mercredi 5 mars 2008

Des chutes mortelles

(le phare du Titan dans le Var)


Dans la série des chutes mortelles d'un phare, j'avais déjà signalé le cas de Jean-René Mével, né le 1er janvier 1861 à l’île de Bréhat, gardien du phare des Roches-Douvres, qui s'était fracassé le crâne à la suite d'une chute dans le vide entre le limon et la lisse de l'escalier le 6 janvier 1893 (dossier en F/14/3153), lire cet ancien billet

Depuis cette trouvaille que Marianne W. m'avait alors fait part, j'ai retrouvé dans les 300 gardiens de phares recensés dans les dossiers de pension du personnel des Travaux publics (XIXe siècle) en F/14/2945 à 3075 et F/14/3077 à 3184, une bonne dizaine de chutes en tout genre.
Tous les accidents ne sont pas dus à des chutes de phares. Ainsi un nommé Marie-Esther-Aimé-Vincent Verrier, éclusier, né le 20 avril 1865 à Ovanches (Haute-Saône), décède le 21 novembre 1898 par suite d'un banal accident de service : il avait fait une chute mortelle en élaguant un arbre aux environs de Rupt-sur-Saône où il demeurait en compagnie de sa femme Emélie-Léonie née Gibrat (ce dossier et les rapports de l'accident sont en F/14/3181).

Les éclusiers et les maîtres de port (avec les gardiens de phares) sont les plus exposés aux chutes. François-Claude Pocard, né le 14 avril 1848 à Pouilly-en-Auxois (Côte-d'Or), éclusier à Chassignelles (Yonne) décède le 4 juillet 1896 d'une chute restée inexpliquée (dossier en F/14/3164). Un autre est piétiné par un bœuf après une chute de cheval en tournée à Oua-Tioli en Nouvelle-Calédonie le 7 juillet 1884 (dossier Denis Reynier, né le 1er mai 1852, F/14/3169).

Les chutes accidentelles et parfois mortelles dans le chenal sont également très courantes, ainsi Alfred-Adolphe Nothias né le 6 mars 1834 à Dieppe décède par suite d'une infirmité résultant de l'exercice de ses fonctions : sa vue de nuit étant considérablement affaiblie par une cataracte, il chuta malencontreusement dans le chenal et décéda quelques jours plus tard, le 22 avril 1905 (dossier en F/14/3157).

Francis-Camille-Ulysse Pomaret, né le 17 février 1842 à Montmeyran (Drôme) décède le 21 avril 1879 d'une pneumonie contractée par suite d'une chute dans un canal lors d'une tournée (F/14/3165).

Pierre Lavallée né le 6 mai 1824 à Gravelines chute du tillac sur le pont d'un navire au cours de manœuvres de port le 20 février 1886 (F/14/3137), de même que Pierre Duran le 16 mars 1882 décède par suite d'une chute en 1881 lors de la construction d'un batardeau à l'écluse à Saint-Géry dans la Haute-Garonne (F/14/3107), etc.

Quant aux gardien de phares, j'en ai recensé quatre (avec notre Jean-René Mével du phare des Roches-Douvres).

Eugène, Marie Grenapin né en 1837, gardien de phare à Saint-Nazaire chute de l'échelle du phare et décède le 15 décembre 1883, son dossier en F/14/3122 contient des témoignages et des rapports en tout genre : il laisse cinq enfants et une veuve.

Blaise, Barthelemy Doucet né le 3 février 1808 à Ramatuelle (Var) chute de 13 mètres de la tour du phare de Camarat (bâti entre 1829 et 1832) et décède le 18 août 1889 (F/14/3104). Aujourd'hui l’accès au phare n’est plus autorisé pour des raisons de sécurité et comme celui des Roches-Douvres, il est entièrement automatisé depuis 1977.

Toujours dans le Var, à Hyères, au phare du Titan, Léon Guérin né le 14 septembre 1873, décède le 10 février 1908 en chutant dans la citerne (F/14/3123). Le phare du Titan est situé sur l'île du Levant au large du département du Var, mais seule une partie de l'île est accessible au public. Autrefois c'était une colonie pénitentiaire pour enfants. Le phare a été construit en 1835, il fut démoli puis reconstruit en 1897. Il mesure environ 10 mètres de haut et comme tous les phares que nous avons visités tout au long de ces dramatiques et mortelles chutes, il a été automatisé en 1984 et ne se visite plus.

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