lundi 9 juillet 2007

Un drame au phare des Roches-Douvres

Ce phare, situé dans les Côtes d'Armor, est l'un des plus éloignés des côtes françaises ; il se trouve entre Bréhat et Guernesey et a été construit entre 1867 et 1868 (son feu fut allumé officiellement le 6 août 1869).
À l'origine, c'était une tour métallique d'une cinquantaine de mètres de hauteur aujourd'hui détruite et reconstruite en béton et en briques de 65 mètres de hauteur (la construction métallique présentait en effet de nombreux inconvénients telles les incessantes vibrations, la condensation des feux qui rendait difficile leur entretien).

Enfant, je souhaitais devenir gardien de phare, attiré par la perspective de passer le temps à lire des milliers de livres dont le phare serait pourvu, de pouvoir contempler la mer à l’infini, de s’enivrer d’ondées de sel et changer de temps à temps quelques ampoules ou de rédiger quelques menus rapports …la tranquillité en somme !

En réalité, gardien de phare n’est pas une fonction de tout repos. On le sait. Et Marianne W., étudiante en archivistique, qui, dans le cadre de son stage actuel, inventorie les demandes des pensions du personnel des Travaux publics du XIXe siècle, me l’a encore rappelé la semaine dernière. Elle a trouvé dans la série F/14/3153 le dossier d’un nommé Jean-René Mével, né le 1er janvier 1861 à l’île de Bréhat, gardien du phare des Roches-Douvres, à qui est arrivé un accident qu’aucun gardien ne souhaiterait avoir : tomber du phare !
Voici en quelques termes ses collègues relatent ce drame.

Phare des Roches-Douvres le 6 janvier 1893

Monsieur le conducteur
Un accident vient d’arriver au phare, le 5 au soir, le gardien Mével m’a accompagné dans la lanterne pour procéder au service du soir, il est descendu à 5h20 et en descendant, il est tombé […] il avait la tête fracassée en plusieurs endroits […] nous l’avons couché sur son lit et fait un pansement au moyen de bandelettes de Dixchilon et de bande de toile […].

À 1 heure 30 il est mort sans avoir pu prononcer une parole mais entendait bien ce qu’on lui disait [!] (…) le pavillon a été mis en berne. Le 7 nous l’avons enveloppé dans deux hamacs cousus ensemble et fait un cercueil avec des planches et transporté à la cabane en attendant du secours [!].
Signé : Le Roy et Le Bherando

Ce n’est que 10 jours plus tard que le docteur constate le décès, le cadavre étant en pleine décomposition, il n’a pu procéder à l’autopsie et se contente de constater que le cadavre porte de nombreux ecchymoses sur divers parties du corps…

Aujourd’hui, la fonction du gardien de phare a quasi disparu du fait de l’automatisation des phares. Celui des Roches-Douvres a été électrifié en 1971 et en octobre 2000, les derniers gardiens ont quitté définitivement leur perchoir, fin d'un épisode…

Ah! j'oubliais ! le feu des Roches-Douvres est toujours d'un feu blanc 1 éclat toutes les 5 secondes…tout un poème.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Loin du phare des Roches-Douvres, ce jour d'avant veille de la fête à pétards ...

Messieurs Le Roy et Le Bherando auriez-vous enfin réussi le crime parfait ? Et tout ça pendant que le feu blanc s'éclate toutes les 5 secondes ? ... Waouh !

Anonyme a dit…

Tiens, tiens, je n'y ai guère pensé à cette éventualité...et si c'était un crime parfait ! bien vu Agathe et son âne, le couple de détectives.