samedi 20 décembre 2008

Le Découvertes Gallimard sur les Archives

Fort de nombreuses illustrations (ce qui fait son succès), il porte le n° 536 dans la collection Découvertes Gallimard, il fait environ 130 pages, le titre complet est «Les Archives. Mémoire de la France», son auteur n’est plus à présenter, il s’agit de Jean-Pierre Babelon, mais il n’est pas le seul hélas…

Au risque de froisser de nombreux collègues et amis des AN, voilà un ouvrage attendu depuis plusieurs décennies (depuis que le «Découvertes Gallimard» sur la BnF avait paru dix ans auparavant) et à l’instar de la nouvelle loi des Archives (aussi attendue depuis 30 ans), on a accouché d’une souris (et moche de surcroît).

Car en réalité, au delà de la notoriété de cette collection que personnellement je trouve hideuse, informe et repoussante (les images se superposent aux textes, qui deviennent de par le fait, illisibles), mal faite et difforme (les textes et les marges se confondent), ça c’est la forme, mais il y a pire : le fond, la matière écrite en somme, celle-ci est franchement indigne de la part de professionnels.

«Les Archives. Mémoire de la France» est farci de fautes en tout genre…

Le résumé est pourtant très alléchant : "lois, décrets, actes notariés, registres comptables, lettres, télégrammes, notes manuscrites, cartes et plans, affiches et photographies, enregistrements sonores, films, fichiers numériques... Tous ces documents ont vocation à venir un jour aux « Archives ». (…). Modestes ou prestigieux, ils sont la mémoire vivante de la France. Comment ce patrimoine s'est-il enrichi au fil du temps? Selon quels critères un document est-il préservé ou éliminé? Comment et par qui est-il classé, inventorié, conservé, étudié, valorisé ? Pour qui et à quelle fin? Autant de questions auxquelles répond Jean-Pierre Babelon. Guide émérite, il nous fait découvrir le monde méconnu des archives".

En fait, pour les auteurs, c’est davantage…le monde inconnu des archives…

Écrire que [la] pièce est «un mot peu employé au XXe siècle qui a préféré celui de document» me laisse perplexe. Et plus loin, limiter un document d’archive à «une liste, un lettre, un rapport» ou «au plus petit élément constitutif des archives» me laisse songeur : quelle définition donner alors à un document sonore, un document audio-visuel ou à un document numérique ?

Ensuite on limite la fonction d’un secrétaire de documentation (Sdoc) comme celle d’«aider les chargés d’études documentaires (Ced)» !!! (c’est à la page 114). Et pourquoi pas non plus leur tirer le café ou de passer la serpillière (!). Je connais de nombreux collègues qui se seront pas content de lire de telles inepties d’autant que dans la plupart des cas, les Sdoc sont plus dégourdis que les Ced qui pour les 9/10e d’entre eux, n’étaient que de simples documentalistes, qui d’un coup de crayon (ministériel) ont intégré le corps des Ced il y a 10 ans (corps très prestigieux avant cette intégration massive de documentalistes puisque le corps ne comptait qu’une poignée de chargés d’études) et je ne parle même pas des vacataires et contractuels qui se sont entretenus une petite demi-heure devant un jury de pacotille et qui ont ainsi intégré le corps des Ced…on a eu, qui plus est, le toupet de nommer ce simple entretien de… «concours», de concours «Sapin» pour être précis!. Il suffisait pourtant aux Babelon et consorts d’ouvrir et de lire une quinzaine de secondes les missions et attributions de chacun des corps qu’ils décrivent (décret du 25 octobre 1995 pour les Sdoc et décret du 19 mars 1998 pour les Ced) pour éviter d’écrire de telles âneries…

Bon je vais arrêter là, mais sans me demander pourquoi (à la page 75) avoir cité le nom de Jacques Monicat comme l’un des créateurs de la section des «archives privées» en 1949 ? Pour Bertrand Gille, un des éminents spécialistes des archives d’entreprises, je suis d’accord, mais Jacques Monicat était certes un chartiste reconnu pour ses travaux dans les fonds du minuter central des notaires parisiens et accessoirement comme trésorier de l’AFF et historien dans l’Histoire du peuple français…mais guère plus !

Donc voilà un énième «Découvertes Gallimard» promis à un bel avenir de…décor dans une bibliothèque.

1 commentaire:

Jean Pierre J. a dit…

Tout à fait d'accord avec l'appréciation des volumes de la collection "Découvertes", à lecture pénible et illustration inconfortable.

Ce qui ne m'empéchera pas cher Danis de vous remercier de vos voeux et de vous présenter les miens et de souhaiter une année pleine de sérénité à votre blog où l'inattendu du passé reste toujours passionnant.