jeudi 20 novembre 2008

Bocards et patouillets ou la naissance «du tumulte intestin»

(image tirée de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert)

Savez-vous ce que sont les bocards et les patouillets ? Cela nous renvoie à l’histoire des mines.

C’est l’occasion d’expliquer ces deux termes amusants puisqu’en ce moment je rédige un nouveau type d’instrument de recherche : j’indexe toutes les tables des matières des registres du Conseil général des Mines en F/14/17945 et suivants (années 1831 et suivants) pour reconstituer virtuellement le contenu du registre en utilisant des mots-clés appropriés genre type d’établissement, action, rapporteur, date de la séance, etc. Pour se faire une idée de cet instrument de recherche, voyez celui élaboré par Lionel Latty, IDHE-Nanterre en 2005 pour le Conseil général des Mines du 9 janvier 1811 au 6 septembre 1830 en F/14/17920 à 17944 sur le site des Archives nationales, rubrique Instruments de recherche puis F/14.

Rappelons qu’il existe deux espèces de minerais : celles en masses compactes et celles en grains pour l'autre. Il est donc essentiel de trouver une machine qui puisse s'appliquer à leur différent caractère.

Le bocard est une machine composée d'un patouillet, d'un lavoir et d'un égrappoir, à travers lesquels passe le minerai, je reprends la description extraite d'un mémoire d’un maître de forge à Bayard-sur-Marne et glanée sur internet (je n’ai plus la référence mais il est facile de la retrouver), c’est fort agréable à lire et ne ratez surtout pas la séquence de la naissance «du tumulte intestin»…c’est un peu plus loin dans la description…

«le bocard est composé de deux jumelles perpendiculaires, assemblées et arc-boutées sur une semelle; elles sont distantes l'une de l'autre de 26 pouces pour recevoir cinq pilons 1, 2, 3, 4, 5, de cinq pouces quarrés chacun, auxquels sont assemblés à angles droits des mantonnets de fonte ou de bois, qui répondent à trois rangs de cames de fer, espacées à tiers - point sur la circonférence de l'arbre horizon - en sorte qu'il y ait toujours un pilon levé entre un qui s'élève et un qui retombe; ces pilons sont garnis à la partie inférieure d'une fret et d'une plaque de fer percée de cinq trous, pour recevoir cinq fiches forgées sur l'étampure des trous; au lieu de cette plaque, souvent on met un pilon de fonte, du calibre de la pièce de bois, sur quatre pouces de hauteur : ce pilon de fonte est pénétré d'une queue de fer forgé qui en occupe le centre; cette queue s'enfonce perpendiculairement dans la pièce de bois.

(…)

Lorsque l'arbre hérissé de douze cueilleres et de quatre barreaux est mis en mouvement, il naît un tumulte intestin dans la huche qui agite tout le minerai à fur et à mesure qu'il y est précipité, les cueilleres soulèvent la masse de minerai toujours prêt à se précipiter, les barreaux en passant exactement dans tout le contour de la huche, empêchent par leur mouvement que le minerai ne se cantonne dans les angles; le frottement qui naît de ce mouvement général détache les corps étrangers, délaye les terres glaiseuses ou argileuses qui sont chassées, unies à l'eau par la goulette de décharge 6 ou 7, qui évacue autant d'eau qu'il en entre; les sables fins sont aussi soulevés et entraînés avec l'eau bourbeuse.

Le patouillet à cueilleres sans barreaux ne suffit pas, parce que les cueilleres ne peuvent aller dans les angles de la huche, et qu'elles ne forment qu'une tranchée dans la masse de minéral qui se précipite; les barreaux ne présentent pas assez de surface, mais ils passent dans toute l'étendue de la huche; l'utilité distincte des barreaux et des cueilleres a déterminé l'auteur à les joindre.


Lorsque l'on s'aperçoit que l'eau de la huche s'éclaircit, on débouche l'ouverture du fond de la huche, en tirant une espèce de bonde ou de pelle faite d'un bout de bois carré, échancré circulairement pour affleurer la surface intérieure de la huche, et emmanché d'un bâton 8 ou 9, qui sert à la replacer ou la retirer».

Et si avec ça, vous ne savez toujours pas ce que sont les bocards et patouillets, je ne sais pas ce qu’il vous faut…

Allez, plus sérieusement, un bocard (composé d’une roue à aube), sert à briser le minerai en gros grains, celui-ci est ensuite lavé par les ouvriers dans les lavoirs à bras (le minerai est agité dans l’eau courante à l’aide d’une pelle). Et si ce lavoir est mécanisé, on parle alors de patouillet (c'est un mécanisme d’arbre auquel sont fixées des barreaux de fer qui agitent le minerai), ceci pour obtenir un meilleur rendement. Voilà pour les explications.

On en trouvera davantage dans le n° 52 de "Images du patrimoine" sur les métallurgies du département des Vosges ainsi que sur l’Encyclopédie de Diderot et d'Alembert à la rubrique «Forges ou l'Age du fer»…

Maintenant, pour une recherche plus avancée sur les sources de l’histoire des mines en France au XIXe siècle, l’École des Mines de Paris est une source d’information non négligeable, puisque cette école a formé non seulement les ingénieurs du corps des Mines mais aussi un grand nombre des ingénieurs qui ont travaillé directement dans la mine.

Mais bien qu’hétérogène, l’ensemble des fonds manuscrits ou archivistiques (on y trouvera des archives privées comme ceux de Gillet de Laumont (d. 1834) ou d’Héricart de Thury, des archives de publication et aussi des archives publiques) conservé à la bibliothèque de cette l’École n’est pas dénué d’intérêt pour l’histoire des mines et celle du Corps des mines, indissociables l’une de l’autre dans cette France industrielle du XIXe siècle.


mardi 18 novembre 2008

Les Archives demain et la révolution électronique

Aujourd’hui mardi 18 novembre à l’Unesco, dans le cadre du colloque «Les Archives demain», j’ai assisté à la conférence sur «les défis du XXIe siècle : la révolution électronique et la numérisation».

Tout était question de temps. Temps de retard d’abord : les intervenants ont commencé leurs présentations qu’à 9h30 (une ½ heure de retard), ce qui eut pour conséquence de zapper la séance des Q/R. C’est dommage puisqu’on apprend plus sur les échanges des uns et des autres. J’avais bien envie de tester le microphone de l’Unesco pour une fois que j’y été invité, mais bon…

Question de temps donc. Le temps dans le discours : les intervenants ont davantage privilégié le passé et le présent et ont juste effleuré le futur (pourtant le thème du colloque).

Mais bon, on ne chipotera pas. J’ai beaucoup appris malgré tout. Après un petit discours de Jussi Nuorteva, le modérateur de service, c’est Françoise Banat-Berger (DAF) qui a assuré le gros de la présentation, suivi d’Olivier de Solan (aujourd’hui DAD de la Somme), Georges Mackenzie (auparavant au CIA et aujourd’hui directeur des Archives d’Écosse), Joël Surcouf (l’éternel DAD de la Mayenne) et Anne Burnel (service des Archives de la Poste).

La présentation, genre "Table ronde", était efficace, comme une pièce de théâtre bien réglée, les uns posaient des questions aux autres qui répondaient en illustrant leurs propos de chiffres, de statistiques diverses et de termes techniques.

Françoise Banat-Berger nous rappelle que la loi du 13 mars 2000 (sur le droit de la preuve en consacrant la signature électronique) était déjà, en soi, une «révolution électronique» et que depuis, de gros efforts ont été faits pour assurer la «tracabilité» de l’écrit électronique. Son propos s’est ensuite porté sur la numérisation, les nouveaux publics, les nouvelles pratiques archivistiques et l’archivage électronique. À chacune de ses interventions sur ces divers points, elle laissait la parole aux intervenants qui illustraient et donnaient des exemples précis. On apprend ainsi que de très nombreux services d’archives mettent leur état civil en ligne (en 2003 on dénombrait 3 services et 63 en 2008 ! c’est énorme ! on met en ligne les registres paroissiaux et d’état civil, les tables décennales, les registres matricules des militaires, le cadastre ou les listes nominatives de recensement, etc.).

Les Archives britanniques ont numérisé 30% de leur instruments de recherche et mis en ligne près de 10 millions de notices individuelles!). Évidemment, dans ce contexte, l’archiviste s’est adapté à ce nouveau genre de public virtuel (en Écosse, le nombre de lecteurs traditionnels en salle de lecture a considérablement baissé au profit d’un lectorat virtuel : 12000 lecteurs par an en salle et 400000 lecteurs par an sur leur site). Le rapport entre les lecteurs a également été modifié : en salle de lecture les lecteurs ne discutent généralement pas entre eux (à l’exception des habitués), il en est tout autrement sur les sites internet où on constate de plus en plus des lecteurs se rapprochant entre eux par le biais des forums et autres groupes de discussion.

Pour ce qui concerne les «nouvelles pratiques», on assiste de plus en plus à la création de plate-formes de travail collaboratif, sorte d’espace de travail virtuel qui facilite la communication entre les lecteurs qui se partage ainsi l’information créée par eux et stockée sur le poste de travail d’un service d’archives (les AD de la Mayenne et celles des Yvelines ont été les précurseurs de ce genre de projets de mise en ligne des archives et de travail collaboratif : voir AD Mayenne et AD Yvelines). Joël Surcouf nous explique «ses» lecteurs ont indexé avec succès et avec un grand professionnalisme les centaines de milliers de pages d’ouvrages qu’il avait mis en ligne.

….

Bon, un petit mot sur l’archivage électronique : très bonne prestation d’Olivier de Solan. J’ai beaucoup apprécié celle d’Anne Brunel (du Service national des archives de la Poste créée seulement en 1997) et ses réflexions sur la politique de collecte des archives intermédiaires et définitives en «flux tendu» (les enregistrement sonores des conseils d’administrations, etc.). Elle s’est également interrogée sur la nécessité de donner une cote à ce genre d’archives électroniques. Enfin elle a conclu que les archivistes du futur se tourneront de plus en plus vers des prestations d’ingénieries documentaires pour faciliter la collecte (cela ne m’étonne pas, on avait déjà eu recourt à la sous-traitance pour le stockage de ses archives, maintenant on parle de la collecte…jusqu’où irons-nous ?).

Bref, ce fut un petit colloque sympathique, je me suis ensuite enfui sans assister à la conférence sur «la massification des archives»…


lundi 17 novembre 2008

Des suites de la loi n° 2008-696 sur la communication des archives

C’est un échange de commentaires sur un billet que j’avais rédigé sur les conséquences de la loi n° 2008-696 du 15 juillet 2008 relative aux archives qui me donne l’idée d’illustrer ce propos par un cas concret.

Notre correspondant souligne à juste titre que «les nouveaux délais avec le raisonnement par type d'information sont inapplicables». En effet, jusqu’à preuve du contraire, nous avons toujours communiqué les archives au dossier et non à la pièce et depuis toujours, nous avions évité de communiquer des extraits (de pièces) des extraits (des dossiers) car ce genre de communication était est une aberration totale en terme d’archivistique (mais non en terme de communication administrative, cf loi de 1978)…

Et notre correspondant ajoute que «la loi pose plus de problèmes qu'elle n'en résout». Je suis totalement d’accord avec lui.

Illustration :

Jusqu’au 15 juillet 2008 au matin, la consultation des dossiers individuels d’acquisition de la naturalisation française (sous-série BB/11 des Archives nationales) était librement autorisée dès lors que ces dossiers avaient été ouverts depuis plus de 60 ans. Mais il était évident que la DUA (la durée d’utilité administrative) de ces dossiers était par définition illimitée (l’administration demandera toujours un justificatif aux enfants et aux petits-enfants des personnes ayant acquis la naturalisation française).

Aussi, par un arrêté du 11 juin 1988, on autorisera à la libre communication, des dossiers qui comportaient des pièces de moins de 60 ans d’âge «dès lors qu’ils avaient atteint 30 ans d’âge». Autrement dit si on trouvait une pièce de 1964 dans un dossier ouvert en 1930, le dossier restait malgré tout communicable (1964+30=1999).

Voyons à présent les conséquences de la loi n° 2008-696 sur le même dossier qui est communicable à partir de 50 ans en application du régime de principe sur la protection de la vie privée (il était à 60 ans si on avait appliqué la loi de 1979, on ne gagne donc que 10 ans).

Or pour les documents qui portent une appréciation ou un jugement de valeur sur une personne physique, nommément désignée ou facilement identifiable, ou qui font apparaître le comportement d’une personne dans des conditions susceptibles de lui porter préjudice le délai passe à 50 ans à compter de la date du document ou du document le plus récent inclus dans le dossier. Et ce délai est de 100 ans (ou 25 ans à compter du décès de l’intéressé) pour les documents relatifs à l’intimité de la vie sexuelle des personnes.

Voici une pièce d’un dossier de naturalisation dont je me garderai bien de donner les références.


On lit sur cette pièce de 1964 que «le divorce [a été] prononcé avec torts réciproques des époux (adultère de la femme)»….je n’ai pas trop envie que la fille de ces époux sache que sa mère était adultérine…(on entre ici soit dans la catégorie d’une «appréciation ou un jugement de valeur sur une personne physique, nommément désignée ou facilement identifiable» soit sur un «document relatif à l’intimité de la vie sexuelle des personnes», au choix).

Au terme de la loi de 1979 et de l’arrêté du 11 juin 1988 ce dossier aurait été communicable (1964+30=1999).

Mais selon la loi n° 2008-696 ce dossier ne sera librement communicable qu’en… 2014 ! (même pour la simple application du régime de principe sur la protection de la vie privée, 1964+50 =2014).

Sans commentaires…

On avait assuré que la nouvelle loi serait une loi …d’ouverture (!) et qui définirait la communicabilité en fonction des intérêts qu’elle entend protéger, et non plus par catégories de documents.

Bref, à trop protéger les intérêts des personnes on finit par interdire la communication ! trop de protection tue la protection dit-on.


samedi 15 novembre 2008

Des chevilles qui gonflent

Les lundi 17 et mardi 18 novembre, madame Martine de Boisdeffre, directrice des Archives de France nous invite à un colloque international organisé par la DAF de concert avec l’Unesco, sur «Les Archives demain».
La journée du mardi me tente un peu : «les défis du XXIe siècle et la révolution électronique/numérisation», conférence donnée par Françoise Banat-Berger, Olivier de Solan, Georges Mackenzie (que je ne connais pas), Joël Surcouf et Anne Burnel. Je vais m’y rendre avant le vernissage de l’exposition du bicentenaire de l’installation des Archives par Napoléon à l’Hôtel de Soubise (ouverte au public du 19 novembre 2008 au 15 juin 2009). La semaine commencera donc sur les chapeaux de roue…

………..

Et c’est en cherchant des informations sur ce colloque précisément que, cet après-midi (en étant de permanence en salle des inventaires du Caran jusqu’à 17 h), j’ai été surpris de trouver sur le The online archives encyclopedia que le site de votre serviteur a été «récompensé» pour son article sur Caroline Chesneau …je ne résiste pas à la tentation de copier/coller le commentaire (en anglais) de cette «nomination»…(…pardon pour les chevilles qui gonflent…)

«the blog Danis, wins for its explanation of how prior to the twentieth century "many women have distinguished themselves" for this medal which is awarded to both civilians and soldiers, "but their actions have always been ignored, and Caroline Chesneau is part of it." This archivist/blogger points out that " (nee Demarest) was nominated for the the cross of the Legion of Honour in recognition for her actions during the war of 1870-1871 where her arm was injured in the battle at Le Bourget, Avron plateau," but despite many letters of recommendation for Mrs. Chesneau, an attached label on the application reads, "To return to Carolina Chesneau...this candidacy is not serious with regard to the great chancellery".»

Merci The online archives encyclopedia, je suis très touché…

Les rideaux aillagon

On raconte que Jean-Jacques Aillagon, alors ministre de la Culture, visitant les Grands-Dépôts des Archives nationales à Paris, s’était vivement ému en remarquant qu’un banal rayon de soleil chatouillait le dos d’un registre du Parlement (la sous-série X2A).
On lui fit alors remarquer que les Archives nationales n’avaient point les moyens de se payer des rideaux anti-solaire. Il prit alors son téléphone mobile et appela sur le champ son cabinet. Deux jours après, de jolis rideaux fleurissaient aux fenêtres des Grands-Dépôts. Depuis, on les appelle familièrement les «rideaux aillagon»…

Pourquoi cette anecdote ? Parce que depuis 15 jours maintenant, ces messieurs/dames des Parcs&Jardins n’arrêtent pas de labourer, de ventiler, de ratisser, de biner, de sulfater la cour de l’Hôtel de Rohan.

Je soupçonne ce grand dérangement pour la venue de notre ministre Christine Albanel au vernissage de l’exposition (du 19 novembre 2008 au 15 juin 2009 à l’Hôtel de Soubise) du bicentenaire de l’installation des Archives par Napoléon, dans des bâtiments princiers, au cœur de Paris (en attendant l’édification d’un nouveau bâtiment à Pierrefitte-sur-Seine). Et pour ne pas émouvoir à nouveau un ministre à la vue de la pelouse piétinée les semaines précédentes par les Journées du patrimoine (en septembre), la Nuit Blanche des Musées (le 4 octobre) et plus récemment encore, par Lire En Fête (les 11 et 12 octobre derniers), on a posé des pelouses moquette-gazon en bande rouleau, qui comme chacun le sait, coûtent une fortune et ne résisteront pas à l’hiver qui arrive…

Je pense qu’on aurait du laisser émouvoir notre actuelle ministre de sorte qu’à l’instar de son prédécesseur, Jean-Jacques Aillagon, elle aurait pris son téléphone mobile pour appeler séance tenante son cabinet et obtenir un gazon digne de ce nom pour cette cour prestigieuse (l’Hôtel de Rohan ce n’est tout de même pas rien !).
On aurait alors appelé cette pelouse, la «pelouse albanel» et les Archives nationales n’auraient pas déboursé un seul kopeck !

jeudi 13 novembre 2008

La journée de l'étudiant aux Archives nationales

(l'Hôtel de Rohan où s'est déroulée une partie de cette 3e journée de l'étudiant)

Aujourd’hui nous avons animé le stand recherches dans les fonds judiciaires pour la 3e journée de l'étudiant que les Archives nationales organisent maintenant depuis 2006. La 1re année nous avions présenté les fonds judiciaires de la section du XIXe siècle sous forme de conférence, et cette année (ainsi que l’année dernière), nous avons privilégié une présentation sous forme d’atelier.

Organisée quelques semaines après la rentrée universitaire et destinée en priorité aux étudiants de L3, de M1 et de M2, cette journée de l'étudiant aux Archives nationales a pour but de faciliter le travail des étudiants en leur permettant de découvrir ou de mieux connaître les documents conservés aux Archives nationales et de préciser ainsi, ou de réorienter, leurs pistes de recherche.

Il s’agit en fait d’accueillir les étudiants en leur fournissant le programme des ateliers et des conférences, ainsi que l’orientation nécessaire pour commencer une recherche. Des visites du Caran ainsi que des magasins d’archives, dont certains ont été construits au XIXe siècle, sont aussi organisées, de même que des conférences qui présentent les ressources en ligne des Archives nationales.

Ce matin, notre « stand » a accueilli près d’une dizaine d’étudiants de 9h30 à 11h environ. C’est une bonne cadence. Nous avons ainsi pu dialoguer avec les étudiants sur les documents disponibles pour n’importe quel sujet de recherche (notamment la source d’appoint que constitue les archives judiciaires pour tout travail universitaire).

En 2006 et en 2007, près de 400 étudiants et enseignants avaient ainsi été accueillis. L’entrée est évidemment libre de 9 h 30 à 17 h au 11 rue des Quatre-Fils, dans le 3e arrondissement, métro : Hôtel de Ville (ligne 1) ou encore Rambuteau (ligne 11). Plus de détails sur le 01-40-27-64-20 ou sur anparis@culture.gouv.fr ou encore sur notre site : http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/anparis

Rendez-vous l’année prochaine…

mercredi 12 novembre 2008

La normalisation des instruments de recherche (3/5)


Le 27 octobre dernier j’avais été sollicité par la DAF pour intervenir dans une formation sur la normalisation des instruments de recherche pour une bonne quinzaine de participants. C’était un rappel de quelques règles d’analyse archivistique et de la typologie des instruments de recherche en somme. Je n’ai rien inventé, j’ai récupéré la grande partie de mon intervention sur la «Pratique archivistique française» ou sur l’«Abrégé d’Archivistique» édité par l’AAF.

Après quelques définitions toujours utiles et le rappel de l’analyse archivistique, abordons à présent l’organisation des différents éléments qui la compose.

1. La ponctuation.
L’utilisation des signes de ponctuation n’est pas normalisée (à l’inverse des notices de description bibliographique). Il existe toutefois une présentation traditionnelle :

Objet, action : typologie documentaire.
Dates extrêmes

2. La non répétition des informations communes.
La non répétition des informations communes

Exemple de la mise en commun
23 U 54-56 Justice de Paix. – Témoignages : dossiers individuels (classement alphabétique).
1930-1948
54 A-K
55 L-M
56 N-Z

3. L’organisation des analyses à plusieurs niveaux.

Une analyse comprend au moins un intitulé et, le cas échéant, des informations complémentaires. Ces exemples n’ont pas un caractère exhaustif et peuvent se décliner à volonté dès lors que la logique d’articulation des éléments constitutifs de l’analyse est maîtrisée :

Exemples l’analyse archivistique

Cote Objet général/Intitulé. – Action : typologie (nature du classement).
Dates extrêmes

Cote Objet général/Intitulé. – Objet 1 , action 1 : typologie 1 (dates extrêmes) ; action 2 : typologie (dates extrêmes).
Dates extrêmes

Cote Objet général/Intitulé. – Objet 1 , action 1 : typologie 1 (dates extrêmes) ; action 2 : typologie (dates extrêmes). Objet 2, action : typologie (dates extrêmes).
Dates extrêmes

etc., etc.

Un petit mot sur le Thesaurus W = liste contrôlée de descripteurs reliés entre eux par des relations sémantiques, hiérarchisées, associatives ou d’équivalence, servant à indexer les notions d'une unité de description...

(à l'heure où j'écris ces lignes, le "nouveau" Thesaurus est en ligne sur le site de la DAF, et les exemples que j'ai donné ici proviennent du site du Piaf, je ne sais pas trop s'il faut les citer ou pas ou s'il m'était permis de prendre leurs exemples...cela dit, ils étaient en ligne, alors pourquoi inventer à nouveau la roue et cherchez d'autres exemples...)

Relation d’équivalence
Exemple : «marée noire» au profit de «pollution de la mer»

Relation hiérarchique (but : obtenir une réponse complète - moyen : organisation en chapitre, rubriques et sous-rubriques).
Exemple :
EQUIPEMENT niveau hiérarchique n° 1
ENVIRONNEMENT niveau hiérarchique n° 2
PROTECTION DE LA NATURE niveau hiérarchique n° 3
ASSOCIATION DE DEFENSE DE L’ENVIRONNEMENT, ESPECE PROTEGEE, FAUNE SAUVAGE, PARC NATUREL, RESERVE NATURELLE, SITE niveau hiérarchique n° 4
Interroger à «site» donne des réponses, mais interroger à «protection de la nature» donne aussi des réponses, de niveau plus général.
Interroger «environnement» donne encore des réponses de niveau supérieur.
Dans une base de données ayant intégré le thesaurus, une interrogation à «site» donnera aussi les termes en hiérarchie.

Relations d’association
Un système informatique n’accepte pas qu’un terme soit présent dans plusieurs chaînes hiérarchiques. On compense cette contrainte par des relations d’association.
Exemple : la plupart des descripteurs se rapportant à l’hôpital se trouvent dans une hiérarchie «Santé», mais l’enseignement hospitalier, lui, se trouve logiquement dans une hiérarchie «Enseignement».

Puisqu’il n’est pas possible de faire dépendre «enseignement hospitalier» des deux hiérarchies, on fait une association. «Enseignement hospitalier» est cité comme terme associé dans la hiérarchie santé et « hôpital» est un terme associé à «enseignement hospitalier»dans la hiérarchie «enseignement».

Au prochain billet, on abordera les principes généraux des normes.


vendredi 7 novembre 2008

Mise en ligne des dossiers de Légion d'honneur

Extrait d’une communication de notre chef de service à tous les directeurs et responsables des services d’archives.

Les Archives nationales conservent une source très consultée par les généalogistes comme par les historiens : les dossiers nominatifs de la Légion d’honneur. Les dossiers des légionnaires décédés avant 1954 sont conservés sur le site de Paris tandis que ceux des légionnaires décédés entre 1954 et 1977 le sont sur le site de Fontainebleau.

On peut rappeler que la base Leonore, l’une des premières bases de données des Archives nationales (elle a été créée en 1977), reçoit actuellement plus de 40 000 visiteurs par an. En 2007, plus de 5200 dossiers ont été sortis pour consultation directe au Caran (Centre d’Accueil et de Recherches des Archives Nationales), chiffre qui peut donner une idée précise de la dégradation lente mais ininterrompue qui affecte les documents en raison des manipulations répétées.

Les Archives nationales ont longtemps espéré pouvoir numériser ce fonds. Le projet Pierrefitte leur en fournit l’opportunité. Le marché lancé en 2008 - marché réparti sur 4 années en raison de son ampleur – prévoit la numérisation des dossiers conservés sur le site de Paris d’une part, l’indexation dans Leonore suivie de la numérisation des dossiers conservés à Fontainebleau d’autre part.

Au 1er octobre 2008, 105 000 images, correspondant globalement aux lettres A et B, étaient d’ores et déjà accessibles sur Leonore. Les lecteurs et les internautes sont tenus régulièrement informés des tranches de dossiers rendus indisponibles à la communication et de ceux dont la consultation en ligne est désormais possible.

La numérisation de l’ensemble des dossiers de Légion d’honneur conservés aux Archives nationales (près de 6 millions de vues au total) et la mise en ligne des images associées à la base Leonore interrogeable via internet vont permettre de répondre aux deux grandes préoccupations contradictoires des Archives nationales que sont la conservation matérielle des documents et leur mise à disposition du public.

Extrait d’une communication de notre chef de service à tous les directeurs et responsables des services d’archives.

mercredi 5 novembre 2008

Au bal des pompiers

(«carte de vœux» des pompiers, env. 1890, 27x22 cm, cliquer pour agrandir)

Vu dans LH/3209 au dossier Antoine-Marie Degrain né le 10 mars 1828 à Vitry-sur-Seine (auj. Val-de-Marne) et y demeurant, adjudant de sapeurs et demandant la Légion d’honneur, cette «carte de vœux» de 27 sur 22 cm vendu chez Naudet, 25 passage du Caire à Paris sur laquelle des clairons de la compagnie «à l’occasion de la nouvelle année, prennent la liberté de présenter leurs hommages [en] assurant de leur zèle pour la continuation du servie».

L’année n’est pas indiquée, je la reconstitue aux alentours de 1895 d’après les pièces s’y rapportant.

Antoine-Marie Degrain débute à 20 ans aux sapeurs pompiers et «défend la république» en passant la nuit du 15 mai 1848 au palais du Luxembourg et se distingue ensuite dans plusieurs actes de belles conduites et de sauvetages divers qui lui valent de nombreuses médailles d’honneur.

Il s’engage ensuite (le 1er octobre 1870) aux génies des sapeurs et achève sa carrière comme adjudant. C’est à ce titre qu’il sollicite, en décembre 1893, l’ordre de la Légion d’honneur «qu’[il] a si bien mérité dans maintes circonstances pendant le siège de Paris de 70-71, pendant la Commune, les incendies où il a été blessé plusieurs fois, etc.»…

On lui répond «qu’il n’a pas été proposé [par sa hiérarchie] et [que] dans ces conditions, il est difficile de prévoir l’époque où il pourra recevoir satisfaction».

Dans pareil cas, les pétitionnaires jettent leurs dernières cartouches et envoient tout azimut des certificats médicaux (on apprend ainsi que notre Degrain a perdu «trois orteils au pied, emportés dans un incendie, un œil, a une blessure de guerre par éclat d’obus, etc., une cartouche à la vessie, etc.), ils envoient aussi des lettres de recommandation variées (préfets, parlementaires, etc.), diverses pièces justificatives. C’est ainsi que nous retrouvons dans son dossier cette curieuse «carte de vœux» où en frontispice se détache la formule «dévouement et discipline».

Notre Degrain renouvellera sa demande jusqu’en 1910 sans jamais obtenir sa Légion d’honneur. Une note sur son dossier indique «dossier à l’intérieur» , il faut comprendre : «son dossier a été envoyé au ministère de l’Intérieur histoire de gagner du temps en demande de renseignements divers et attendre que le pétitionnaire se fatigue ou mieux encore, décède entre temps».

On perd en effet la trace de Degrain à partir de 1910…

lundi 3 novembre 2008

La normalisation des instruments de recherche (2/5)


Le 27 octobre dernier j’avais été sollicité par la DAF pour intervenir dans une formation sur la «normalisation des instruments de recherche» pour une bonne quinzaine de participants. C’était un rappel de quelques règles d’analyse archivistique et de la typologie des instruments de recherche en somme. Je n’ai rien inventé, j’ai récupéré la grande partie de mon intervention sur la «Pratique archivistique française» ou sur l’«Abrégé d’Archivistique» édité par l’AAF.
Après quelques définitions toujours utiles, abordons à présent l’analyse archivistique.

Celle-ci est inséparable de l’article qui constitue à la fois une unité intellectuelle et une unité matérielle pour la cotation, le rangement et la communication des documents.

Un article = une cote et une analyse

Les cas simples :
Un dossier est de la taille d’un carton
Un dossier dépasse la taille d’un carton
Un carton contient une série de dossiers sériels

Les cas difficiles :
Un carton contient plusieurs dossiers différents
Les autres supports

Un dossier amène plusieurs questions : Quoi? Où? Comment? Avec quoi? Par qui? Quand?
L’analyse archivistique doit donc répondre aux questions suivantes :
  • De quoi s’agit-il ?
  • Où se situe l’objet ?
  • Comment l’objet est-il traité ? et que lui arrive-t-il ?
  • Avec quels documents (pièces) l’objet et l’action sont-ils illustrés ?
  • Par qui l’action est-elle mise en œuvre ?
  • Comment les pièces sont-elles classées ?
  • Quand l’objet et l’action ont-ils pris place ?

De quoi s’agit-il ? = OBJET

Où se situe l’objet ? = LOCALISATION

Comment l’objet est-il traité ? et que lui arrive-t-il ? = ACTION (sur l’objet)

Avec quels documents (pièces) l’objet et l’action sont-ils illustrés ? = TYPOLOGIE DES DOCUMENTS

Par qui l’action est-elle mise en œuvre ? = AGENT (de l’action)

Comment les pièces sont-elles classées ? = NATURE DU CLASSEMENT

Quand l’objet et l’action ont-ils pris place ? = DATES EXTRÊMES

Définitions

OBJET : thème ou sujet, concret ou abstrait, sur lequel s’exerce l’activité de la personne physique ou morale à l’origine des documents rassemblés dans un dossier, et dont la détermination figure dans l’analyse de ce dossier.

ACTION (sur l’objet) : activité administrative dont résulte l’existence de documents rassemblés dans un dossier, et dont la détermination figure dans l’analyse archivistique de ce dossier.

AGENT (de l’action) : auteur de l’action administrative dont résulte l’existence de documents rassemblés dans un dossier, et dont la détermination figure dans l’analyse archivistique de ce dossier s’il est différent du producteur.

Mais seuls l’objet et les dates extrêmes sont obligatoires

Exemple
Cote : 134 W 30

Objet général (de quoi s’agit-il ? ) : objet physique : école, personne morale : ministère, zone géographique : parc national, évènements : fêtes, guerre, situations physiques : structures agricoles, situations juridiques : prix, objets complexes : urbanisme.

Localisation (où se situe l’objet ?)
Action (sur l’objet) ou comment l’objet est-il traité ? Que lui arrive-t-il ?

Par qui l’action est-elle mise en œuvre ? actions concrètes : achat, construction, inondation, actions abstraites : jugement, réglementation, programmation, agents : services, personnes.

Typologie documentaire, avec quels documents (pièces) l’objet et l’action sont-ils illustrés ? textes de lois, procès-verbal, rapport, mémoire, correspondance, photographies, tableaux statistiques, etc.

Nature du classement ou comment les pièces sont-elles classées ? Ordre numérique, alphabétique, chronologique, géographique.

Dates extrêmes Quand l’objet et l’action ont-ils pris place ?

L’intitulé est placé en tête de l’analyse caractérise le mieux l’unité de description et en rend explicite son classement par rapport aux autres unités de description dans un instrument de recherche.

Les principes fondamentaux de rédaction de l’analyse

L’analyse doit être : fiable, concise et homogène mais aussi intelligible (la description doit correspondre au contenu, comprise par tous et ne pas être sujette à interprétation). Complète (elle doit donner un élément d’information pertinent pour chacun des articles décrits).

Exemple

L’analyse doit être intelligible : la description doit être comprise par tous et ne pas être sujette à interprétation. Soit l’analyse suivante, tirée d’un versement de cabinet préfectoral (nota : cet exemple a été tiré de "l'Abrégé d'archivistique" édité par l'AAF comme précisé dans le billet précédent et au début de celui-ci) :

Transports privés, interventions
À première vue l’objet serait les transports privés, l’action serait les interventions, ou alors l’action est sous-entendue comme «traitement de», ou «enquête sur», ou «préparation des réponses à», ou des interventions (de personnalités) concernant les transports privés.

L’analyse est sujette à interprétation, en fait il s’agit :
d’interventions ;
et l’agent de ces interventions (dont la nature n’est pas précisée) sont les syndicats de transporteurs ;
l’information donnée à l’occasion de ces interventions servait au bureau instructeur pour l’application de la réglementation sur les transports privés, l’analyse correcte est donc :

Transports privés. – Réglementation : interventions des syndicats de transporteurs.

Au prochain billet, on abordera les principes généraux de l’analyse archivistique et de l'importance de la ponctuation...

dimanche 2 novembre 2008

Pleade 3.0 ou Panne 3.0 ?

Évoquant la lancée de Pleade 3.0 en mars 2008, Lully 1804, dans son billet fort intéressant daté du 25 février 2008 « (…) [trouvait] que ce serait encore hasardeux de se lancer dans la V3 si on dispose déjà de la V2, et ce d'autant plus que toute la documentation sur la V3 reste à faire (ou, si elle est rédigée, elle n'est en tout cas pas disponible à ma connaissance)».

Ce à quoi j’avais répondu que, certes, tout ce qu’on pouvait faire sur la version 2.0 en modifiant les .css ou les .html des fichiers dit d’habillage ou de configuration n’était plus possible sur la version 3.0, mais que je trouvais malgré tout Pleade 3.0 plus abouti que la version précédente, notamment par la visionneuse d'images intégrée à cette V3.

Mais pour justifier l’absence de la documentation de la V3, on se rappellera la raison invoquée par Martin Sévigny, le concepteur de Pleade, de ne pas «compliquer le travail de l'archiviste» puisque l’usage a démontré que de nombreuses options de paramétrage étaient peu ou pas du tout utilisées par les utilisateurs de cet outil formidable tant pour la publication des instruments de recherche (IR) en EAD/XML que pour comprendre l’architecture générale d’une publication, voir le site officiel de Pleade 3.0 sur http://www.pleade.com/

On y annonce que la version 3.1 sortirait en avril 2008 (!). Et que celle-ci inclurait notamment de nouvelles fonctionnalités telles que l'historique des recherches, des statistiques sur les recherches, la possibilité de proposer des contenus différents selon la provenance des consultations, etc.

Force est de constater que la fin de l’année 2008 approche et que cette version 3.1 n’est toujours pas proposée. Y aurait-il de l’eau (de l’AJLSM) dans le gaz (de la société Anaphore) ? Le mariage de l’eau et du gaz est en effet fort déconseillé !

Mais qu’on ne se méprenne pas, si l’ironie est de mise, on ne peut que féliciter AJLSM puis AJLSM-Anaphore d’avoir proposé dès 2002, un outil libre (le premier du genre !) permettant de diffuser des IR archivistiques dans une architecture web.

Gageons qu’au cours de l'année 2009, une nouvelle version de Pleade 3.x verra le jour !

Le 22 à Asnières

Le passé est certes le passé et seules restent les interprétations diverses de ce fouillis plein de détails dont tout le monde essaie de tirer son avantage. On utilise alors les Archives comme cela nous convient. Ici un petit clin d’œil au modernisme galopant de notre siècle…

Lu dans le journal Paris du 08 janvier 1888 à la rubrique «Faits divers» (un exemplaire de ce journal se trouve dans LH/3207, dossier Crespin de la Jeannière) :

Société générale des téléphones

Pendant la semaine du 30 décembre 1887 au 6 janvier 1888, la Société générale des téléphones a inscrit 36 nouveaux abonnés à Paris et 11 dans les départements. Le nombre des nouveaux reliés a été de 41 à Paris et 9 dans les départements.

Paris compte actuellement 5438 abonnés et les départements 2376 soit en tout 7814 abonnés.

Les demandes d’abonnement doivent être adressées 41, rue Caumartin à la Société générale des téléphones qui se charge également de toutes les installations de téléphones domestiques dans les bureaux, administrations, usines, hôtels, appartements
, etc., etc.

Et aujourd’hui en 2008 ? On affiche sur France Télécom que le nombre total de clients abonnés au fixe est de…24 millions (et en encore ce chiffre est en baisse de 2,5 millions sur 1 an !).

On n’ignore de nombre total d’abonnés au niveau mondial…

Benoît Springer


Un petit coup de cœur pour commencer le mois de tous les saints et de tous les défunts en tout genre, voici Les Funérailles de Luce aux éditions Vents d'Ouest.
Benoît Springer récidiviste après Les Trois ombres, autre bijou sur le même thème au reste, celui des âmes errantes…
Ici notre petite Luce, 6 ans, personnage très attachant, passe ses vacances avec son grand-père Roger, jardinier, vendeur de légumes au marché et accessoirement turfiste. Nous sommes en Charente-Maritime, notre Luce, curieuse de tout (Springer a dessiné une planche entière qui montre Luce observant une coccinelle se promenant sur un étal du marché !, magique et hors du temps !)… notre Luce passe donc des journées agréables en aidant son grand-père à ramasser les œufs frais des poules paisibles. Mais, on le sait tous, les enfants innocents voient souvent ce que nous, adultes, avons cessé d’admettre de nos yeux brouillés par le matérialisme excessif de nos sociétés actuelles. Ainsi Luce croise de temps à autre (au marché, au jardin, etc.) un genre de personnage nu et tout noir tenant par la main une petite fille voilée qui tient sous le bras une boîte de Lu qu'elle remplie de cocottes en papier à chaque décès dans ce petit village charentais.
Les images sont magnifiques, les plans séquences admirablement pensés, le trait juste et les dialogues (ainsi que les silences) bien choisis. Le Noir-et-Blanc est magnifiquement tracé. C’est vraiment un hymne à la vie et à l'amour mais aussi à la vieillesse, la solitude.
À conseiller pour tous les âges.