mardi 25 septembre 2012

Du pétrole au Louvre

Source de l'image : Photos Libres


Depuis septembre 2012, on a installé le nouveau Département des Arts de l'Islam du musée du Louvre en la cour Visconti sous une verrière de maille et d’or…noir.

En effet, la liste des mécènes est écrit en gros dès l’entrée : des princes saoudiens, la firme Total, etc., un goût de pétrole donc.

Je l’ai visité hier 24 septembre en fin d’après-midi et je ne suis pas trop emballé. Je regrette l’ancien parcours, plus intelligent, plus lisible, plus didactique, plus instructeur. Aujourd’hui, les musées prennent en effet le pas de notre Éducation nationale, où les enfants s’ennuient et n’apprennent plus rien. Souvenez-vous, on avait, dans le temps (il y a à peine 10 ans), démembré le Musée de l’Homme dans lequel les pièces étaient dans leur «jus» pour en faire un Musée des «arts premiers» ridicule où les pièces sortent de leur contexte de production pour mettre en avant leur esthétique présumé. Tout ça dans l’unique intention de faire grimper le cours du marché de l’art. Franchement ridicule !…Là c’est pareil. On met en avant le «côté sensoriel», le côté esthétique d’un art qui est à la fois profane et religieux ne l’oublions pas.

Bref, je n’ai compris à ce nouveau concept du Département des Arts de l'Islam et j’ai franchement regretté l’ancienne section des arts de l’Islam (qui faisait alors partie du Département des antiquités orientales) avec son parcours nettement plus lisible au sein duquel j’ai tout appris sur la chronologie (je me souviens qu’il y avait à l’entrée, une belle frise qui a disparu dans ce nouveau parcours), les dynasties (almohades, almoravides et autres fatimides), la diversité des peuples, sur les hommes et les objets qu’ils ont produits, qu’ils soient profanes ou religieux. Ces textiles (le mot «tiraz», je l’ai appris là), ces bois sculptés, verres, flacons et vases soufflés, chandeliers, lampes et autres céramiques, mais aussi des éléments architecturaux n’avaient plus aucun secret pour moi.

Mais à l’instar du musée des «arts premiers» on a privilégié ici un «parcours sensoriel» où tout s’entremêle, s’imbrique en un fouillis sans nom ! imaginez un écrin très beau (j’ai aimé cette prouesse d’intégrer intelligemment ce genre de tente ondulée en résille d'or très contemporaine dans un cadre classique tout en laissant pénétrer la lumière par les façades, j’ai aimé ces deux niveaux d'exposition, etc.) sans rien dedans à l’exception d’une succession de pièces prestigieuses. Je n’ai pas apprécié le découpage chronologique approximatif (on ne sait plus à quel endroit commence les arts de la période fatimide, celle l'Espagne andalouse, celle de l'empire ottoman ou celle de l'Inde moghole…), les espaces thématiques qui semblent combler des vides (espaces calligraphie, textile et autres) sans compter cet espace des «clefs» (quatre coins multimédias) au milieu duquel on projette, en ce moment, un film d’une dizaine de minutes sur l’histoire de l’Islam et des religions de cette période. Le son est très faible et on est très souvent dérangé par les va-et-vient des visiteurs qui sans arrêt parlotent et discutent impunément à cet endroit…et je ne parle pas des flashs qui crépitent, alors qu’il est formellement interdit de les utiliser.
……..
Bref, avoir attendu 10 ans et avoir dépensé 99 millions d’euros pour un tel résultat, quel dommage, mais heureusement qu’il y avait le pétrole, mécènes et autres donateurs dont je ne suis pas, même indirectement…en effet je ne consomme pas du pétrole n’ayant pas de voiture et n’ayant même pas mon permis de conduire. Le pétrole du Louvre pourra continuer à couler sans moi…

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