Dans la série «Je demande la Légion d’honneur mais (hélas) je suis une femme, et donc je ne l’obtiens pas car on trouvera mille excuses» (lire notre billet sur Caroline Chesneau née Demarest) voici le dossier de la demoiselle Boulot Anne-Anna (LH/3196, 18 pièces), née le 27 mai 1840 à Guéret (Creuse) et sociétaire de "La Solidarité Creusoise", société de secours mutuels fondée en 1902.
C’est le 7 septembre 1909 que la demoiselle Boulot vient en personne déposer sa candidature à la Grande chancellerie, rue de Solferino à Paris. On ouvre alors un dossier en prenant garde d’indiquer la note suivante : «attendre pour l’instruction, la demande qu’adressera La Solidarité Creusoise»…ce qui ne tardera guère puisque M. Fouyaud, président de la Société envoie à la Grande chancellerie (le 4 novembre 1909) une supplique en ce sens et signée de tous les sociétaires. On y apprend que la «demoiselle Boulot vit à Guéret, modestement mais très honorablement de son travail, en donnant des leçons et en faisant des travaux depuis plus d’un demi-siècle pour la Direction des contributions directes qui, sous tous les rapports, l’apprécie beaucoup. Sa famille est respectable. Son père est resté de longues années attaché à la Préfecture de la Creuse en qualité d’employé des Archives départementales [comme par hasard !].
On y apprend que demoiselle Boulot vit «de privations, sacrifiant ses mois d’économie [pour] suivre des cours de la Croix-Rouge et obtenir en 1894 la note la plus élevée», tous ces sacrifices pour aider les plus démunis, les illettrés, les déshérités, etc. Le président ajoute «Partout où il y a du bien à faire, on la trouve! (…) elle est héroïque dans ses persévérants et pénibles efforts : ne mérite-t-elle pas la distinction des Braves ? sur une poitrine dans laquelle bat un cœur plus généreux, plus bienfaisant, plus patriote, le Ruban Rouge ne pourrait être place!, etc. ».
N’obtenant pas de réponse de la Grande chancellerie, on renouvellera la demande le 26 mai 1913:
«(…) pour vous rappeler notre proposition de la Croix (…) en faveur de notre distinguée sociétaire, etc. Par son dossier, vous connaissez les nombreux titres qu’elle a à votre bienveillance», et on rajoute une couche sur les efforts de la dite demoiselle dans l’action humanitaire accomplie «malgré son âge, ses infirmités et l’état de plus en plus précaire de sa santé, avec un inlassable dévouement son apostolat volontaire», et pour faire bonne mesure, on adjoint au dossier la liste de toutes les décorations obtenues par la demoiselle Boulot : palmes académiques (1899), rosette de l’instruction publique (1906), plusieurs prix de l’Académie française, des médailles d’honneur et parfois d’or de la Société d’encouragement au Bien, la médaille de la Fête nationale du devoir (avec diplôme), etc.
C’était la dernière pièce qu’il ne fallait pas envoyer (à mon point de vue !), puisque la Grande chancellerie, soucieuse de justifier son refus de décerner la Légion d’honneur à une femme, prétexta que la demoiselle «a la monomanie de toutes les décorations [et qu’il] n'y a pas lieu de retenir un seul instant cette demande [puisque] Mlle Boulot n’a ni titres ni droits à aucune [décoration] (…)». Et une simple note en marge indique «(…) classer le dossier sans aucune suite».
Dont acte !
C’est le 7 septembre 1909 que la demoiselle Boulot vient en personne déposer sa candidature à la Grande chancellerie, rue de Solferino à Paris. On ouvre alors un dossier en prenant garde d’indiquer la note suivante : «attendre pour l’instruction, la demande qu’adressera La Solidarité Creusoise»…ce qui ne tardera guère puisque M. Fouyaud, président de la Société envoie à la Grande chancellerie (le 4 novembre 1909) une supplique en ce sens et signée de tous les sociétaires. On y apprend que la «demoiselle Boulot vit à Guéret, modestement mais très honorablement de son travail, en donnant des leçons et en faisant des travaux depuis plus d’un demi-siècle pour la Direction des contributions directes qui, sous tous les rapports, l’apprécie beaucoup. Sa famille est respectable. Son père est resté de longues années attaché à la Préfecture de la Creuse en qualité d’employé des Archives départementales [comme par hasard !].
On y apprend que demoiselle Boulot vit «de privations, sacrifiant ses mois d’économie [pour] suivre des cours de la Croix-Rouge et obtenir en 1894 la note la plus élevée», tous ces sacrifices pour aider les plus démunis, les illettrés, les déshérités, etc. Le président ajoute «Partout où il y a du bien à faire, on la trouve! (…) elle est héroïque dans ses persévérants et pénibles efforts : ne mérite-t-elle pas la distinction des Braves ? sur une poitrine dans laquelle bat un cœur plus généreux, plus bienfaisant, plus patriote, le Ruban Rouge ne pourrait être place!, etc. ».
N’obtenant pas de réponse de la Grande chancellerie, on renouvellera la demande le 26 mai 1913:
«(…) pour vous rappeler notre proposition de la Croix (…) en faveur de notre distinguée sociétaire, etc. Par son dossier, vous connaissez les nombreux titres qu’elle a à votre bienveillance», et on rajoute une couche sur les efforts de la dite demoiselle dans l’action humanitaire accomplie «malgré son âge, ses infirmités et l’état de plus en plus précaire de sa santé, avec un inlassable dévouement son apostolat volontaire», et pour faire bonne mesure, on adjoint au dossier la liste de toutes les décorations obtenues par la demoiselle Boulot : palmes académiques (1899), rosette de l’instruction publique (1906), plusieurs prix de l’Académie française, des médailles d’honneur et parfois d’or de la Société d’encouragement au Bien, la médaille de la Fête nationale du devoir (avec diplôme), etc.
C’était la dernière pièce qu’il ne fallait pas envoyer (à mon point de vue !), puisque la Grande chancellerie, soucieuse de justifier son refus de décerner la Légion d’honneur à une femme, prétexta que la demoiselle «a la monomanie de toutes les décorations [et qu’il] n'y a pas lieu de retenir un seul instant cette demande [puisque] Mlle Boulot n’a ni titres ni droits à aucune [décoration] (…)». Et une simple note en marge indique «(…) classer le dossier sans aucune suite».
Dont acte !
Comme au théâtre, le décor est planté: la Creuse, modeste mais fière, la solidarité chez des populations laborieuses, des militants dévoués à des causes humanitaires...On pourrait certainement retrouver des formes plus modernes de ces personnalités provinciales dans le Limousin actuel...
RépondreSupprimerIl y a quand même une suite inattendue à cette histoire lorsqu'une centaine d'années après elle fait surface sur Internet grâce à ce billet..grâce à vous Danis.
Je trouverai sans doute une femme de notre Limousin actuel, qui sait...
RépondreSupprimerA suivre donc.