Aujourd'hui, quel crédit donner à la Légion d’Honneur, fondée en son temps et selon le contexte de l'époque (en 1802) par le premier consul Bonaparte, lorsqu'on la décerne à n'importe qui, à des acteurs américains (sans aucun talent, soit dit en passant) ou à des hommes d'affaires (véreux pour la plupart) qui ne se sont distingués ni par la gloire des armes (tant mieux, au reste, qu'il n'y ait plus de guerre), et encore moins à leur mérite ou à leur savoir ou leur irréprochabilité dans le comportement…Enfin bref !
Je ne suis pas trop attaché à ce genre de matérialisme où l'on décore à coup de métal ou de ruban, tel pour un sapin de Noël, les "méritants" (encore faut-il s'entendre sur la définition de ce mot) mais il est amusant de faire une savoureuse comparaison avec les critères du siècle dernier où le mérite était souvent accompagné de grandeur, d'honnêteté, de grande moralité, de talent, de vertu, etc.
C'est toujours en classant notre fonds de propositions de la Légion d'honneur versé par la Grande Chancellerie en 2002 (LH/3185 et suivants) que mon collègue Olivier et moi, avons déniché cette croustillante photographie qu'un "méritant" a joint dans son dossier pour, sans doute, prouver qu'il porte bien toutes les décorations et médailles qui lui avaient été décernées depuis l'âge de 15 ans !
Notre Jean Dirassen est doyen des combattants et des vétérans de la Côte-d'Or, il est né le 1er juillet 1812 à Guiche (Basses-Pyrénées), il fut mousse dès l'âge de 8 (et jusqu'à 12 ans) dans la marine marchande puis laboureur jusqu'à l'âge de 15 ans.
Au mois de juin 1827 il a la jambe droite brisée, une côte enfoncée du même côté pour son premier sauvetage. Il devient ensuite instituteur à Labastide-de-Clairance (Basses-Pyrénées) en 1832, puis militaire en 1833, etc. Il a donc une vie tout entière de labeur et de dévouements particuliers, ses brillants états de services en font foi
Et pour ne citer qu'un fait sérieux entre autres, en 1834, alors agent-voyer à Délie (Haut-Rhin), une épidémie meurtrière se déclara à Beaucourt, centre industriel, et que notre fonctionnaire s'y rendit en toute hâte, où il reçut bientôt des ordres supérieurs qui l'invitaient à se joindre à la municipalité jusqu'à la fin du fléau qui dura trois mois. Au mois de septembre 1855, à Belfort, le choléra y sévit également pendant 28 jours ; là, notre homme y fut atteint par la terrible maladie, et c'est seulement en 1882, qu'il apprit par les journaux que la Société nationale venait de lui attribuer la grande médaille d'or pour services dans les épidémies
Et c'est presque âgé de 90 ans, le 9 juin 1902, après avoir défendu le sol alsacien comme garde national où il s'est engagé comme volontaire, à Cuire, près de Lyon, pour la durée de la guerre qu'il demande enfin, et recommandé par Joseph Magnin, alors sénateur de la Côte-d'Or, la Croix de Chevalier de la Légion d'Honneur pour ses brillants services (50 ans civils et militaires, 32 ans dans les compagnies de pompiers, et pour toutes ses blessures contractées au cours de sa vie) qu'il obtint seulement en 1906 (son dossier est dans LH/779).
Il paraîtrait que depuis cette année, l'obtention de la Légion d’Honneur ne dépendrait plus seulement du mérite, ce qui me semble pourtant logique, mais plutôt d'une nouvelle politique d'ouverture (davantage de "gens ordinaires") et d'une parité totale entre les hommes et les femmes (voir notre dernier billet à ce sujet), on verra bien…
Moi je serai d'avis de supprimer purement et simplement cette distinction honorifique ou "distinction" tout court, qui curieusement signifie "différence" en anglais : on différencie, on sépare donc. On sépare les "méritants" des autres, soi-disant, "moins méritants". Quel monde…
Et pour ne citer qu'un fait sérieux entre autres, en 1834, alors agent-voyer à Délie (Haut-Rhin), une épidémie meurtrière se déclara à Beaucourt, centre industriel, et que notre fonctionnaire s'y rendit en toute hâte, où il reçut bientôt des ordres supérieurs qui l'invitaient à se joindre à la municipalité jusqu'à la fin du fléau qui dura trois mois. Au mois de septembre 1855, à Belfort, le choléra y sévit également pendant 28 jours ; là, notre homme y fut atteint par la terrible maladie, et c'est seulement en 1882, qu'il apprit par les journaux que la Société nationale venait de lui attribuer la grande médaille d'or pour services dans les épidémies
Et c'est presque âgé de 90 ans, le 9 juin 1902, après avoir défendu le sol alsacien comme garde national où il s'est engagé comme volontaire, à Cuire, près de Lyon, pour la durée de la guerre qu'il demande enfin, et recommandé par Joseph Magnin, alors sénateur de la Côte-d'Or, la Croix de Chevalier de la Légion d'Honneur pour ses brillants services (50 ans civils et militaires, 32 ans dans les compagnies de pompiers, et pour toutes ses blessures contractées au cours de sa vie) qu'il obtint seulement en 1906 (son dossier est dans LH/779).
Il paraîtrait que depuis cette année, l'obtention de la Légion d’Honneur ne dépendrait plus seulement du mérite, ce qui me semble pourtant logique, mais plutôt d'une nouvelle politique d'ouverture (davantage de "gens ordinaires") et d'une parité totale entre les hommes et les femmes (voir notre dernier billet à ce sujet), on verra bien…
Moi je serai d'avis de supprimer purement et simplement cette distinction honorifique ou "distinction" tout court, qui curieusement signifie "différence" en anglais : on différencie, on sépare donc. On sépare les "méritants" des autres, soi-disant, "moins méritants". Quel monde…
4 commentaires:
Je suis entièrement d'accord avec votre dernier paragraphe, et content de voir que mon opinion est partagée.
J'en profite pour vous signaler que la commune du Haut-Rhin ce personnage a exercé doit être plutôt Delle (aujourd'hui Territoire-de-Belfort) que Délie, qui sonne peut-être mieux mais n'a pas le mérite d'exister... D'ailleurs, si je puis me permettre, la phrase en question me semble mal tournée, ce que je trouve dommage étant donné que ce blog est de manière général très bien tenu.
Veuillez excuser mon interventionnisme.
Toutes mes excuses encore, je me permets de vous faire la leçon et j'omets moi-même un mot dans ce que j'écris. Vous aurez remarqué bien sûr l'absence de "où" dans la 2e phrase de mon précédent commentaire.
Mon pseudonyme ne peut-il apparaître avec majuscules ?
Merci le Haut-Rhinois mais je n'ai pas remarqué l'absence de "où" dans la 2e phrase du précédent commentaire. En revanche je suis sensible à la correction du nom de lieu "Délie" qui semble plutôt être du "Delle" tout compte fait. J'avoue ne pas avoir vérifié cette topo. dans mon précieux "Dictionnaire des communes", autant pour moi ! ou...au temps pour moi...comment écrit-on ?
Merci encore cher Haut-Rhinois.
D.
On écrit les deux apparemment, c'est un peu comme "fainéant" et "feignant". Le premier voudrait dire à peu près : "les torts sont partagés" et le second "je me remets dans le tempo, je reviens au temps (musique)".
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