Le rôle d’Alphonse Bertillon (né en 1853) dans l’identification des criminels supposés et la modernisation des pratiques policières (création de fiches signalétiques, etc., c’est-à-dire tout un ensemble de techniques policières plus connu sous le terme de «anthropométrie judiciaire»), est reconnu. Il reste le fondateur de la police scientifique telle que nous connaissons aujourd’hui par ses procédés d'identification des criminels qui utilise toute la technologie de cette époque (photographie par exemple) ou par un appareillage spécialement mis en place pour l’occasion (compas et toise pour évaluer la taille du cerveau, encreur pour la prise d'empreintes digitales, etc.).
L'anthropométrie fut ensuite utilisée dans tous les établissements pénitentiaires afin que chaque détenu soit fiché selon son état-civil, la nature et la durée de la peine, mais aussi selon sa morphologie : on a ainsi mesuré la taille, la largeur du crâne, l’oreille droite, le nez, les doigts, le pied gauche, l’envergure, évaluer la forme du buste, noter la couleur des yeux, le port de la barbe, du bouc ou de la moustache, noter aussi la présence de signes distinctifs tels les cicatrices, etc.).
L'anthropométrie fut ensuite utilisée dans tous les établissements pénitentiaires afin que chaque détenu soit fiché selon son état-civil, la nature et la durée de la peine, mais aussi selon sa morphologie : on a ainsi mesuré la taille, la largeur du crâne, l’oreille droite, le nez, les doigts, le pied gauche, l’envergure, évaluer la forme du buste, noter la couleur des yeux, le port de la barbe, du bouc ou de la moustache, noter aussi la présence de signes distinctifs tels les cicatrices, etc.).
Pourtant ce service a failli dans l’affaire spectaculaire du vol du tableau le plus célèbre du monde par Vincent-Pierre Perrugia (ou Perugia) le 21 août 1911 (la Joconde dérobée au Louvre a été retrouvé plus tard, en décembre 1913, lorsque notre Perrugia proposa de la revendre à un antiquaire).
Le 19 décembre 1913, dans une lettre adressée au garde des Sceaux, le député Georges Bureau demande à celui-ci la permission de le questionner publiquement à l’Assemblée nationale sur les mesures qu’il compte prendre pour assurer le bon fonctionnement du service anthropométrique et quelles instructions compte-t-il donner à la police afin qu’elle apporte plus de soin et de perspicacité dans ses investigations (dossier dans BB/18/2532).
Le garde des Sceaux se réfère alors à son procureur général pour obtenir les éléments à la réponse qu’il compte donner à l’Assemblée. Dans un rapport du 22 décembre 1913, le procureur général de Paris précise que le service anthropométrique dépend non pas du Parquet mais de la Préfecture de Police et explique ensuite la méthode utilisée pour la confection des fiches :
«Il [le service anthropométrique] mesure les épaules, hauteur et largeur, les dimensions et la conformation du crâne, l’écartement des yeux [ainsi] les empreintes de la main droite. En procédant ainsi, il a établi le chiffe énorme de 950000 fiches (…). Or, l’empreinte relevée sur la vitre [Perrugia était l'un des vitriers qui avait participé aux travaux de mise sous verre des tableaux dont la Joconde qu’il déroba donc] était celle d’un pouce de la main gauche. Par conséquent, avec ce seul élément, on ne pouvait pas consulter utilement les fiches puisqu’elles ne contiennent aucune empreinte de la main gauche».
On procéde alors (en janvier 1913) à la prise de l’empreinte du pouce de la main gauche de tous les gardiens, employés, fonctionnaires et ouvriers de divers corps de métiers qui avaient travaillé au Louvre (aujourd’hui ce serait plutôt l’ADN), mais Perrugia n’avait pas été invité à donner la sienne (le vol ayant été commis en août 1911, on avait oublié son passage !).
Ainsi donc, ce service, qui fort des techniques anthropométriques de signalement, des recherches de détails, d’indices, n’a pas rendu possible l’identification policière du coupable du vol de la Joconde.
Mais voici que l’affaire rebondit puisque le procureur général se fait remettre la fiche anthropométrique de Perrugia et constate que celle ci portait les empreintes de sa main gauche mais aussi de sa main droite…il demande alors des explications au service qui lui répond «le service prend les empreintes des deux mains mais pour le classement des fiches, seules les empreintes de la main droite sont utilisées. Il s’en suit qu’avec la trace du pouce gauche retrouvée sur la vitre du tableau, il n’était pas possible d’arriver à une identification à l’aide du classement [car] pour obtenir un résultat, il aurait fallu examiner une à une toutes les fiches. Mais un pareil travail était trop long pour être entrepris».
Que le procureur général se rassure, on n’aurait pas fait mieux aujourd’hui, par manque de personnel (on a en effet décidé de ne remplacer que la moitié des fonctionnaires partant à la retraite et que dire du triste avenir du «service publique» par manque d’un budget décent consacré à la Culture, à la Justice ou à la Police ?)…
Le 19 décembre 1913, dans une lettre adressée au garde des Sceaux, le député Georges Bureau demande à celui-ci la permission de le questionner publiquement à l’Assemblée nationale sur les mesures qu’il compte prendre pour assurer le bon fonctionnement du service anthropométrique et quelles instructions compte-t-il donner à la police afin qu’elle apporte plus de soin et de perspicacité dans ses investigations (dossier dans BB/18/2532).
Le garde des Sceaux se réfère alors à son procureur général pour obtenir les éléments à la réponse qu’il compte donner à l’Assemblée. Dans un rapport du 22 décembre 1913, le procureur général de Paris précise que le service anthropométrique dépend non pas du Parquet mais de la Préfecture de Police et explique ensuite la méthode utilisée pour la confection des fiches :
«Il [le service anthropométrique] mesure les épaules, hauteur et largeur, les dimensions et la conformation du crâne, l’écartement des yeux [ainsi] les empreintes de la main droite. En procédant ainsi, il a établi le chiffe énorme de 950000 fiches (…). Or, l’empreinte relevée sur la vitre [Perrugia était l'un des vitriers qui avait participé aux travaux de mise sous verre des tableaux dont la Joconde qu’il déroba donc] était celle d’un pouce de la main gauche. Par conséquent, avec ce seul élément, on ne pouvait pas consulter utilement les fiches puisqu’elles ne contiennent aucune empreinte de la main gauche».
On procéde alors (en janvier 1913) à la prise de l’empreinte du pouce de la main gauche de tous les gardiens, employés, fonctionnaires et ouvriers de divers corps de métiers qui avaient travaillé au Louvre (aujourd’hui ce serait plutôt l’ADN), mais Perrugia n’avait pas été invité à donner la sienne (le vol ayant été commis en août 1911, on avait oublié son passage !).
Ainsi donc, ce service, qui fort des techniques anthropométriques de signalement, des recherches de détails, d’indices, n’a pas rendu possible l’identification policière du coupable du vol de la Joconde.
Mais voici que l’affaire rebondit puisque le procureur général se fait remettre la fiche anthropométrique de Perrugia et constate que celle ci portait les empreintes de sa main gauche mais aussi de sa main droite…il demande alors des explications au service qui lui répond «le service prend les empreintes des deux mains mais pour le classement des fiches, seules les empreintes de la main droite sont utilisées. Il s’en suit qu’avec la trace du pouce gauche retrouvée sur la vitre du tableau, il n’était pas possible d’arriver à une identification à l’aide du classement [car] pour obtenir un résultat, il aurait fallu examiner une à une toutes les fiches. Mais un pareil travail était trop long pour être entrepris».
Que le procureur général se rassure, on n’aurait pas fait mieux aujourd’hui, par manque de personnel (on a en effet décidé de ne remplacer que la moitié des fonctionnaires partant à la retraite et que dire du triste avenir du «service publique» par manque d’un budget décent consacré à la Culture, à la Justice ou à la Police ?)…
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