vendredi 2 janvier 2009

Un envoi très intéressé

(le genre de dessin que le sieur Delanquine envoie
le 24 janvier 1912 au Grand chancelier de la Légion d'honneur)

Habituellement on envoie des vœux en début d’année. Notre Alphonse Joseph Barthélemy Delanquine (dossier de proposition de Légion d’honneur en LH/3209) envoie, quant à lui, des… rouleaux de feuilles de dessins d’armes françaises et étrangères exécutés par ses soins sur les modèles officiels du ministère de la Guerre. Tout un programme donc!

Il est né le 24 août 1831 à Collioure (auj. Pyrénées-Atlantiques) et réside alors à Beuville dans le Calvados, d’abord sous-officier puis capitaine des douanes, il sollicite le 9 juillet 1896 la croix de chevalier de la Légion d’honneur en terminant sa lettre par «plein de confiance dans votre généreuse sollicitude pour les anciens officiers qui n’ont cessé de marcher dans le sentier de l’honneur et du devoir. Veuillez, etc.». Il faut absolument lire ces demandes ! le style est d’un autre temps!.

D'une manière générale (lire notre Au bal des pompiers) on lui répond par un formulaire pré-imprimé que «sa demande sera soumise la commission, etc.» et ainsi de suite jusqu’en 1908 (cinq réponses négatives des 14/12/1897, 22/12/1898, 29/12/1902, 17/01/1905 et 06/08/1908 au prétexte que la recommandation est insuffisante, qu’il n’a fait l’objet d’aucune proposition durant sa carrière, qu’il y a un grand nombre de concurrents, etc.), bref on le fait attendre…

Mais comme toujours, en pareil cas, les pétitionnaires jettent leurs dernières cartouches et envoient tout ce qu’il possède (certificats, diverses pièces justificatives, etc.)

Ici, le 24 janvier 1912, notre Delanquine écrit au général Florentin, Grand chancelier :

« Mon Général J’ai l’honneur de vous informer qu’en fouillant dans un lot de papiers familiers, j’ai découvert un rouleau de neuf feuilles de dessins d’armes françaises et étrangères exécutés par mes soins sur les modèles officiels du ministère de la Guerre lors de mon détachement à l’École de tir de Vincennes en[tre] 1852 et 1853 où je servais en qualité de secrétaire particulier du lieutenant-colonel Régard… [bon, déjà, cet acte est répréhensible et pourrait être assimilé à un acte d’espionnage, mais notre Delanquine n’en a cure semble-t-il, tout ce qui l’intéresse c’est sa médaille…voyons la suite…]

Ces dessins constituaient la collection particulière, etc.

(…) j’ai pensé qu’ils auraient pour monsieur le lieutenant Florentin, votre fils, officier d’un brillant avenir [on en profite pour cirer une botte en attendant l’autre], auquel je prends la liberté d’en faire hommage, un élément d’étude rétrospective facilitant des comparaisons instructives. [en clair il lui envoie les feuilles des dessins des armes à feu].

Au cas cet envoi ne serait pas agréé, je vous serais reconnaissant de vouloir bien le faire détruire (…) [ben, voyons...].

[arrive le moment de la demande intéressée]

(…) me réclamant de mon lien de parenté avec feu Paul Devès qui fut ministre de l’Agriculture et de la Justice, j’ai l’honneur de venir faire appel à votre bienveillante sollicitude pour m’aider dans l’œuvre de réalisation de mes plus ardentes aspirations [celle de porter la Légion d’honneur évidemment !] car c’est en votre appui seul que je mets ma dernière espérance [...l’autre botte donc].

Veuillez agréer, etc.».

Une simple note sur le dossier «instruction terminée» [en clair, pas de médaille!].

Pas facile les étrennes à l’époque et très difficile d’obtenir et de porter la rosette en ce temps!


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