Aujourd’hui vendredi 14 décembre 2007 à 12h30 je vais assister à l’auditorium du Louvre à une conférence sur Kayomars et sa cour de paradis par Souren Melikian, directeur de recherche émérite, CNRS.
Réalisée avec une grande minutie à la gouache, à l’or et à l’encre sur papier, vers 1522-1525 par Sultan Muhammad, il dépeint la cour de Kayomars, premier shah de Perse. Cette page d’une spiritualité intense recèle de détails, personnages, animaux et végétation, dans un paysage montagneux d’une superbe harmonie chromatique, ce chef-d’œuvre de la peinture de manuscrit, provenant de la collection Aga Khan, sera analysé en direct par cet éminent spécialiste des arts de la Perse.
Je vais en savoir plus tout à l’heure et je rédigerai à nouveau ce billet…
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Donc voilà, la salle était pleine à craquer mais la conférence a tout de même commencé à l'heure dite.
Cette page, où l'on voit le roi du monde et de l'Iran est Keyomars ou Geyomars (selon les écritures) trônant au milieu de sa cour, a provoqué une profonde impression sur les grands maîtres du temps. Elle ouvre le cycle des 258 peintures du Shah Nameh (Livre des Rois) exécuté par ordre de la bibliothèque royale de Shah Tahmasp entre 1524 et 1539 et aujourd'hui éparpillées entre plusieurs collectionneurs et musées américains et iraniens. Cette célèbre peinture, attribuée à Soltan Mohammad, est impressionnante, elle mesure une trentaine de centimètres (le folio entier fait 47 cm).
Inutile de s'étendre sur le célèbre Shah Nameh, il suffit de se documenter sur la toile pour se rendre compte de l'importance qu'a joué ce livre versifié dans la société persane. Notez cependant que les personnages de ces peintures n'illustrent jamais le texte mais sont la réponse du peintre à son thème. Le passé devient ainsi la métaphore de l'instant présent. Le Shah Nameh ne donne aucune précision sur Keyomars. Les vêtements taillés dans des peaux de léopard et l'emplacement du trône dans la montagne sont les seuls renseignements précis qui, comme on vient de le dire, ne sont aucunement dictés par le récit. Les visages ovales aux sourcils arqués et à la bouche menue renvoient à l'archétype de la beauté idéale de la haute époque, celui du "Bouddha au visage du lune". Les personnages sont disposés en cercle selon l'antique tradition de la création de l'univers.
Mais plus que les détails, c'est l'atmosphère féerique, traduisant la perception du commencement de l'histoire persane, qui est remarquable (j'ai passé plus d'un quart d'heure à contempler tous les menus détails sur l'orignal exposé au Louvre jusqu'au 7 janvier 2008…ensuite il va falloir aller à Toronto pour la voir !).
Dans cette peinture, le ciel est d'or, c'est le monde céleste ; les nuages stylisés qui entourent l'aire centrale sont associés dans la tradition iranienne à la période du nouvel an qui commence le premier jour du printemps (nowruz), c'est donc le nuage de printemps (abr-e-nowrozi). Ce début du monde (et même de l'univers !), est signifié comme un âge d'innocence merveilleux (au reste on le voit bien par ces lions paisiblement installés en bas, au milieu, sans menacer leurs proies habituelles que sont les daims et les gazelles) et démontre que dans le royaume soumis à la justice du roi parfait, les ennemis naturels ne se déchirent pas enter eux…
Beaucoup de choses ont été dites par le conférencier, très habile et doté d'un grand humour, mais bon, je ne vais tout de même pas vous refaire la conférence…
Notons cependant que cette peinture de manuscrit est la seule du Shah Nameh de Shah Tahmasp dont on retrouve l'écho dans les sources persanes su temps. Il faut se dépêcher de la voir ! les artistes du The Prince’s School of Traditional Arts de passage à Paris (voir notre billet) sont venus exprès de Londres et ont passé une heure à la contempler !
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