vendredi 21 septembre 2007

Léon Hornecker, un artiste méconnu

(Strasbourg, aujourd'hui)

Dans le tome 7 du Benezit qui recense tous les peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, la rubrique consacrée à Léon Hornecker compte seulement huit lignes : né le 13 juin 1864 à Strasbourg (Bas-Rhin), décédé à Paris le 8 janvier 1924, peintre de portraits, élève de Gysis et de L. von Loefftz…on y apprend également que les musées de Mulhouse et de Strasbourg conservent de lui quelques portraits de vieille femme et d'une petite fille ainsi qu'un auto-portrait, c'est tout…

J'ai toujours admiré les artistes anonymes ou restés méconnus. Je lance une recherche sur la toile et je lis que Wikipédia lui a consacré sa biographie où j'apprends que Léon Hornecker était membre du groupe Saint-Léonard à sa création en 1892, lequel groupe réagissait contre la Kultur imposée par les Allemands en Alsace….humm...artiste anonyme et méconnu, et de surcroît rebelle et anticonformiste, j'aime !

Donc je cherche un peu sur lui dans les Archives et j'apprends qu'il avait demandé en 1910 une réintégration dans la qualité de Français qu'il avait perdue (les réintégrations ont concerné essentiellement les Alsaciens-Lorrains entre 1872 et 1918). Enregistré au bureau du sceau du ministère de la Justice le 21 avril 1910, son dossier, se trouve en BB/11/5112, on retrouve sa profession "artiste peintre", il est installé au 71 avenue de Villiers dans le 17e arrondissement de Paris ; divorcé, il a un fils, Adrien, né en mars 1901 (lequel deviendra plus tard un grand peintre et son tableau La plage de Granville sera acheté par l'État en 1929, voir F/21/4909B, dossier 10 et F/21/4221, dossier 73).

Notre Léon Hornecker gagne environ 12000 francs par an sur lequel il paye un loyer de 2200 francs et s'il demande sa réintégration dans la qualité de Français c'est "parce qu'il possède sa clientèle à Paris" et "paraît avoir perdu tout esprit de retour en Alsace-Lorraine" (!) où vit encore sa sœur.

Dans la supplique qu'il adresse au ministre de la Justice le 12 avril 1910, il indique qu'il avait obtenu une mention honorable au grand salon de peinture de 1894 ainsi qu'une médaille de 3e classe en 1903 et qu'il s'engage à payer les droits de sceau et d'enregistrement s'élevant à 175, 25 francs (il s'en acquitte le 11 juin 1912).

Il obtient enfin sa réintégration par décret du 8 juin 1912.

(décret en date du 8 juin 1912 par lequel Léon Hornecker obtient sa réintégration)

Il s'éteint le 8 janvier 1924 à son domicile parisien. D'après Wikipédia, une dernière manifestation (très symbolique) a lieu en son honneur dans la galerie de la Maison d'Art Alsacienne en 1924, et encore aujourd'hui, Léon Hornecker partage le sort des milliers d'artistes méconnus (même en Alsace semble-t-il !).

Pour en savoir plus sur lui, voir l'article sur Wikipédia ainsi qu'un fort joli site à lui consacré intégralement sur http://www.leon-hornecker.com/ qui présente cet artiste peintre assez méconnu ainsi que son œuvre.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci de faire découvrir ce genre de personnage méconnu, peut-être le sera-t-il moins un jour, et vous n'y serez peut-être pas pour rien. Je suis sensible à votre démarche en général, et à celle-ci en particulier comme mon nom vous l'indique.

En revanche je ne reconnais pas un traître toit de Strasbourg sur la photo censée représenter la capitale alsacienne. Êtes-vous bien sûr que c'est elle ?

Levy Georges a dit…

Apres la défaite de Sedan, les citoyens d'Alsace et Lorraine pouvaient établir leur nouvelle adresse (comme l'ont fait mes ancetres) dans le Territoire de Belfort pour rester Francais .

DA a dit…

Pour rester Français il était nécessaire d'opter. Et les Archives nationales conservent ces options des Alsaciens-Lorrains dans la sous-série BB/31/508 à 533.