Ce matin j'ai assisté à une moitié de colloque (le matin uniquement) sur les figures de femmes criminelles organisé en la Sorbonne.
Il s’agissait de comprendre comment la criminalité féminine a été culturellement forgée jusqu’à nos jours et pourquoi le récit de leurs crimes les transforme-t-il si facilement en monstres ? nous nous sommes en effet toujours nourri de l’image de la femme comme gardienne du foyer traditionnellement assignée à l’épouse et à la mère, un rôle qu’il est dangereux d’enfreindre. Alors comment le déconstruire pour représenter les femmes coupables? Voilà le résumé rapide.
La matinée était sous la responsabilité de Frédéric Chauvaud, grand historien de l'Université de Poitiers. Il parle posément, clairement, d'une voix douce. Le président de séance était Dominique Kalifa. D'abord passe Arlette Farge, historienne qu'on ne présente plus, spécialiste de la criminalité du XVIIIe siècle entre autres mais aussi auteur du délicieux "le goût de l'archive" sorti il y a 15 ans. Ce matin elle nous a présenté "l'espace public de la criminalité féminine", une présentation "pas à pas", "cas par cas". Très intéressant.
Ensuite c'est au tour d'Anne-Emmanuelle Demartini, historienne de Diderot-7, sur "la figure de l’empoisonneuse", elle évoque Violette Nozières, puis la marquise de Brinvilliers, célèbre parmi les célèbres empoisonneuses, exécutée sur la place de grève en 1676, mais aussi Marie Lafarge, condamnée aux travaux forcés à perpétuité par la cour d'assises de la Corrèze et à l’exposition sur la place publique en 1840, et évidemment quand on évoque Marie Lafarge il y a toujours dans le public une question sur un possible "coup monté", une erreur judiciaire, voire un "crime parfait", et ça n'a pas manqué : une vielle dame qui se dit être descendante des Lafarge affirme détenir des informations uniques et inédites sur "l’affaire Lafarge"…(!) ben voyons...!
Allez on continue, voici Anne-Claude Ambroise-Rendu, historienne de Paris X qui nous parle de ces femmes qui trahissent leur sexe, ces "criminelles sexuelles et mères maltraitantes au XIXe-XXe siècles", j'ai retenu que la femme avait un goût prononcé au sang sans doute parce qu'elles en perdent tous les mois et qu'au moment de l'accouchement elle en perdait encore davantage, etc., assez intéressante intervention à vrai dire.
Puis Karine Salomé, historienne de l'Université de Poitiers, évoque la vie des femmes "terroristes", un mot qu'elle a volontairement forgé pour regrouper Charlotte Corday, Germaine Berton et autres femmes coupables de voies de faits sur des personnalités politiques (Marat, Louis-Philippe, etc.).
Enfin Véronique Blanchard, responsable du centre d’exposition "Enfants en justice" à Savigny-sur-Orge, et Jean-Jacques Yvorel, historien, ont clos la matinée sur les "mineures criminelles : portraits croisés XIXe-XXe siècles", vraiment très vivant et bien documenté. Bravo !
Lundi je vais encore assiter à une journée d'études, ça n'arrête pas...là c'est "les hommes et les femmes de l'Université, regards sur quelques itinéraires" (bicentenaire de l'Université oblige).
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