mercredi 2 juillet 2008

Une lettre anonyme sur le vol de la Joconde


Nous retrouvons souvent des lettres anonymes dans les archives (lire notre billet précédent sur les lettres adressées par un curé). Celle-ci touche une affaire évoquée la semaine dernière sur le service de l’anthropométrie judiciaire (lire ce billet).

A. Briand, alors ministre de la Justice, reçoit à son adresse particulière, cette lettre anonyme non datée (bourrée de fautes) envoyée le 5 mars 1912 (et reçue le 7 mars) sur le vol de la Joconde et qui accuse l’antiquaire Weil mais dont on connaît le dénouement (il s’agissait du laveur de carreaux Perruga, dossier dans BB/18).

«citoyen Briand votre administration se dégrade de plus en plus, les faits scandaleux le démontre (sic) péremptoirement et l’affaire de la Joconde par le gendre de l’anticaire (sic) Weil et son frère Lucien domicilié 9 Bd d’Argenson en sont la preuve indéniable. J’en fis aussitôt part à Dujardin avant tout bruit de presse, il gardait un prudent silence lors des interpellations, je renouvelai mes démarches auprès de Charles Benoist de Lépine de Jaurès [et] tous se récusèrent prudemment. Cependant sans erreur possible c’est entre les mains de ces hommes vils juifs…que se cache notre chère merveille et qu’il était alors si facile d’y retrouver mais l’incurie et la mauvaise foi de votre administration si connue de toutes les victimes judiciaires a préféré se cacher sous la honte du devoir méconnu et laisser courir en des lieux plus hospitaliers cette douloureuse et irréparable perte. Quelle honte quelle tare dans vos consciences si complètement déprimées et qui vous font dénomer (sic) si véridiquement la ligue judiciaire contre les honnêtes gens, etc.

(...)

[et on signe] un témoin oculaire [et on n’oublie pas de préciser au cas où…] indépendant du vol de la Joconde.

On retrouvera plus tard la Joconde en Italie…

2 commentaires:

Jean Pierre J. a dit…

Encore un exemple d'un ancien éléve de l'école type Jules Ferry, où les hussards de la République, malgré leur métier, n'arrivaient pas à obtenir des textes sans erreurs orthographiques. On retrouve d'ailleurs ces fautes dans les lettres des poilus de 14-18.

Et maintenant, on les retrouve aussi dans des articles du Monde, surtout sur le site numérique
d'ailleurs.

Il n'y a jamais eu d'âge d'or de l'école où tous les éléves apprenaient bien, étaient sages,et avaient 0 fautes à la dictée!!

Anonyme a dit…

Tiens, cela me donne une idée d'éditer des textes uniquement remplis de fautes, j'en retrouve un grand nombre...
Cela dit, on ne peut que louer le style incomparable des textes du XIXe siècle, on retrouve le phrasé précieux du siècle précédent ainsi que des tournures de phrases dont les éditorialistes du Monde ou autres journaux feraient bien de copier à la place de leur anglicismes et de leurs néologismes libertins genre "chater", "low-cost" ou autres barbarismes inquiétants...
Boileau, reviens !