-delà de nos espérances. Cette restitution a été un franc succès, chaque groupe ayant appris de l’autre toutes les techniques d’une bonne valorisation.

Voilà pour le cadre institutionnel…voyons le cadre touristique : le Liban est à peine plus vaste qu’un département français, on peut le traverser du nord au sud en 2h30 environ s’il n’y a pas d’embouteillage sur la route, car c’est là où nous avons souffert le premier jour : notre corps physique refusait instinctivement cette masse de voitures qui s’agglutinait partout (une 3 voies d’autoroute se transforme en 5 voies à tout instant sans qu’aucun conducteur ne s’en offusque, klaxonnant même pour que cela se poursuive !)…l’horreur donc. Mais très vite on s’habitue et là, tous les paysages des villes, des campagnes, des montagnes et des vallées s’illuminent comme le sourire des Libanais très gentils, très accueillants... je ne vais pas m’étendre parce que je compte bien rédiger quelques billets des endroits par où je suis passé les 3 jours (samedi, dimanche et lundi) qui ont suivi cette formation, m’étant rendu successivement à Byblos, puis sur la colline des monastères où j’ai rencontré quelques archivistes qui m’ont fait découvrir les trésors de leur collection (notamment le monastère de Charfé...mais je m'étendrai davantage sur ces archives dans un billet à venir), à Harissa et enfin dans la plaine de la Bekaa (Chtaura, Ksara et son vignoble, Zahlé et sa gastronomie, Anjar et sa cité ommeyade, et enfin Baalbek)…

La conservation des archives du monastère de Charfé (...fera l'objet d'un billet à venir)

Rendez-vous est donné l’année prochaine pour la suite : nous approfondirons l’EAD et les points d’accès (notion de thésaurus, des listes d’autorité, de SKOS, etc.), nous introduirons l’EAC et ferons des publications sur des plateformes tels Pleade ou Mnesys (je demanderai des autorisations pour pouvoir publier en ligne sur leur site le temps de la formation pour pouvoir ainsi commenter le résultat d’une publication et les attentes du public).

Merci à Marie Lamaa, Rodica, Robier et Roula pour leur accueil et leur professionnalisme.