samedi 28 avril 2007

Un poignard dans les Archives

Les Archives nationales conservent le poignard avec lequel Louvel a assassiné le duc de Berry dans la nuit du 13 février 1820

Louvel sera condamné et exécuté en place de Grève ; les archives de cette procédure sont conservés en CC 503 à 514, on y trouve entre autres les résultats des recherches du coutelier ayant fabriqué le poignard à la Rochelle après avoir interrogé divers artisans et ouvriers en février 1820…une banale histoire policière ou une sévère enquête judiciaire ?
Lisez le bel article que Gilles Malandain a consacré à cette affaire pour se faire une opinion.

«L’Affaire Louvel ou l’introuvable complot. Evénement, enquête judiciaire et expression politique dans la France de la Restauration.», Revue d'histoire du XIXe siècle, mis en ligne le 27 juin 2006. http://rh19.revues.org/document1081.html

jeudi 19 avril 2007

Le tribunal des Dix

Toutes les juridictions antérieures à 1789 ayant été supprimées, il fallut pourvoir par des institutions nouvelles aux besoins de la justice criminelle comme de la justice civile. Un tribunal pour les affaires criminelles venues par appel du Châtelet ou celles pendantes en appel dans les autres sièges royaux et seigneuriaux du ressort du Parlement de Paris fut donc institué par la loi du 5 décembre 1790 et devait instruire et juger tous les procès criminels existant avant la suppression du Châtelet de Paris.

Comme il était composé de 10 juges nommés par les électeurs du département de Paris (Agier, Bigot de Préameneu, Garran de Coulon, La Vigne, Morel de Vindé, Minier, Oudart, Récolène et Vermeil furent les premiers dix juges), il fut appelé tribunal des Dix. Il rendit ses premiers jugements le 13 décembre 1790 (affaires François-Marie Castillini et Charles Goupil, Z/3/1) et cessa ses fonctions à la fin de janvier 1791 Ce tribunal jugea avec une moyenne de 3 procès par jour (une cinquantaine procès) pour des infractions tels que assassinat, viol, menaces d’incendie, de soldat déserteur, de femme usant de remèdes et pratiques superstitieuses…tous les autres délits étant des vols.

Les archives de ce tribunal, qui a fonctionné moins de deux mois (décembre 1790 à janvier 1791), ne remplissent que deux cartons aux Archives nationales (Z/3/1 et 1bis constitués de jugements, de pièces de procédure, des délibérations du tribunal), les autres cartons (Z/3/2 et 116 concernent les six tribunaux criminels provisoires) feront l'objet d'un billet à venir.

(loi instituant le tribunal des Dix, 5 décembre 1790)

lundi 16 avril 2007

Le tribunal criminel des Dix et les tribunaux criminels provisoires

Tous les documents judiciaires des tribunaux parisiens rassemblés dans la Sainte-Chapelle du Palais de Justice furent confiés en l’an III à la garde d’un certain François-Nicolas Terrasse (1743-1824), ancien commis greffier criminel du Parlement de Paris qui réunit entre autres dans son dépôt les archives des tribunaux temporaires de la période révolutionnaire (à l’exception des archives des tribunaux civils du département de Paris, ou celles du tribunal criminel qui restèrent au Palais de justice et qui malheureusement furent entièrement brûlées dans l’incendie du Palais de justice en mai 1871).

En 1847, les documents du dépôt de la Sainte-Chapelle furent transférés aux Archives nationales, à l’Hôtel de Soubise (à l’endroit où je me trouve). Ils avaient été répartis entre les séries W et Z, suivant le système de cotation alphanumérique qui s’est mis en place au début du XIXe siècle.

Ces archives des juridictions temporaires parisiennes de la période révolutionnaires ont dans l’ensemble été relativement bien conservées et ont fait l’objet, l’année dernière, d’un inventaire que vous pouvez consulter en ligne sur le site des Archives nationales.

Voir cet inventaire

Dans les prochains billets, j’expliquerai en détail le fonctionnement de ces deux tribunaux.

samedi 14 avril 2007

Ciel mon mari !

Sur le chambranle de mon bureau à l’hôtel d’Assy, cette toile (dont voici le détail) fait face à une autre, représentant le même thème : une scène champêtre et allégorique, probablement du XVIIIe siècle. Je n’arrive pas identifier l’auteur. Je vais essayer de me rapprocher d’un spécialiste de cette époque afin de percer le mystère de ce peintre. Il doit y avoir des étudiants à l’École du Louvre qui pourront m’aider…à suivre donc.

L’œuvre de Charles Rohault de Fleury au Muséum d’histoire naturelle

Les 4 cartons de la sous-série AJ/15/863-866 des Archives nationales renferment des documents sur les travaux effectués au Muséum d’histoire naturelle de Paris par l’architecte Charles Rohault de Fleury entre 1833 et 1867.


De son œuvre, on remarquera la variété des projets non exécutés mais aussi celle des ouvrages effectués : de modestes fabriques de jardin (dont on conserve quelques remarquables planches aquarellées en AJ/15/863, dossier «projets divers») aux serres chaudes d’une facture mélangeant fer et verre réalisées entre 1834 et 1860 et pour lesquelles l’architecte s’est abondamment documenté jusqu’à se déplacer en Angleterre en 1833 pour y étudier le système adopté dans ce pays pour leur construction (AJ/15/864, dossier «voyages en Angleterre»).

Les nombreux dessins, calques, plans, relevés, croquis, rendus, planches aquarellées, comptes des travaux, études préparatoires, devis détaillés et correspondance administrative ou privée relative aux travaux du Muséum d’histoire naturelle entre 1833 et 1864 conservés dans ce groupe documentaire autoriseront beaucoup d’espoir dans tous les domaines de recherche.


Sur la monographie des œuvres de Charles Rohault de Fleury tout d’abord : ils apporteront un éclairage nouveau sur ses théories et son mode de travail en regard du contexte historique et conjoncturel de cette période (difficultés financières permanentes du Muséum et valse des directeurs entre 1833 et 1860 : Cordier, Chevreul et Geoffroy-Saint-Hilaire), des courants de pensées et des idées (la rapide évolution des sciences au XIXe siècle, l’intérêt pour les terres lointaines et les voyages scientifiques, qui entraîneront des nouveaux champs d’exploration et la création de nouvelles chaires, de nouveaux laboratoires, de nouvelles galeries, etc).


Pour l’histoire de l’architecte et de la pratique architecture ensuite : les travaux du Muséum ont été un long processus impliquant plusieurs acteurs (état, administration, professeurs qui donnaient leur avis sur les projets, etc.), et entre projets et réalisations, ce groupe documentaire illustre la place de Rohault de Fleury face aux exigences de ses commanditaires et à celles des entreprises lorsqu’il s’agissait de passer un marché et de rédiger les cahiers des charges.


Il permettra aussi de comprendre le contexte dans lequel l’architecte a évolué pour ajuster sa pratique et sa recherche architecturale, et ce, à travers ses nombreux projets souvent abandonnés (le logement du jardinier ou l’abri pour le cachalot, repoussés par les professeurs, voir «projets divers» en AJ/15/864).


Enfin, on ne négligera pas l’intérêt de ce groupe documentaire (AJ/15/863-866) pour l’histoire de l’environnement et de l’urbanisme ainsi que pour l’histoire des techniques (l’abondante documentation sur les serres chaudes, en AJ/15/864 et AJ/15/866, expliquera la causalité d’apparition et d’adaptation de celles ci, elle permettra ainsi de remonter au contexte et au processus qui a conduit à leur création et à leur transformation, voir en particulier le dossier «programme de construction des serres chaudes» en AJ/15/864).


mardi 3 avril 2007

Suite des travaux effectués au Muséum d’histoire naturelle par Charles Rohault de Fleury


La loi du 6 juillet 1836 autorise les travaux à effectuer à la Madeleine, au Muséum d’histoire naturelle, à l’hôtel du Quai d’Orsay, au Collège de France et au placement de l’obélisque Les travaux au Muséum d’histoire naturelle seront confiés à Charles Rohault de Fleury, nommé architecte en chef en 1832. Les 4 cartons de la sous-série AJ/15/863-866 des Archives nationales renferment des documents sur ces travaux (voir notre billet précédent).

Immédiatement le ministre lui enjoint de dresser un état des personnes logées dans les bâtiments dépendant du Muséum et dont l’entretien lui a été confié (lettre du 4 février 1833, AJ/15/863, dossier «projets de logements pour le personnel»).

L’examen de cet état (dressé deux jours plus tard, le 6 février) indique que 82 locataires (directeur, professeurs, préparateurs, aide-naturalistes, jardiniers, portiers, etc.) occupent les bâtiments du Muséum (des devis très précis indiquent également la superficie et le nombre de pièces de nombreux professeurs tels ceux portant sur les appartements de Jean-Victor Audouin, d’André-Marie-Constant Duméril, de Joseph-Louis Gay-Lussac qui venait de s’installer au Muséum, des Geoffroy-Saint-Hilaire, des Brongniart, des Jussieu, etc.). En attendant la fin des travaux, Charles Rohault de Fleury propose (note du 22 février) de déménager temporairement tous les locataires (Étienne-Renaud-Augustin Serres s’installera à l’hôpital de la Pitié, Michel-Eugène Chevreul à la préfecture de la Seine, etc.).

Il prévoit ensuite de construire 4 maisons de 3 à 4 étages pour loger les 13 professeurs du Muséum sur la rue de Seine (note du 23 septembre 1835). Mais les travaux prennent du retard, au grand mécontentement des professeurs pressés de regagner le Muséum (voir la correspondance jointe en AJ/15/863, dossier «projets de logements pour le personnel»).

À l’exception de ce contretemps, tous les autres travaux semblent avoir été menés à leur terme. En effet, dans un rapport au ministre des Travaux publics en 1863 (AJ/15/865, dossier «états de l’avancement des grands travaux»), l’architecte dresse la liste des derniers projets à exécuter en 1864 (achèvement des égouts, de la grande oisellerie, de la couverture de la galerie de l’anatomie comparée et les débuts des travaux à la galerie d’erpétologie, le tout pour un montant de 200 000 francs).

En raison de la santé de ses enfants et obligé de passer tous ses hivers dans le midi, Charles Rohault de Fleury démissionnera de son poste le 1er juillet 1867 (AJ/15/866, dossier «correspondance»). Dans une lettre à lui adressée le 11 juillet 1867, Vaillant, maréchal de France et ministre de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts louera ses «35 années d’honorables services rendus à l’État» (AJ/15/866, dossier «correspondance»).

Jules André, déjà nommé architecte-adjoint du Muséum d’histoire naturelle en 1865, lui succèdera. La grande galerie telle que nous la connaissons aujourd’hui sera inaugurée en 1889. Les deux serres chaudes construites par Charles Rohault de Fleury sont toujours en activité de nos jours.

Voir l’inventaire complet