Toujours dans la série «femme et Légion d’honneur» (lire nos anciens billets) voici le cas Rosalie Clausse, dite La Petite.
Le dossier (29 pièces) dans LH/3204, contient aussi le numéro du 24/04/1898 du journal "L'Alsacien-Lorrain"). Rosalie Clausse est née le 2 juillet 1835 à Gravelotte en Moselle, haut lieu de guerre en 1870-1871. Elle habita ensuite à Meaux, au numéro 2 de la rue des Vieux-Moulins.
Lorsque les soldats entrèrent dans le village de Gravelotte et dans les maisons desquellles étaient cachées des munitions de guerre, ils firent prisonniers 8 habitants et 20 soldats qu’ils s’apprêtaient à fusiller…Rosalie Clausse (c’est elle qui raconte) se rendit alors auprès du prince Albert de Prusse et par ses prières, son dévouement, obtint de celui-ci un ordre qui gracia les prisonniers.
Plus tard, ayant constaté que des prisonniers et blessés français étaient mal soignés et manquaient de nourriture, elle se rendit de nouveau auprès du prince et obtint ce qu’elle désirait (c’est toujours elle qui raconte). Elle se blessa à plusieurs reprises en portant à manger aux blessés à tel point qu’elle arrêta quelques temps de prodiguer ses soins.
Tous ces faits sont certifiés par divers certificats qu’elle adresse à sa demande de la Légion d’honneur en 1888 puis en juin 1892 (elle renouvellera sa demande le 25 février 1893 n’ayant obtenu aucune réponse).
Dans un premier temps, comme le fait systématiquement la Grande chancellerie concernant les demandes émanant de femmes, le dossier est clos avec une note brève «à écarter (…) on examinera». Puis on lui répond l’on «examinera avec intérêt [son dossier mais qu’on] ne dispose que d’un tout petit nombre de croix et que les candidats sont bien nombreux, etc.».
Le député de Seine-et-Marne (elle habite à Meaux souvenez-vous) Gaston-Émile-Henri Menier s’en mêle le 27 mars 1900, il écrit au Grand chancelier pour lui appeler sa bienveillance de «faire tout [son] possible pour accorder satisfaction à la dame Rosalie Clausse». Celle-ci de son côté multiple les demandes (11 septembre 1900, 3 avril 1901, 1er mars 1902, 1er septembre puis 22 novembre 1903, etc.).
Mais c’est en définitif, le préfet de Seine-et-Marne qui, dans une lettre adressée au Grand chancelier du 6 juin 1902, motivera la réponse négative. En effet, le préfet met à la connaissance du Grand chancelier que «personne à Meaux ne connaît les titres de Melle Clausse à la distinction qu’elle sollicite. Sa candidature pourrait être attribuée aux suggestions de mystificateurs» : en clair, toutes les pièces justificatives de la dame Clausse sont fausses....
Mais notre dame Clausse ne se laisse pas intimider, elle adresse à nouveau (voir la copie en médaillon) une dernière lettre au Grand chancelier (avec sa signature légalisée par la mairie) en affirmant que ses lettres sont réellement exceptionnels et que toutes les pièces justificatives avaient été envoyées à la Grand chancellerie, elle ajoute «qu’elle fut blessée en portant à manger à nos blessés qui étaient dans leurs tentes (…) qu’il y a 35 ans elle refusa l’argent de l’Alsace-Lorraine pour dette au roi Guillaume et [que] la couleuvre resta française [!!!]».
Dans une lettre du 20 novembre 1905 (et le dossier est ensuite clôt) le Grand chancelier «informe [la dame Clausse] qu’en raison du nombre toujours croissant des demandes et du faible contingent disponible, la Grande chancellerie ne propose plus pour la décoration, au seul titre de la guerre 1870-1871, que des candidats justifiant de blessures graves ou d’actions d’éclat dûment constatés (…) [et que] dans ces conditions, on regrette de ne pouvoir lui accorder la Légion d’honneur».
Ce n’est pas la première fois : le rôle des femmes pendant la guerre de 1870-1871 est très mal connu et, par conséquent, a été très mal valorisé et récompensé.
Le dossier (29 pièces) dans LH/3204, contient aussi le numéro du 24/04/1898 du journal "L'Alsacien-Lorrain"). Rosalie Clausse est née le 2 juillet 1835 à Gravelotte en Moselle, haut lieu de guerre en 1870-1871. Elle habita ensuite à Meaux, au numéro 2 de la rue des Vieux-Moulins.
Lorsque les soldats entrèrent dans le village de Gravelotte et dans les maisons desquellles étaient cachées des munitions de guerre, ils firent prisonniers 8 habitants et 20 soldats qu’ils s’apprêtaient à fusiller…Rosalie Clausse (c’est elle qui raconte) se rendit alors auprès du prince Albert de Prusse et par ses prières, son dévouement, obtint de celui-ci un ordre qui gracia les prisonniers.
Plus tard, ayant constaté que des prisonniers et blessés français étaient mal soignés et manquaient de nourriture, elle se rendit de nouveau auprès du prince et obtint ce qu’elle désirait (c’est toujours elle qui raconte). Elle se blessa à plusieurs reprises en portant à manger aux blessés à tel point qu’elle arrêta quelques temps de prodiguer ses soins.
Tous ces faits sont certifiés par divers certificats qu’elle adresse à sa demande de la Légion d’honneur en 1888 puis en juin 1892 (elle renouvellera sa demande le 25 février 1893 n’ayant obtenu aucune réponse).
Dans un premier temps, comme le fait systématiquement la Grande chancellerie concernant les demandes émanant de femmes, le dossier est clos avec une note brève «à écarter (…) on examinera». Puis on lui répond l’on «examinera avec intérêt [son dossier mais qu’on] ne dispose que d’un tout petit nombre de croix et que les candidats sont bien nombreux, etc.».
Le député de Seine-et-Marne (elle habite à Meaux souvenez-vous) Gaston-Émile-Henri Menier s’en mêle le 27 mars 1900, il écrit au Grand chancelier pour lui appeler sa bienveillance de «faire tout [son] possible pour accorder satisfaction à la dame Rosalie Clausse». Celle-ci de son côté multiple les demandes (11 septembre 1900, 3 avril 1901, 1er mars 1902, 1er septembre puis 22 novembre 1903, etc.).
Mais c’est en définitif, le préfet de Seine-et-Marne qui, dans une lettre adressée au Grand chancelier du 6 juin 1902, motivera la réponse négative. En effet, le préfet met à la connaissance du Grand chancelier que «personne à Meaux ne connaît les titres de Melle Clausse à la distinction qu’elle sollicite. Sa candidature pourrait être attribuée aux suggestions de mystificateurs» : en clair, toutes les pièces justificatives de la dame Clausse sont fausses....
Mais notre dame Clausse ne se laisse pas intimider, elle adresse à nouveau (voir la copie en médaillon) une dernière lettre au Grand chancelier (avec sa signature légalisée par la mairie) en affirmant que ses lettres sont réellement exceptionnels et que toutes les pièces justificatives avaient été envoyées à la Grand chancellerie, elle ajoute «qu’elle fut blessée en portant à manger à nos blessés qui étaient dans leurs tentes (…) qu’il y a 35 ans elle refusa l’argent de l’Alsace-Lorraine pour dette au roi Guillaume et [que] la couleuvre resta française [!!!]».
Dans une lettre du 20 novembre 1905 (et le dossier est ensuite clôt) le Grand chancelier «informe [la dame Clausse] qu’en raison du nombre toujours croissant des demandes et du faible contingent disponible, la Grande chancellerie ne propose plus pour la décoration, au seul titre de la guerre 1870-1871, que des candidats justifiant de blessures graves ou d’actions d’éclat dûment constatés (…) [et que] dans ces conditions, on regrette de ne pouvoir lui accorder la Légion d’honneur».
Ce n’est pas la première fois : le rôle des femmes pendant la guerre de 1870-1871 est très mal connu et, par conséquent, a été très mal valorisé et récompensé.
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