vendredi 13 juin 2008

Concours des héros et des braves

(coupure de presse, dossier Baron, LH/3190)

On trouve souvent des pièces justificatives dans les dossiers de demande de Légion d’honneur. Celles évoquant les actes de dévouement sont les plus nombreuses, ce sont en effet des actes d’oubli de soi-même non moins remarquables que le candidat à la rosette en parle avec beaucoup d’enthousiasme et d’ardeur puisqu’ils semblent avoir à ses yeux un caractère général (ayant été accomplis au profit de la société toute entière).

Voici François Baron, né le 28 mai 1844 à Saint-Cosme. Il commence à peine âgé de 12 ans, sa longue série d’actes de courages, en retirant le 11 janvier 1856 trois de ses camarades d’école qui, s’étant trop aventurés sur la glace, disparaissaient sous l’eau sans l’aide généreuse du jeune sauveteur.
Le 6 juin 1858, la Saône, très grosse, déborde de tous parts et un jeune homme, entraîné par les flots va se noyer, mais qui l’aperçoit ? notre Baron qui se jette à l’eau et le sauve…
En 1867, il se distingue dans deux actes de bravoure à Valence ; dans l’un incendie, il arrache à la mort un vieillard qu’il transporte à l’hôpital avec l’aide de ses camarades, dans l’autre, trois voleurs dépouillent un malheureux vieillard, il engage alors une lutte avec eux, les saisit et les livre à la police...

Et ainsi de suite, le rapport lu le 19 décembre 1911 en la séance publique de l’Académie des Sciences, Belles Lettres et Arts de Lyon énumère maints autres exploits de Baron ; mais la guerre éclata entre temps et son dossier entra en souffrance. De plus, dans une lettre du 19 mai 1914 adressée au Grand chancelier, le préfet de Lyon «estime que l’attribution de la croix de chevalier de la Légion d’honneur serait hors de proportion avec les services qu’il a rendus (…) et qu’il figure sur la liste des trois anarchistes de [son] département».

Pas de bol donc.

Baron sollicite à nouveau mais sans conviction, sa médaille dans une lettre du 24 février 1919 adressée au Grand chancelier mais celui-ci avait suspendu (juste après la guerre, on le comprend) toutes les nominations au titre civil.

À nouveau, pas de bol pour Baron. Pas facile de se faire décorer.


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